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Viticulture

Côtes-du-rhône : des enjeux et des actions structurantes

L'assemblée générale du syndicat des vignerons des côtes-du-rhône a été placée sous le signe de la résistance. Résistance pour tenir des cours, résistance avec des propositions structurantes sur les VCI, l'irrigation ou encore la création d’une structure de type interprofessionnel pour les côtes-du-rhône bio. Résistance enfin, pour accompagner la croissance des blancs et construire durablement ce segment de production.
Côtes-du-rhône : des enjeux  et des actions structurantes

L'assemblée générale estivale du Syndicat des côtes-du-rhône s'est déroulée le 4 juillet à Saint-Roman-de-Malegarde (84). L'occasion pour son président, Philippe Pellaton, de mettre en exergue quelques points qui selon lui ont marqué l'année 2015 après que Brice Eymard, responsable du département économique d'Inter Rhône, ait fait un point sur la situation économique. « L'économie est un élément fort de cohésion, de perspective pour les entreprises viticoles mais aussi un pivot majeur pour la vie du syndicat. C'est la colonne vertébrale que nous devons consolider par nos actions car le domaine économique doit être structuré pour donner de la lisibilité à nos entreprises et aux futurs jeunes installés... et ce n'est pas le moment de flancher ! », a lancé le président, volontaire. En effet, les cours à 89 euros par hectolitre (€/hl) des années 2005-2011 ne sont pas si loin. Et la moindre baisse de vigilance, a rappelé le président pourrait faire décrocher les 140 €/hl désormais en place sur les marchés. « Nous sommes parvenus à stabiliser cela grâce à notre cohésion et à notre volonté de mettre l'économie au cœur de nos actions. »

« La récolte à venir semble jolie pour l’instant », a noté Philippe Pellaton, lors de l’assemblée générale du syndicat général des côtes-du-rhône. © C.Z.
Le volume complémentaire individuel (VCI), mis en place en 2015, est d'ailleurs « très lié » à cette mécanique économique, a souligné Philippe Pellaton. « Et cette mesure, désormais étendue à l'ensemble des crus, est une évolution de la doctrine et de la règlementation qui va dans le bon sens. Beaumes-de-Venise, Rasteau et Vacqueyras envisagent d'ailleurs de la mettre en place pour la récolte 2016. » À noter, le président s'est dit très optimiste sur l'aboutissement de l'AOC villages pour Vaison-la-Romaine « pour la vendange 2016 ».

Montée en puissance de la charte paysagère

Second dossier qui a fortement impliqué les équipes du syndicat en 2015, la charte paysagère. « Un dossier structurant, vecteur d'image pour nos appellations, valorisant nos entreprises et nos paysages tout comme les mesures environnementales mises en place par les vignerons, sur lesquelles ces derniers peuvent s'appuyer pour communiquer vers le grand public », a poursuivi Philippe Pellaton. Le président n'a d'ailleurs pas manqué l'occasion d'annoncer la sortie d'un reportage télé réalisé avec le syndicat, qui sera diffusé lors d'un prochain « Des racines et des ailes », en septembre.
Enfin, dossier national sur lequel le syndicat s'est fortement impliqué : la mise en place du système des autorisations de plantation. « Certes, le système n'est pas encore complètement abouti ni mature. Mais 2015 aura marqué le lancement de ce chantier qu'il va désormais nous falloir faire grandir. »

Rendements, cotation, VCI, irrigation

Philippe Pellaton a ensuite fait plusieurs annonces. Concernant la base de rendements 2016, « la récolte à venir semble jolie pour l'instant, a-t-il noté, même si quelques cas de coulures ont été observés sur certains secteurs. Dans ce contexte, la base de rendement proposée se table sur le cahier des charges, soit 51 hl/ha en côtes-du-rhône rouge, rosé et blanc, 44 en côtes-du-rhône villages sans nom géographique et 41 en côtes-du-rhône villages avec nom géographique ». S'agissant des cotations, les indicateurs économiques interprofessionnels ne tiennent pour l'instant pas compte des prix d'acompte des contrats avec le négoce, pour lequel « le prix définitif est calé en fin de campagne ». Ces contrats représentent aujourd'hui « entre 25 et 30 % des volumes des côtes-du-rhône ». Dans les prochains mois, le syndicat général et Inter Rhône vont aller chercher ces données pour les intégrer dans les cotations interprofessionnelles.
En 2015, 21 000 hl de côtes-du-rhône et côtes-du-rhône villages ont été écartés au titre du VCI. Pour rappel, il s'agit d'hectolitres produits au-delà du rendement autorisé des cahiers des charges. Ils seront stockés et « serviront les années de disette. Ce qui s'est passé cette année en Bourgogne, à Chablis, dans la Loire... montre combien ce mécanisme est précieux », a souligné le président du syndicat. Pour 2016, la stratégie VCI est réaffirmée, avec + 5 hl/ha en côtes-du-rhône rouge, + 4 en côtes-du-rhône villages avec ou sans non géographique. « Nous n'enclenchons pas de VCI sur les blancs car nous sommes déjà un peu en surproduction par rapport à la capacité du marché en construction. Et nous n'avons pas le droit d'enclencher ce mécanisme sur les rosés. »
Enfin, le syndicat va déposer une demande d'autorisation d'irrigation pour cette année 2016, compte tenu de la climatologie et de l'inquiétude quant à la bonne maturation des raisins. Des ODG (Châteauneuf, Vacqueyras, Provence, Ventoux) ont déjà ou vont faire la demande. « À noter que le nouveau décret qui devrait sortir l'an prochain donnerait la possibilité d'une irrigation tardive, d'utiliser les systèmes enterrés tout en s'affranchissant de la règle du rendement annuel, le cahier des charges faisant foi », a annoncé Philippe Pellaton. n

Céline Zambujo

 

Le 4 juillet, le Syndicat général des Côtes du Rhône a tenu son assemblée générale estivale à Saint-Roman-de-Malegarde. ©C.Z.

 

 

Vin blanc  : maîtriser la croissance
La dynamique de production est confirmée d’année en année. 85 ha devraient entrer en production en 2016 sur l’aire des côtes-du-rhône, soit environ 5 000 hl de plus à commercialiser. « En 2013, nous avions entre 52 000 et 55 000 hl en côtes-du-rhône blanc, 70 000 hl en 2014 et 78 000 hl en 2015. Nous allons bientôt atteindre les 100 000 hl de blanc, dont environ 10 000 en côtes-du-rhône villages. Cette évolution est intéressante pour construire un modèle viable avec le négoce. Mais cette croissance, un peu rapide, doit être gérée, même si nous enregistrons +18 % en volume au niveau des sorties de chais l’an passé en côtes-du-rhône. Pour réguler l’offre vrac, nous revenons au rendement des cahiers des charges en 2016 (lire ci-contre, ndlr), alors qu’en 2015 nous avions un peu boosté les rendements. Cette baisse va permettre de compenser l’arrivée des nouvelles surfaces en production, le volume 2016 devant alors être équivalent à celui de 2015. » Il restait en effet environ 19 000 hl en libre à la vente fin mai, « un niveau élevé », a reconnu Brice Eymard, responsable du département économique d’Inter Rhône, mais qui traduit d’abord une forte progression de la production depuis deux ans. « Le marché croît également mais pas aussi vite que la production, il faut donc avancer prudemment », a remarqué Philippe Pellaton. 
C. Z.

Cépages résistants : un plan expérimental régional
En clôture de l'assemblée générale, Biljana Arsic, responsable du service technique, Viviane Becart, chargée de l’activité conseil-expérimentation et développement, et Loïc Le Cunff, de l'IFV Montpellier, sont intervenus sur les cépages résistants. À cette occasion, Philippe Pellaton a annoncé le lancement, en 2016, d’un plan expérimental régional sur les cépages résistants. Les premiers croisements syrah-grenache femelles avec des géniteurs porteurs de gènes de résistance au mildiou et à l’oïdium seront faits cette année. « Ces géniteurs ont été choisis pour leur pouvoir colorant, niveau de production et résistance au black rot au vignoble. En 2017, il vous reviendra de définir les idéotypes que vous souhaitez pour les années à venir, a indiqué Loïc Le Cunff. L’objectif est d’obtenir entre dix et vingt sélections pour une inscription entre 2028 et 2034. Le classement temporaire permettra de raccourcir le temps avec des variétés sans DHS(1) pouvant être expérimentées sur trois hectares au bout de six à sept ans, pour que les professionnels s’approprient plus rapidement ces sélections et les voient dans un cadre expérimental. »
(1) Distinction, homogénéité, stabilité.

 

Vin bio : une structure de type interprofessionnel à l’étude
En 2015, du fait notamment de la pression lié au black-rot et à la flavescence dorée, 20 % des surfaces et 34 % du nombre de déclarants ont « disparu », « soit 94 producteurs qui sont sortis de la démarche », a noté Denis Guthmuller, secrétaire général du syndicat général des côtes-du-rhône. « Nous étudions la possibilité de monter une structure de type interprofessionnel regroupant production et négoce spécifique bio en côtes-du-rhône, avec la volonté de l’élargir à l’ensemble des appellations de la vallée du Rhône. L’objectif est d’être plus percutant, d’anticiper l’avenir et de construire un marché durable pour le bio rhodanien. Les chiffres de l’Agence bio montrent que les ventes de vin bio ont augmenté de 13 % en 2014 et de 20 % en 2015. Il ne faudrait pas que la vallée du Rhône soit la seule région à ne pas profiter de ce marché pour manque d’organisation. Nous travaillons dans un premier temps côté production pour mettre en place un cadenas, puis nous irons voir les négociants. »
Le 5 juillet, un groupe de travail a rencontré les élus de SudVinBio et de FranceVinBio. « Tout est à construire, c’est le début d’une histoire. Mais une structure de type interprofessionnelle est sans doute l’un des moyens les plus sûrs pour parvenir à construire quelque chose », a estimé Denis Guthmuller. « Nous avons du mal à engager les entreprises de l’aval sur cette production qui subit des coups de balancier. Nous allons avancer au niveau de la production et nous rapprocher dans un second temps du syndicat du négoce », a complété Philippe Pellaton, président du syndicat. 
C. Z.