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Agronomie

Couverts végétaux innovants : un projet à découvrir au Tech&Bio

En lien avec la chambre d'agriculture, des dispositifs d'innovation et de démonstration de couverts végétaux pourront être mis en œuvre sur le foncier agricole du domaine concédé de la Compagnie nationale du Rhône. L'idée est d'associer des agriculteurs motivés.

Couverts végétaux innovants : un projet à découvrir au Tech&Bio

Le neuvième engagement de la compagnie nationale du Rhône (CNR) en faveur de la transition énergétique et du climat vise à « soutenir l'agriculture durable » conjuguant performance, économie et respect de l'environnement. Via un accord-cadre de partenariat, la CNR s'est associée en 2015 aux chambres d'agriculture de Rhône-Alpes (représentées par leur chambre régionale) et à l'institut supérieur d'agriculture de Rhône-Alpes (Isara). Cet accord comporte notamment une action intitulée « développement R&D, innovations et expérimentations ». Au sein des travaux déjà engagés par la profession agricole sur les couverts végétaux, des ateliers ont identifié des dispositifs d'innovations et de démonstration complémentaires, pouvant être mis en œuvre sur le foncier agricole du domaine concédé de la CNR. L'ensemble sera piloté par la chambre d'agriculture de la Drôme. Le travail sur les couverts végétaux en grandes cultures a d'ailleurs débuté cet été et se poursuivra dans un premier temps jusqu'en 2019.

Couverts agronomiques en grandes cultures

Les couverts végétaux constituent un des leviers agronomiques dans les systèmes de cultures actuels visant une performance économique et environnementale. Leur mise en place a été initiée par de nouvelles techniques de production en non-labour et, dans la Drôme, par les obligations réglementaires de la zone vulnérable aux nitrates. Il est observé deux vitesses de développement de ces couverts ; l'une purement réglementaire laissant les producteurs quelque peu insatisfaits. La seconde purement agronomique afin d'apporter de la matière organique et de remplacer le travail mécanique du sol par le travail des racines, enjeux très important dès lors que les techniques de production s'orientent vers le non-labour. Trouver les compromis nécessaires au développement de couverts agronomiques et performants qui répondent aux obligations réglementaires et aux volontés agronomiques, sans pour autant rejoindre les enjeux du non labour, n'est pas toujours évident. Les agriculteurs attendent des références techniques locales adaptées à leurs systèmes de culture notamment sur les nouvelles approches comme le semis direct des couverts et sur les conditions de production de leurs propres semences ; deux conditions qui permettent de réduire les coûts d'implantation et de développer la mise en place de couverts agronomiques.

Trois rendez-vous

Afin de tester la conduite d'un couvert qui soit à la fois agronomiquement et économiquement performant, trois rendez-vous sont proposés aux agriculteurs. Tout d'abord, le salon Tech & Bio à Bourg-lès-Valence, pour initier une réflexion sur les solutions techniques du marché : quels sont les mélanges ou les espèces de couvert actuellement disponibles, quels sont leurs avantages agronomiques et leurs coûts ? Quel matériel de semis direct est développé, quelles sont les technologies mises en œuvre, les solutions d'auto-construction, de financement, etc. ?
A Tech&Bio, vous pourrez assister à la conférence « actionner les leviers agronomiques des couverts végétaux » (le 20 septembre de 13 h 30 à 15 h, salle 8 La Monarde) et visiter la plateforme des couverts végétaux qui présente différents mélanges du marché. Vous pouvez choisir de visiter le salon en autonomie ou en groupe. Pour l'option groupe, il faut impérativement vous inscrire auprès d' Anne Court au 06 22 42 53 99.
Un deuxième rendez-vous consistera à réfléchir en groupe, pendant l'hiver. Les thèmes d'échange seront définis en concertation par les participants. Déjà, le frein du coût des couverts est ciblé et fera l'objet de l'attention du groupe. Travailler sur les pratiques et le matériel d'implantation, les espèces utilisées en couvert par rapport à la plus-value agronomique, la facilité de conduite, les possibilités de multiplication de la semence de ferme, tout un ensemble de leviers d'action sera étudié, discuté et permettra de définir les questions et les besoins de test.
Enfin, un troisième rendez-vous concernera les dispositifs d'innovation et de démonstration. L'objectif est de mettre en place une plateforme « couvert » sur une parcelle du domaine concédé de la CNR. Pour l'instant, c'est carte blanche sur ce qui y sera testé : variétés, espèces ou mélanges ; dates, densités, matériels de semis ; multiplication ? L'important est que cette plateforme permette au groupe d'avancer dans son projet ; elle est là pour répondre à vos attentes. Le protocole sera donc écrit en fonction des questionnements de groupe.

Anne Court

 

Interview / Quatre questions à Oliver Courtial, agriculteur à Etoile-sur-Rhône.

« Chercher à faire baisser les coûts directs »

Quels sont vos intérêts à chercher la performance de vos couverts ?
Olivier Courtial : « Lorsque la CNR m’a invité à leurs ateliers d'échange, j’ai voulu leur rendre la pareille puisqu'elle m'a déjà accompagné pour des aménagements sur mes parcelles le long du Rhône. La thématique des couverts est très moderne et concerne tous les agriculteurs ; on a tous envie de bien faire, de profiter des bienfaits agronomiques. Mais il faut être réaliste, les couverts, c’est surtout du temps et de l’argent. »

Du coup, vous cherchez un compromis entre le temps, l’argent et la satisfaction agronomique.
O. C. : « Tout à fait. Avec mes voisins agriculteurs, on a monté le GIEE* CBC de la Véore, qui travaille sur les systèmes de cultures autonomes et économes en intrants. Grâce à ce GIEE, nous avons pu avoir un soutien financier pour l’investissement dans un déchaumeur-semoir destiné à implanter en semis direct nos couverts. Maintenant, je travaille à trouver des espèces qui sont intéressantes d’un point de vue agronomique, qui se multiplient facilement et qui s’implantent malgré les conditions drômoises pas toujours favorables aux couverts. »

Des semences de ferme pour les couverts ?
O. C. : « Et oui, il faut chercher à faire baisser les coûts directs. Le tout, c’est de le faire dans les règles. Il faut simplement comprendre l’objectif d’atteindre un coût de semence autour des 10 euros par hectare ; alors qu’aujourd’hui, dès qu’il y a de la légumineuse, on tourne autour des 40 €/ha. Cette année, j’ai testé un mélange de graminée et légumineuse. J'en suis plutôt satisfait : j’ai fait plus d’une tonne de rendement sur moins d’un hectare, qui plus est sur une parcelle avec un potentiel de sol très faible ! »

Qu’attendez-vous de cette démarche qui se met en place avec la CNR, l’Isara et la chambre d’agriculture ?
O. C. : « Il s'agit de mettre les agriculteurs en réseau et de profiter de l’expérience de chacun afin de peaufiner les itinéraires techniques. C'est aussi un moyen de s’échanger de l’information comme, par exemple, sur le tri des semences, la densité de semis... La chambre d’agriculture va nous aider à mettre tout cela en musique. » n
* GIEE : groupement d'intérêt économique et environnemental.