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Covid-19 : les entreprises des territoires inégalement touchées

Le secteur des entreprises des territoires (EDT) a été inégalement impacté par la crise sanitaire. Si les chantiers agricoles se sont poursuivis pendant le confinement, les travaux ruraux et forestiers ont été stoppés net et leur redémarrage s’annonce lent.
Covid-19 : les entreprises des territoires inégalement touchées

«Dès le lendemain de l'annonce du confinement, ça a été la panique chez les fournisseurs, de fuel, de pièces détachées, de semences... tous voulaient livrer dans la journée, car ils craignaient l'arrêt de l'économie du pays », témoigne Stéphane Blard, entrepreneur de travaux agricoles dans la Drôme et président des entreprises des territoires (EDT) Drôme-Ardèche. Les premières semaines ont été chaotiques, « il a fallu que les entreprises mettent en place les mesures sanitaires pour leurs salariés et leurs clients », explique Gérard Napias, président de la Fédération nationale des EDT (FNEDT). Pas de confinement pourtant pour les EDT. En pleine saison de travaux agricoles (préparation des sols, semis, coupes d'herbe...), les entreprises ont dû très rapidement reprendre les chantiers. Avec des consignes strictes : des ordres donnés par téléphone ou à distance, et plus question pour les clients de monter dans les cabines, ni de partager les repas avec leurs prestataires. « Tout le monde s'est adapté et ça a bien fonctionné », confirme Stéphane Blard, qui a été davantage perturbé par les conditions climatiques très sèches. Les entreprises de travaux agricoles s'en tirent plutôt bien, confirme Gérard Napias. Reste le coût de mise en place des mesures barrières (gel hydroalcoolique, masques, utilisation de plusieurs véhicules...), estimé, selon lui, « entre 1 000 et 1 500 euros pour une petite entreprise ».

Travaux forestiers et ruraux très pénalisés

Pour les entreprises de travaux ruraux, forestiers et sylvicoles, la situation est, en revanche, bien plus contrastée. Dès l'entrée en confinement, les collectivités ont immédiatement suspendu les chantiers de broyage des accotements des routes, de taillage des haies, mettant à l'arrêt les EDT prestataires. « Les collectivités étaient dans l'urgence de la gestion de crise », indique Patrice Grand, co-président de l'union régionale des EDT d'Auvergne-Rhône-Alpes. Elles commencent à repartir mais « sont sur la retenue », s'inquiète le président de la FNEDT. En plus, les conseils municipaux ne sont pas en place et les budgets n'ont pas été votés. « Cela risque de pénaliser les investissements pour l'année qui vient », craint-il.
Les entreprises de travaux forestiers ont connu pour leur part une brutale chute d'activité, dès le 17 mars, avec l'arrêt ou la mise en activité réduite des donneurs d'ordre, scieries en tête. Fin avril, la situation restait très « tendue dans les entreprises de travaux forestiers de récolte et de débardage », indique la FNEDT. « Les entreprises en bois trituration ont continué de travailler pour les papeteries, qui devaient fournir un besoin croissant de papier sur le marché français, du fait de l'arrêt des importations. Les entreprises en gros bois ont été contraintes à l'arrêt dès que le secteur du bâtiment a été bloqué », explique Gérard Napias. Quant aux travaux sylvicoles, ils se sont poursuivis les deux premières semaines du confinement, dans une période de forte activité, avec les chantiers de plantation des clients. Mais les inquiétudes sont vives, car les carnets de commande pour l'automne sont vides. 

Sébastien Duperay