Crozes-Hermitage : une AOC avec « un bel avenir »

« La situation économique de notre appellation laisse présager un bel avenir », a indiqué le président du syndicat de l'AOC Crozes-Hermitage, Pierre Combat, lors de l'assemblée générale le 4 avril à Pont-de-l'Isère. Devant les vignerons de l'appellation et les personnalités présentes, il est revenu sur le déroulement de la campagne 2015. Suite à un printemps chaud et arrosé, le démarrage végétatif a été assez précoce avec des débourrements entre début et mi-avril. En juin, des orages de grêle ont touché le vignoble mais les pertes ont été globalement faibles. L'été particulièrement chaud et sec a eu des impacts dans certains secteurs où la vigne a subi un stress de manière importante. Des blocages de maturité ont été constatés, notamment pour les jeunes vignes. Les vendanges ont débuté le 27 août, soit sept jours avant les précédentes. « Nous serions en fin de siècle, le terme millésime du siècle pourrait être utilisé, a déclaré Pierre Combat. Mais j'espère bien qu'il y en aura d'autres de cette qualité, c'est pour cela que je le nommerai "millésime exceptionnel". »
Un développement maîtrisé
En tout, plus de 73 400 hectolitres (hl) de vins ont été produits sur les 1 629 hectares (ha) du vignoble, dont 66 800 hl en rouge et plus de 6 600 en blanc. « Les rendements sur les blancs ont augmenté de manière significative, a indiqué Pierre Combat. Et, malgré le stress hydrique, les rendements en rouge ont été très confortables. » L'appellation dispose de volumes plus importants, ce qui devrait permettre d'alimenter un marché du vrac très tendu. Compte tenu de la qualité de la vendange et des volumes estimés sur pieds, les administrateurs de l'AOC ont demandé un rendement (PLC*) maximum.
Malgré des positions divergentes au sein de l'interprofession, l'AOC Crozes-Hermitage persiste dans sa volonté de maîtriser le développement de ses volumes. L'an dernier, un contingent de trente-six hectares était disponible. Dix ont été attribués à de jeunes viticulteurs et vingt-six en droits nouveaux et reconversions. « Nous étions sur la dernière année de fonctionnement avec le système des droits de plantation, a fait remarquer Pierre Combat. Pour 2016, nous resterons sur la même progression de surface que l'année dernière, c'est-à-dire 36 hectares. » Les demandes d'autorisations nouvelles de plantation peuvent être déposées jusqu'au 15 mai.
Ne pas défigurer la zone d'appellation
L'an dernier, les actions de promotion, de communication et techniques se sont poursuivies. Par ailleurs, l'appellation a changé d'organisme de contrôle. Quittant l'OIVR, elle a choisi d'adhérer à Certy-Pack. « Cela a été l'occasion de redéfinir nos attentes, a précisé Pierre Combat. Une commission s'est penchée sur le plan d'inspection et a demandé au Syndicat général de nous proposer un service de contrôle interne qui permette davantage de pédagogie avant des sanctions. » L'idée d'une révision du cahier des charges est aussi en réflexion. La version actuelle, fruit d'un important travail, remonte à 2008. « Après huit ans, des évolutions diverses, en matière de production, de normes, d'environnement... peuvent nécessiter de se poser des questions, a estimé le président. Mais, a-t-il prévenu, cela ne signifie pas que tout sera bouleversé. L'idée est de continuer à œuvrer pour la qualité de l'appellation. »
Un autre enjeu, jugé primordial, est lié à la pression foncière. « Il faut garder un équilibre, ne pas défigurer la zone d'appellation, a insisté Pierre Combat. Nos communes agricoles ne doivent pas oublier leur identité d'origine et choisir quel monde elles veulent privilégier. » Il met en garde les élus sur le risque d'urbanisation des zones arboricoles jouxtant la zone AOC. « Cela conduirait à une cohabitation qui pourrait à l'avenir devenir problématique, a-t-il averti. N'oublions pas que nos exploitations, historiquement, sont souvent mixtes, c'est-à-dire viti-arbo. Un paysage gâché par des constructions, même hors de la zone d'appellation, nuirait aussi au développement de l'œnotourisme. »
C. L.
* PLC : plafond limite de classement.