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Ppam

Cultiver des Ppam pour ramener de la valeur ajoutée

Avec son plan de filière dédié aux Ppam, la Région propose d’accompagner les agriculteurs souhaitant développer cette production. Une délégation de conseillers régionaux et de représentants de la chambre d’agriculture est venue faire un point dans les Baronnies.
Cultiver des Ppam pour ramener  de la valeur ajoutée

Les aléas climatiques qui ont durement frappé l'arboriculture du Sud-Drôme ces trois dernières années interrogent sur l'avenir des vergers d'abricotiers, cerisiers ou pommiers, sur certaines zones de production en moyenne montagne. Les moyens techniques pour éviter ces phénomènes sont chronophages, coûteux et de courte durée. Les bougies, moyen efficace de lutte, ne sont pas subventionnées. Personne ne pensant remettre en cause l'existence de l'abricot en Baronnies, il peut s'avérer judicieux d'opter pour une diversification des productions afin d'apporter de la valeur ajoutée avec des cultures naturellement et historiquement ancrées à ce territoire : les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam).

« Un débouché prometteur »

Le 11 juin à Nyons, le vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), Jean-Pierre Taite, accompagné des conseillers régionaux Didier-Claude Blanc et Claude Aurias, ont visité la distillerie Bleu-Provence. Depuis 1939, elle perpétue la distillation des lavandes et plantes aromatiques cultivées dans les Baronnies. L'entreprise familiale compte trois autres activités : la mise en marché d'huiles essentielles certifiées bio CEE et bio NOP (Etats-Unis) à destination des professionnels (laboratoires, parfumeurs), la vente d'huiles essentielles et de produits cosmétiques au grand public et le tourisme avec des visites guidées et des ateliers pédagogiques.
L'après-midi, la délégation régionale s'est rendue à Saint-Sauveur-Gouvernet pour échanger avec plusieurs producteurs. « S'assurer contre le gel nous coûte trop cher, a expliqué Cyril Collomb, arboriculteur (10 ha) et lavandiculteur (20 ha). Je m'oriente désormais plutôt vers les plantes aromatiques. Les huiles essentielles représentent un débouché prometteur. »

Cyril Collomb a présenté une machine acquise récemment avec l’aide de la Région.

Pas si facile de se diversifier

« On nous a encouragé à nous spécialiser et l'abricot est devenu notre vocation, a ajouté Jean-Marc Philibert, producteur d'abricots (26 ha). Aujourd'hui, face à ces épisodes répétés de gel, on nous conseille de nous diversifier. Le bio aussi m'a coûté très cher avec la perte de nombreux arbres. Et puis, les sols de certains vergers ne sont pas compatibles avec les plantes aromatiques. »
Frank Bec, président du syndicat de l'abricot, dont l'exploitation a été en totalité frappée pour la troisième fois par le gel, a fait remarquer que « privé de trésorerie, il est difficile de se reconvertir, de rénover ses vergers, d'acquérir du nouveau matériel. Il faudrait mettre en place un système d'aide immédiate à la trésorerie pour éviter de s'enliser dans les difficultés et redevenir rapidement opérationnel et productif. Notre terroir est favorable à l'abricot malgré les cruels caprices de la météo. » Laurent Ricard, lavandiculteur et éleveur de brebis à Montauban-sur-Ouvèze, et Christophe Aumage, de Saint-Auban, ont aussi participé à ces échanges.
Tous ces témoignages et doléances devraient trouver un écho dans le plan de filière plantes à parfum, aromatiques et médicinales de la Région, qui consacrera un budget de 400 000 euros jusqu'à 2020. Une filière qui se développe en France avec la création en dix ans de plus de 6 000 ha de surface exploitée et une augmentation de 25 % du nombre de producteurs. 
J-M. P.