Cultures d’hiver : les rendements et la qualité sont au rendez-vous

La campagne 2016-2017 est en passe de s'achever avec de bonnes nouvelles pour les cultures d'hiver. « Malgré un début d'année très irrégulier marqué par une période de sec en mars avril, un fort épisode de gel autour du 20 avril, puis deux coups de chaud en mai et en juin, on s'attendait à ce que les cultures d'hiver en pâtissent sérieusement », explique Yves Pousset, ingénieur agronome à Arvalis-Institut du végétal Rhône-Alpes. « Et pourtant, les rendements sont supérieurs à la moyenne et la qualité est au rendez-vous avec des taux de protéine élevés, de bons PS et PMG. » Ce constat est généralisé sur la plupart des départements de Rhône-Alpes, en dehors de l'Ardèche et de la Loire qui affichent une récolte dans la moyenne en termes de rendement.
Vallée du Rhône : rendement correct et bonne qualité
« La campagne 2015-2016 avait été très bonne pour les céréales dans la vallée du Rhône, rappelle Michel Olive, directeur des opérations et marchés agricoles à la coopérative Natura'pro. Cette année affiche des rendements moins élevés que l'année passée de l'ordre de 10 %, compris dans une fourchette entre 55 q/ha et 80 q/ha pour le blé tendre, l'orge et le blé dur en fonction des types de sols. Cependant, nous sommes très satisfaits par la qualité de la récolte qui affiche de bons PS et de bons taux de protéine. » En colza, les rendements ont également été très bons. « On était relativement inquiet pour les colzas, mais au final nous avons de très bons rendements avec un PMG très élevé, c'est une très bonne surprise », poursuit Michel Olive. Une surprise partagée à la Drômoise de céréales. La responsable des grains, Prune Farque, ne s'attendait pas à de si bons résultats. « Malgré les conditions climatiques difficiles au printemps, le coup de gel d'avril, la sécheresse et la canicule de juin, les rendements et la qualité sont bons. En blé tendre, les premiers résultats non consolidés montrent des rendements moyens de l'ordre de 75 q/ha à 80 q/ha, en blé dur et en orge, on atteint 75 q/ha. » En plus d'atteindre de très bons rendements, les agriculteurs de la Drômoise de céréales ont obtenu une très bonne qualité, avec par exemple des blés affichant un PS de 79-80 et un taux de protéine de 12 % en moyenne et les orges atteignent un PS de 69.
Une récolte très favorable dans l'Ain
Même écho dans l'Ain où les résultats de la récolte ont surpris Jérôme Laborde, directeur collecte chez Terre d'Alliances. « Les rendements sont très bons dans l'ensemble. C'est un peu surprenant notamment en colza avec le coup de gel où l'on atteint des niveaux records de plus de 40 q/ha contre une moyenne de 34 q/ha. Certaines parcelles dépassent les 50 q/ha. » Pour le blé, c'est une très bonne année avec des rendements excellents autour de 78-80 q/ha contre une moyenne autour de 72 q/ha. « La qualité est aussi très bonne avec un PS de 79 et un taux de protéine de 11,6 à 11,7, poursuit-il. Cela nous place dans des standards de blés meuniers supérieurs. En plus, il n'y a pas de problème de mycotoxine. » En orge, le rendement est supérieur à la moyenne avec 70 q/ha contre 62-63 q/ha. Le PS s'élève à 69 contre une norme de 66.
Belle récolte pour l'Est de Rhône-Alpes
Surprise, c'est également le mot qui revient dans la bouche de Philippe Lefèbvre, le responsable marché du grain Groupe Dauphinoise. « Sur le colza, nous avons été très agréablement surpris, souligne-t-il. On était plutôt pessimiste avec la sécheresse, le gel tardif, le froid, le chaud. Et pourtant, nous avons fait une récolte exceptionnelle avec des rendements de l'ordre de 45-47 q/ha contre 32 q/ha en moyenne pluriannuelle. En plus, les niveaux d'huile sont tout à fait satisfaisants à 46 %. » Les prévisions étaient aussi plutôt pessimistes sur les céréales à paille. Ainsi, en orge, « nous nous attendions à être 20 % en dessous des rendements moyens, et nous sommes plutôt 10 % au dessus avec des rendements moyens de 63-64 q/ha et de bons PS de 67-68. » En blé, la zone de collecte du Groupe Dauphinoise est moissonnée à 95 %, seules les zones un peu plus en altitude, comme le Trièves et certaines terres en Savoie, vont l'être d'ici les jours prochains. Là encore, les rendements sont bons autour de 70 q/ha contre 67 q/ha en moyenne. « Le blé tendre atteint des niveaux de protéine très bons de l'ordre de 12,5 avec un PS de 79-80, sans mycotoxine, avec de bons indices de chute de Hagberg, sans grain germé. » En blé dur, la qualité et les rendements sont également au rendez-vous avec de faibles taux de mitadinage. « C'est une bonne année avec du rendement et de la protéine, ce qui est rare en blé, souligne Philippe Lefèbvre. Pour avoir ces bons résultats, il nous a fallu être très réactif sur la collecte car, en cinq jours, nous avons rentré 60 % des volumes juste avant des pluies. »
Loire : une année moyenne
Pour les cultures d'hiver dans la Loire, Christophe Fontana, directeur des productions végétales à la coopérative Eurea, dresse un portrait plus nuancé qu'ailleurs. « Les rendements sont très aléatoires en fonction des sols de la zone. Par exemple sur les orges, le rendement atteint 55-60 q/ha et sur 85 % des blés déjà rentrés, la fourchette s'étire entre 50 q/ha et 70 q/ha. C'est une année moyenne en termes de rendement, mais les qualités sont assez intéressantes. Nous avons de bons taux de protéine entre 11 et 11,5 et un PS élevé de l'ordre de 80 pour les premiers blés moissonnés et de 74 pour les blés récoltés après la pluie. »
Un marché difficile à lire
Du côté des prix, les marchés des céréales sont difficiles à anticiper. « Le marché à terme fait le yoyo, indique Christophe Fontana d'Eurea. La sécheresse américaine tenait un peu le marché à la hausse. Mais le marché à terme est revenu à 176,50 euros/t pour décembre 2017, soit son niveau de fin juin après un pic à 188 euros/t, mi-juillet ». Si les cours des cultures d'hiver restent encore trop faibles avec d'importantes fluctuations mondiales et une grande volatilité, ils sont un peu meilleurs que l'an passé. Yves Pousset, d'Arvalis, estime que la qualité de la récolte va aider pour retrouver des marchés à l'export et améliorer la commercialisation. Après une année difficile comme l'an passé, « le contexte actuel redonne un peu d'espoir aux agriculteurs », conclut Jérôme Laborde de Terre d'Alliances.
Camille Peyrache
Cultures de printemps /
L’eau, source d’inquiétudes en maïs
« Les maïs et les tournesols sont en avance et présentent un bon développement grâce aux pluies de fin juin, souligne Philippe Lefèbvre (La Dauphinoise). Nous espérons qu’un peu d’eau tombe sur la plaine de Lyon pour ne pas hypothéquer les rendements en sec et là où les arrêtés sécheresse vont limiter l’irrigation. Si la pluie est là, on peut avoir une bonne récolte de maïs qui serait précoce. » Une analyse partagée par Jérôme Laborde de Terre d’Alliances qui note que le centre de l’Ain, dans la Dombes et le Val de Saône, il manque un peu d’eau pour assurer de bons rendements pour le maïs. Sur certains secteurs, les sols profonds présentent des réserves en eau quasi épuisées. « Nous sommes un peu inquiets pour les maïs en sec, corrobore Yves Pousset d’Arvalis. Une bonne pluie généralisée dans les prochains jours aiderait grandement les secteurs non irrigués de l’Ain par exemple. C’est un moment délicat pour les maïs car nous sommes juste après la floraison, des grains peuvent avorter sans eau et cela impacterait grandement le rendement. » Cependant, sauf accident climatique, les cultures sont sur une bonne rampe de lancement.