Daniel Imbert, un aviculteur céréalier au service d’autrui

Cumuler la fonction d'agriculteur et de pompier n'est pas une mission impossible. Le capitaine Daniel Imbert, aujourd'hui âgé de 59 ans, l'a démontré tout au long de sa carrière. S'il a toujours baigné dans le monde agricole avec un père arboriculteur, il n'avait pas forcément d'atomes crochus avec le centre d'incendie et de secours (CIS) d'Etoile-sur-Rhône. Seulement, l'envie d'être au service des autres a été plus forte et c'est à son retour de l'armée en 1980 qu'il est entré à la caserne en tant que sapeur-pompier volontaire. Une caserne qu'il ne quittera plus, mêlant de front son activité d'exploitant agricole, démarrée la même année.
« J'avais la volonté de vouloir intervenir sur des incendies, des secours à la personne, etc, explique-t-il. Le fait d'être à son compte permet plus facilement de se libérer. Après, cela demande des concessions et il m'a fallu prendre du temps sur ma vie familiale et professionnelle... D'ailleurs, les pompiers m'ont volé la naissance de ma fille (rires) en 1989 alors que j'étais mobilisé sur un feu de forêt dans le Sud-Drôme. » A l'époque, les sapeurs-pompiers d'Etoile-sur-Rhône effectuaient en moyenne 200 sorties par an. Depuis la départementalisation des Sdis*, le nombre d'interventions a doublé.
Du bleu de travail à l'uniforme
Aviculteur avec près de 40 000 poulets certifiés répartis en deux bâtiments, puis céréalier sur près de 60 hectares (blé, orge, sorgho, tournesol, etc.), Daniel Imbert a donc souvent troqué son bleu de travail pour l'uniforme, dès que le bipeur se faisait entendre. Un emploi du temps bien chargé donc, en plus de sa profession déjà prenante. « Il est vrai que certains jours de travail ont été rallongés, certains week-ends aussi pour rattraper le temps perdu. Mais j'ai toujours eu la chance d'être soutenu par mes parents. D'ailleurs, je n'aurai jamais pu m'investir comme je l'ai fait sans leur aide. »
Au fil des années, Daniel Imbert a reçu ses différents galons avant de prendre la direction du centre, en 1997. « C'était une responsabilité plus importante mais, avec une bonne organisation, tout est possible. J'ai été bien entouré et j'ai su déléguer mon travail. » C'est donc avec le sentiment du devoir accompli qu'il a pris sa retraite de sapeur-pompier volontaire, en décembre dernier, après 39 années passées avec l'uniforme, dont 22 en tant que chef de centre.
Investi dans l'Union départementale
Le 10 mai, c'est non sans émotion que le capitaine Imbert a réalisé la passation de commandement du CIS d'Etoile-sur-Rhône à son adjoint, Jean-Paul Duchemann, devant une centaine de collègues. A cette occasion, il a été nommé au grade de commandant honoraire. Si sa retraite de pompier est donc désormais actée, nul doute qu'elle sera active : « Je participe toujours aux cérémonies, aux activités de l'amicale. De plus, en parallèle de mon activité professionnelle et de mon engagement de pompier, je me suis longtemps investi à l'Union départementale, d'abord en tant qu'animateur des sections de jeunes sapeurs-pompiers puis en tant que président ».
Aujourd'hui encore, il a toujours la casquette de vice-président de l'Union sur le secteur centre... et de l'association Aspiro qui œuvre à la sauvegarde du patrimoine des pompiers. Autant d'occupations qui vont le combler avant d'obtenir sa retraite professionnelle, d'ici deux ans.
Amandine Priolet
* Service départemental d'incendie et de secours.
Le CIS d’Etoile
- Effectifs : 42 sapeurs-pompiers volontaires, dont 15 femmes et 27 hommes.
- Interventions : 364 en 2016, 379 en 2017 et 453 en 2018.
- Ecole de jeunes sapeurs-pompiers : 30 éléments.
Lutte contre les agressions envers les pompiers
Le 28 mai, le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, et Laurent Lanfray, président du Sdis(1), ont reçu des pompiers (professionnels et volontaires) au sujet des agressions subies par ces derniers lors d’interventions. Ils ont dit condamner avec fermeté ces exactions et signalé qu’elles feront systématiquement l’objet d’un dépôt de plainte, une attention particulière sera portée pour rechercher les auteurs et les conduire devant la justice.Pour rappel, en mars 2018 a été signé un protocole destiné à sécuriser les interventions des pompiers en fonction du niveau de vigilance arrêté sur 15 zones du département (niveau vert : pas de risque ; niveau orange : risque modéré ; niveau rouge : risqué élevé). L’an dernier, 5 secteurs sur 15 ont connu une vigilance orange (pour 71 journées à risque). A noter aussi, les plaintes pour agression déposées par les agents et le Sdis sont en hausse : 13 en 2017, 15 en 2018 et 6 depuis début 2019.
Lors de cette rencontre, les pompiers ont en outre exprimé des difficultés liées à l’augmentation des déplacements pour des relevages et du fait de carences ambulancières. Le préfet a indiqué partager cette préoccupation, d’autant qu’elle contrevient à l’ambitieux plan de recrutement des pompiers volontaires et à la mobilisation des employeurs pour libérer leurs salariés. Il a signalé la mise en œuvre d’un travail de fond sur le sujet, sous l’égide de l’ARS(2), visant à accompagner l’offre et réguler les carences réitérées ou systématiques, y compris si besoin par la voie de la réquisition dans les secteurs en tension.
(1) Sdis : service départemental d’incendie et de secours. (2) ARS : agence régionale de santé.