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Portrait

Daniel Jalifier : « Les vaches, c'est ma passion »

Retraité depuis peu, Daniel Jalifier a consacré toute sa carrière à l'élevage de vaches laitières, dont vingt ans en tant que responsable du troupeau de l'exploitation du lycée agricole du Valentin, à Bourg-lès-Valence.
Daniel Jalifier : «  Les vaches, c'est ma passion »

Daniel Jalifier est né en 1953 et ses parents étaient agriculteurs à Saint-Martin-en-Vercors. Il a suivi une formation de vacher et obtenu un BAA (brevet d'apprentissage agricole) aux Récollets, à Romans. « Les vaches, c'est ma passion », se plaît-il à dire. Au début des années 1970, il a été aide familial et peseur laitier. En 1974, Jean Garnier, conseiller élevage à la chambre d'agriculture, l'informa qu'Hervé Eysseric, agriculteur à Saint-Paul-Trois-Châteaux (80 vaches laitières), cherchait un vacher. Il y est allé et y est resté vingt-six ans. « J'étais considéré un peu comme de la famille, se rappelle Daniel. En 2000, Hervé Eysseric a arrêté son activité et vendu son exploitation. J'avais alors 47 ans et je ne pouvais pas la reprendre seul, d'autant plus que la mécanique n'est pas mon fort. » Juste avant, lui avait été proposé de devenir responsable du troupeau de vaches laitières sur l'exploitation du lycée agricole du Valentin, à l'époque dirigée par Hubert Martin. Après réflexion, il a accepté et y a accompli tout le reste de sa carrière, soit vingt ans. Il vient de prendre officiellement sa retraite le 30 juin dernier.

Des nouvelles installations longtemps espérées

Au Valentin, Daniel a « usé », comme il dit, quatre directeurs d'exploitation - Hubert Martin, Bastien Isabelle, Fabien Clavé et Guillaume Fichepoil - et autant de proviseurs de lycée - Alain Garcia, Jean-Pierre Cardi, Jean-Louis Cung et Maurice Chalayer. « Quand je suis arrivé au Valentin, la rénovation des bâtiments d'élevage était prête à être conclue, se souvient-il. Mais elle n'a pas eu lieu. Puis, du temps de Jean-Pierre Cardi, il a été décidé de construire des bâtiments neufs. Mais les travaux n'ont commencé qu'en fin 2018. « J'ai vu le moment où les bâtiments ne seraient pas finis avant mon départ à la retraite », commente Daniel. Finalement, les vaches ont intégré leur nouvelle stabulation le 11 décembre 2019, le jour de la Saint Daniel ! Cependant, la nouvelle salle de traite n'a été opérationnelle qu'en février, sa livraison ayant été retardée. « Avant, on travaillait dans des conditions difficiles, confie le jeune retraité. Maintenant, tous les animaux sont sous le même toit, les veaux sont logés dans un "trois étoiles". Les nouvelles installations ont apporté du confort, de la facilité de travail et la traite par l'arrière de la sécurité pou nous, salariés, et pour les élèves. »

L'autonomie alimentaire du troupeau, une fierté

Daniel a connu aussi une évolution dans la conduite du troupeau, le système alimentaire. « Quand je suis arrivé, raconte-il, l'élevage était intensif. La conduite du troupeau était compliquée. Les vaches produisaient mais étaient grasses et ne pâturaient plus l'été, elles mangeaient de l'ensilage. Le troupeau a été amélioré. Et, avec Jean-Pierre Manteaux, conseiller élevage à la chambre d'agriculture, on a amplifié le pâturage, introduit des légumineuses. Le système alimentaire est devenu autonome, à part les minéraux et le sel. C'est un peu ma fierté. Avec, des vaches produisent 10 000 litres de lait par an et même plus. Pour cela, il faut irriguer l'été. Il m'arrivait de me lever à deux heures du matin pour arrêter la pompe. » Autre satisfaction : le passage en bio de l'élevage (en 2010), pour lequel « il faut de la luzerne. En pressant la nuit avant la rosée, on arrive à avoir de la luzerne qui fait envie ».
Daniel est « parti serein », rassuré de laisser son troupeau à Quentin, l'autre salarié permanent sur l'élevage. Un jeune recruté voici trois ans « qui a vite appris » et en qui il a confiance.

Annie Laurie
Départ à la retraite / Le professionnalisme de Daniel Jalifier et sa capacité de transmettre sa passion, son savoir-faire ont été mis en valeur lors de son pot de départ, le 3 juillet.
Hommage à Daniel
De gauche à droite, Jean-Pierre Cardi, Guillaume Fichepoil, Daniel Jalifier, Quentin Gache, Hubert Martin et Maurice Chalayer.
Maurice Chalayer, proviseur du lycée : « Daniel a servi l'exploitation du Valentin pendant vingt ans et a réussi la conversion en bio de l'élevage. Il a géré le troupeau comme si c'était le sien. Il conduit les pâturages de main de maître, travaillé dans les règles de l'art pour la luzerne. Avec ses qualités de pédagogue, il a su transmettre sa passion et son savoir-faire aux élèves et à Quentin. On lui doit beaucoup. »
Guillaume Fichepoil, directeur actuel de l'exploitation : « C'était un modèle pour l'équipe. Il a eu les clés de la maison de l'élevage et a complètement rempli sa mission. »
Hubert Martin, ancien directeur de l'exploitation : « C'est un éleveur avant tout, il aime les animaux. Et il avait l'amour de partager les choses avec les élèves, enseignants, éleveurs.
Jean-Pierre Cardi, ancien proviseur : « Il a le respect de l'animal et la capacité à apprendre aux jeunes, à transmettre. Il m'a beaucoup apporté. »
Jean-Pierre Manteaux, conseiller élevage à la chambre d'agriculture : « Daniel est aussi un producteur de fourrage de qualité, il ne laisse pas une feuille de luzerne par terre. La gestion du pâturage est une réussite totale, il nous a aidé à caler le système. Il a une part importante dans la réussite du système fourrager de l'exploitation du Valentin 100 % autonome malgré les sécheresses qui sont de plus en plus dures. »
Henri Fèche, ancien directeur de l'EDE (établissement départemental de l'élevage) : « C'est un passionné, qui a contribué à consolider, solidifier l'élevage de l'exploitation du Valentin ».
A. L.

 

Bâtiments d'élevage du Valentin
Où en sont les travaux ?
L'emplacement du futur hangar à fourrage et paille. Et, en arrière-plan, la nouvelle stabulation.
Tous les anciens bâtiments d'élevage de l'exploitation du Valentin ont été déconstruits. Le hangar de stockage du fourrage et de la paille devrait être construit cet été et terminé en septembre. Dans la programmation du chantier faite en 2014, est en outre prévu un bâtiment dit « tertiaire » devant accueillir bureaux, vestiaire, sanitaires. Mais aussi une salle de travaux pratiques pour la ferme pédagogique, « qui est une activité importante de l'exploitation : en temps normal, elle accueille 2 000 élèves par an, souligne le proviseur du lycée, Maurice Chalayer. Mais les travaux ne sont pas encore programmés. On est encore en attente de la décision de la Région ».
A. L.