Accès au contenu
Assemblée générale

Dans un contexte tendu, Top semence tient bon

Le rendez-vous annuel des sociétaires de Top Semence, le 24 novembre, a témoigné du maintien de l'activité de cette union de coopératives en 2016-2017.
Dans un contexte tendu, Top semence tient bon

Il a été question d'évolutions, voire de révolutions. Vendredi 24 novembre, en préambule de son rapport d'activité, le nouveau directeur de l'union coopérative Top semence, Didier Nury, est largement revenu sur l'histoire de cette production. Et d'insister : « La semence est la seule source de la chaîne de valeur de la production agricole. Nous exerçons un métier noble, utile à la société, soyez-en convaincus ».

Une filière locale résiliente

Avec un chiffre d'affaires (CA) « historique » de 33,68 millions d'euros(*) en 2016-2017 (dont 77 % en maïs et tournesol) et un emblavement total de près de 7 000 hectares (ha), Top semence se maintient malgré un contexte global de production assez tendu. La filière nationale, qui reste leader en Europe, paye aujourd'hui les conséquences de son pic de production en 2013-2014, combiné à la crise économique russo-ukrainienne. « La France a perdu des parts de marché et des stocks extrêmement importants ont été constitués. Résultats, les professionnels ont fait machine arrière et les surfaces ont fini par diminuer », a également expliqué Didier Nury. Selon lui, les turbulences sur certaines espèces « devraient encore se poursuivre sur deux exercices ». Aussi, l'union s'est félicitée d'avoir fortement consolidé son implantation territoriale et poursuivi la diversification impulsée voilà plusieurs années. Sur sa production principale, le maïs (plus de 55 % du CA des volumes), « Top semence a bien résisté avec 4 à 5 % de parts marché ». Pour le directeur, cela s'explique par « la bonne résistance des contrats passés avec les obtenteurs et le travail sur la génétique ».
En tournesol, la part de marché de l'union, au regard des tendances nationales, se révèle en léger recul pour l'exercice mais croît en termes d'implantation régionale. Si la vallée du Rhône reste la principale zone de production (3 256 ha rien qu'en Drôme), la filière peine encore à répondre à une demande décuplée. « Il va falloir s'organiser », affirme Didier Nury.
Autres évolutions significatives, le pois chiche, dont Top semence est l'unique obtenteur, « une opportunité extrêmement profitable à notre échelle », le maïs doux, dont les surfaces ont doublé au cours de l'exercice et le développement de l'agriculture biologique. Sur ce dernier point, une part importante de la production concerne les céréales (16 %) et le maïs progresse (4 %).

Faire valoir ses atouts

La consolidation se confirme aussi avec le rachat d'un site industriel à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse), qui permet de renforcer les capacités de réception et de triage de Top semence, d'avoir accès à 500 à 1 000 ha de production en plus et « d'élargir notre panel de conditions agro-pédo-climatiques ». Sur cette opération, l'enjeu principal est « de conserver le réseau de producteurs en place ». Plus largement, Top semence entend maintenir son attractivité en valorisant les nombreux atouts de la vallée du Rhône, de Lyon aux Bouches-du-Rhône, en consolidant les bases d'un outil économique performant et améliorant les synergies entre les coopératives. 

Tiphaine Ruppert
(*) Le chiffres d'affaires gagne 10 % par rapport à 2015-2016 et la marge brute plus de 38 %.

 

Questions à /  Après vingt-cinq ans passés au conseil d’administration de Top semence, Christian Veyrier cède la place de président à Lionel Eidant, producteur à Beaurepaire (Sud-Isère).

« Réduire la chimie : nous relèverons le défi »

Comment avez-vous vu évoluer Top semence depuis vingt-cinq ans ?
Christian Veyrier : « À la fin des années 1990, nous cultivions 600 ha de maïs semence, aujourd'hui nous travaillons sur 3 000 ha. Cela signifie davantage de productions, donc de salariés, mais aussi l’adaptation de l'outil industriel. Nous sommes partis d'un outil à destination de nos coopératives pour aboutir à un outil au service des agriculteurs-multiplicateurs, du développement de surfaces et d'une activité rémunératrice. »

Parmi les défis à relever, il y a l'injonction sociétale de diminuer la part de la chimie. Comment Top semence envisage ce tournant ?
C. V. : « Dans les années 1970, on nous a dit : “Il faut nourrir la planète”, nous avons relevé le challenge. De la même manière, l'agriculture relèvera celui-ci. Faisons confiance au progrès, qui consistera à réduire la chimie tout en préservant les conditions de travail des agriculteurs. Les nouvelles technologies représentent déjà un levier central. Par exemple, Top semence mène des essais de désherbage mécanique avec un robot sur des parcelles bio. À terme, même en conventionnel, la chimie ne servira qu'au rattrapage. L'important aussi est de maintenir le lien avec les obtenteurs : ils sont la recherche, nous sommes la force de production. Et la semence, l'enjeu du futur ! »

Que garderez-vous, à titre personnel, de votre longue implication au sein de l'union ?
C. V. : « Je laisse ma place avec la satisfaction de voir les agriculteurs-multiplicateurs présents et attentifs à la vie de leur filière. Il y a parfois des désaccords mais ils restent motivés par cette production. » 

Propos recueillis par T. R.