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Coopération

Dauphidrom à l'heure de la fusion

Dans quelques mois, Dauphidrom deviendra l'une des onze sections d'une gigantesque coopérative qui s'étendra de l'Ardèche aux Ardennes. Objectif : optimiser le fonctionnement du groupe Sicarev et améliorer la lisibilité des activités dans un marché hyperconcurrentiel.
Dauphidrom à l'heure de la fusion

Un peu partout, l'heure est à la fusion. Sicarev n'échappe à cette tendance de fond. L'an prochain, le groupe va fondre ses six coopératives en une structure unique dont le rayon d'action s'étendra de l'Ardèche aux Ardennes. Objectif : augmenter la visibilité du groupe et la lisibilité de ses filières dans un marché hyperconcurrentiel, mais aussi « optimiser son fonctionnement de l'amont à l'aval », a expliqué Eric Chavrot, président de Dauphidrom lors de l'assemblée générale du 26 juin à Roybon. Les six coopératives qui constituent le groupe actuellement (Dauphidrom, Actis Bovin, Charolais Horizon, Coop du Mézenc, Covido Bovicoop et Cialyn) vont ainsi fusionner en « une seule coopérative à onze sections qui devront chacune conserver leur identité à l'échelle de leur territoire », a précisé Eric Chavrot. L'organisation en filières va ainsi se substituer à une organisation en sections.

Proximité

Le pari n'est pas sans risque. Car, sur le terrain, des craintes existent. « Nous, producteurs, il faut que nous restions maîtres de nos outils », s'est inquiété un éleveur lors du débat qui a suivi la présentation de la future organisation. Eric Chavrot et Philippe Dumas, le président de Sicarev, se sont montrés rassurants. « Le gros changement sera plus d'ordre juridique que d'ordre fonctionnel, puisque Dauphidrom, comme les autres sections, conservera son rôle d'outil au service des adhérents de son territoire, en ayant à cœur de faire perdurer les liens de proximité avec eux, a déclaré Eric Chavrot. Votre conseil d'administration a pleinement conscience du risque d'éloignement entre cette coopérative unique et ses adhérents, mais ce sera au futur conseil de section de mener les actions pertinentes pour que Dauphidrom reste une structure dynamique, proche de ses éleveurs. » L'enjeu est d'autant plus important pour la coopérative bovine basée à Marcilloles qu'elle couvre une zone très vaste, dont certains secteurs sont parfois peu denses en termes d'élevage.

Partenaire

Dans la nouvelle entité, les adhérents resteront la clé de voûte de la partie amont. Ils se répartiront en onze sections (1), chacune d'entre elle étant pilotée par un conseil de section, dirigé par un directeur délégué. Le conseil de section aura pour mission de suivre une feuille de route (prévisionnel) et de « recueillir l'avis des adhérents pour faire remonter les informations et les problématiques de terrain », insiste le président de Dauphidrom, qui ajoute : « Il sera primordial de ne pas se disperser et de se recentrer sur les éleveurs qui considèrent la coopérative comme leur partenaire, et non comme un négociant parmi d'autres. »
Les représentants de ces sections siègeront au conseil d'administration de la future coopérative, « maison mère du groupe ». Celle-ci sera régie par une direction générale, qui chapeautera la direction des productions animales, elle-même responsable de la direction des sections. Chaque section sera pour sa part gérée par un directeur délégué qui coordonnera l'action des commerciaux, des techniciens et des techniciens centre. Cette organisation sera renforcée par des fonctions transversales : direction promotion filières, responsables activité viande/maigre/veau/repro, transport, pôle technique, administration des achats et des ventes, communication, etc.

Clarifier l'offre

Pour la partie aval, il est prévu que les activités de négoce de Sicarev soient intégrées dans la coopérative dès 2019. Cette restructuration a commencé l'an dernier avec l'absorption de Soviber par Tradival. Le mouvement s'est poursuivi cette année avec l'incorporation de MVPE (filière steack haché) et de la branche viande de Sicarev. « Ces opérations visent à faire porter toute l'activité viande du groupe par une seule et même société, Tradival, car nos clients ont souvent affaire à plusieurs filiales et se perdent un peu entre les différentes factures », explique Philippe Dumas. La nouvelle organisation devrait ainsi permettre de clarifier l'offre, et même de la densifier. Après la fusion, la coopérative, grâce à ses onze sections, sera en capacité de livrer chaque semaine plus de 2 100 gros bovins finis (dont 1 800 à Tradival), 2 600 bovins maigres, 1500 veaux et plus de 2 000 ovins. Et ce, tout au long de l'année. Un argument de poids pour la grande distribution. 
Marianne Boilève

(1) Section JBA, section Cialy, section Auxois Morvan, section Val de Loire, section éleveurs nivernais, section Univiande, section Actis Bovins, section Covido Bovicoop, section Dauphidrom et section CEBM.

De bons résultats pour Dauphidrom 

Avec près de 16 000 animaux vendus en 2017 (+ 2 % par rapport à 2016) et un chiffre d’affaires de près de 16 millions d’euros (+5 %), Dauphidrom peut se targuer d’avoir un bilan d’autant plus honorable que le nombre de ses apporteurs (1) s’est légèrement tassé entre 2016 et 2017 (- 3,5 %). Certes, en raison d’« événements à caractère exceptionnel » (départ en retraite, rattrapage d’impôts fonciers...), l’année 2017 affiche un résultat déficitaire de 56 560 euros. Mais la situation est saine, en dépit d’un marché toujours très dur, pris en tenaille entre baisse de la consommation de viande, guerre des prix et pratiques déloyales. Si les animaux de boucherie connaissent une légère baisse en 2017 (-0,44 % avec 8 205 animaux vendus), l’activité maigre connaît une embellie (+7,5 % avec 2 956 animaux en 2017 contre 2 748 en 2016) plus marquée que l’activité veau (+ 1,7 %). Par ailleurs, 415 reproducteurs ont été vendus, dont 44 au Sénégal et 26 en Algérie. Sur le front de la contractualisation, les nouvelles sont plutôt bonnes : le montant alloué par Dauphidrom atteint 42 561 euros en 2017. Etats généraux de l’alimentation aidant, les filières qualité ont le vent en poupe. Elles ont permis de reverser 65 509 euros aux éleveurs (pour 261 animaux concernés). Mais cela reste une goutte d’eau au regard de l’activité du groupe.

+ 58 % pour le bio

Au rang des nouveautés, les steacks hachés « C’est qui l’patron » ont connu « un démarrage un peu lent et moins évident que le lait », constate Eric Chavrot. Mais ils montent en puissance depuis que la gamme est passée en surgelé. Le succès du bio en revanche ne se dément pas : l’activité est en augmentation de 58 % par rapport à 2016 (268 animaux commercialisés en 2017, contre 177 en 2016). Plusieurs raisons à cela : une demande de plus en plus soutenue en filière longue (avant ce marché était surtout capté par la vente directe), et deux atouts majeurs : un abattoir et un centre d’allotement agréés bio. « Pour l’instant, c’est encore un marché de niche », prévient Eric Chavrot. Ce qui permettait de proposer jusqu’à présent une grille de prix stable tout au long de l’année. Mais Sicarev se trouvant confronté à des problèmes de saisonnalité, il a été décidé de jouer sur la plus-value pour inciter les éleveurs à sortir des bêtes quand le marché est porteur. A noter également que Dauphidrom est en train de se positionner pour se faire agréer par la marque Is(h)ere.   
M. B.
(1) 761 apporteurs en 2017, dont 93 en Ardèche (pour 1920 bovins), 117 en Drôme (2 514 bovins), 447 en Isère (9 998 bovins), 30 en Savoie (362 bovins) et 74 en Haute-Savoie (1 442 bovins).