De nombreux défis à relever pour la filière viande bovine

Crises climatiques, problèmes sanitaires, marchés en difficulté, importations déloyales... la filière viande bovine connaît actuellement une conjoncture délicate au dénouement incertain. L'association des éleveurs et acheteurs indépendants de Rhône-Alpes, Elvea, qui tenait son assemblée générale jeudi 25 octobre, semble plus que jamais indispensable pour rassembler la filière face à ces nombreux enjeux. « Améliorer notre revenu reste la condition première à la pérennité de notre métier d'éleveur, a indiqué Frédéric Duchêne, président de l'association. C'est pour cela que nous mettons à votre disposition un ensemble de services et organisons des filières de commercialisation. » Didier Roche, président du collège des acheteurs, a appelé lui aussi au rassemblement : « Il est nécessaire que nous restions unis dans les épreuves et de ne pas baisser les bras. Que tous les maillons de notre filière continuent d'avancer ensemble. » La situation est d'autant plus compliquée qu'à ces problématiques conjoncturelles s'ajoutent des attaques toujours plus violentes de militants anti-viande. S'il ne croit pas au dialogue avec « ces extrémistes », Frédéric Duchêne en est persuadé : « Nous devons avoir un dialogue constructif avec les autres représentants de la société, auxquels nous devons rendre des comptes et donner des explications », faisant écho à la table ronde organisée à l'issue de l'assemblée générale statutaire (voir encadré). Parmi les pistes de travail proposées, la remise à jour de la charte des bonnes pratiques d'élevage, qui doit « être enrichie sur le volet bien-être animal », selon le président.
Un marché contraint
Des préoccupations qui n'effacent pas les difficultés économiques que connaît la filière. Du côté de la production, le constat est sans appel : « En six mois, le cheptel allaitant a décapitalisé l'équivalent de trois années consécutives de recapitalisation entre 2014 et 2016 », a soulevé Frédéric Duchêne. « Le manque d'animaux vaccinés contre la FCO freine les exportations en particulier vers l'Espagne, a expliqué Michel Fénéon, directeur général d'Euro Feder, venu présenter le marché des bovins maigres. Ces animaux retournent sur la France, où le marché est déjà saturé. » Le concurrent direct de la France a aussi pris beaucoup de parts de marché grâce « à ses coûts de production inférieurs et à une administration qui aide l'exportation ». Par rapport à 2017, l'export de bovins maigres a diminué de 5 % pour les mâles et de 3 % pour les femelles.
Au rendez-vous
Dans ce contexte, Elvea entend poursuivre l'accompagnement de ses adhérents. L'association regroupe actuellement 425 éleveurs (71 % de la Loire, 15 % de l'Ain, 10 % du Rhône, 4 % de l'Isère et quelques-uns de Haute-Savoie) et 71 acheteurs (répartis principalement sur les départements de Rhône-Alpes, dont 47 % dans la Loire et 24 % dans l'Ain). Cela passe par la commercialisation dans des filières variées mais organisées : Héredia, Charolais terroir, Blason prestige bœuf limousin, Bœufs de nos régions, Kerméné. Elvea Rhône-Alpes propose aussi plusieurs services à ses adhérents : montage de dossier, conseil technico-économique, assistance pour le respect de la conditionnalité, plan sanitaire d'élevage et Oribase, un logiciel de gestion de troupeau, dont une évolution est prévue en 2019. Des formations seront proposées aux adhérents dans le cadre de cette mise à jour.
Accords interprofessionnels
Autre intervention de l'assemblée générale, celle de Romain Kjan, directeur d'Interbev Auvergne-Rhône-Alpes, qui est revenu sur les accords interprofessionnels de la filière. L'accord sur l'achat et l'enlèvement des bovins permet de définir des règles depuis la contractualisation jusqu'à l'enlèvement ou la livraison et de limiter ainsi les cas de litige. Un autre accord permet aux éleveurs de consulter les données d'abattages qui sont disponibles sur le site d'Interbev : poids, conformation, mais aussi les causes d'une saisie totale ou partielle. Toutes les informations sont disponibles sur le site www.interbev.fr.
Anaïs Labrosse
Table ronde / A l’issue de son assemblée générale, Elvea Rhône-Alpes a organisé une table ronde sur le thème : Les défis de la filière viande bovine : quels leviers actionner pour satisfaire les nouvelles attentes du consommateur ?
« Le bien-être animal passe par le bien-être des éleveurs »
Ce temps d’échanges a permis à différents acteurs de la filière de donner leur positionnement face aux attaques de militants anti-viande mais aussi pour répondre aux attentes des consommateurs. Ghislain Zuccolo, co-fondateur et directeur de Welfarm, a été invité à participer afin d’apporter la vision d’une association « de défense du bien-être animal » qui travaille avec les acteurs des filières d’élevage. « Notre mission est d’obtenir des réglementations sur le bien-être animal ou de les faire appliquer quand il y en a, et de valoriser les initiatives qui émanent de la filière allant dans le sens du bien-être animal », a-t-il détaillé.Si des différences de points de vue sont ressorties des échanges, la table ronde aura permis à chacun de s’exprimer et de « briser la glace » sur ce sujet. Il est notamment ressorti des débats que l’amélioration du bien-être animal ne peut se faire « qu’à condition de revenu pour les éleveurs », comme l’a souligné Adrien Bourlez, président de la FDSEA de l’Ain. « Le bien-être animal passe par le bien-être des éleveurs », a complété Pascal Poyet, éleveur et vice-président d’Elvea. Pour Paul Meunier, responsable du groupe viande à Jeunes agriculteurs Loire, un travail de communication doit être mené pour valoriser les pratiques déjà en place.