La matinée Innov'action organisée le 9 août par la chambre d'agriculture de la Drôme sur les terres d'Adelin Marchaud à La Laupie a permis de présenter - et de déguster - les nouveaux cépages résistants aux maladies fongiques telles que le mildiou et l'oïdium. Etaient notamment présents à cette matinée Sandrine Roussin, vice-présidente de la chambre d'agriculture, Isabelle Méjean, responsable de l'équipe viticulture, et des viticulteurs des alentours.

Pour rappel, ce programme d'innovation et de création variétale a été lancé par l'Inra*** au début des années 2000. Les premières implantations ont eu lieu en 2016, avec la plantation de l'Artaban (rouge), puis du Vidoc (rouge) et du Floreal (blanc) l'année suivante. Ces variétés dites polygéniques sont appelées ResDur. « Ces cépages sont intéressants, de par les contraintes sociétales et environnementales actuelles », a confié Adelin Marchaud, vigneron et président de la fédération drômoise des IGP viticoles. L'expérimentation vise avant tout à la réduction des intrants par l'utilisation de nouvelles variétés de vigne dans les conditions pédoclimatiques de la Drôme. Suivis en grande parcelle pour une quantité d'environ 800 souches sur un sol sableux profond, peu chlorosant et irrigable. Artaban, Vidoc et Floreal sont trois des quatre cépages inscrits au programme ResDur. Le quatrième, Voltis, de par sa caractéristique de vin effervescent, ne présentait pas réellement d'intérêt.

Bien en année de forte pression mildiou

Un suivi de la parcelle et des caractéristiques des variétés est effectué dans le cadre de l'observatoire national du déploiement des cépages résistants (OsCar). Le bilan 2018 a été plutôt encourageant, comme l'a énoncé Isabelle Méjean : en année de forte pression du mildiou, les trois cépages se sont bien comportés : les taches sur feuilles n'ont pas compromis l'activité chlorophyllienne et les attaques sur grappes ont été très faibles, n'occasionnant pas de conséquence directe sur la production. Le black-rot s'est montré plutôt discret. Le cépage Artaban (rouge), en troisième feuille, a présenté un bon niveau de production (environ 100 hectolitres à l'hectare), équivalent à un grenache en IGP. Cette variété présente toujours un peu de millerandage et une forte carence en magnésie, contrairement aux deux autres cépages implantés. Après un tour dans les vignes, l'heure était à la dégustation pour la quarantaine de professionnels de la filière présente.

En cours d'inscription IGP

Le cépage Floreal a été le premier testé. « C'est un vin très aromatique, thiolé, avec un arôme de fruits exotiques. C'est une gamme qui est généralement appréciée, recherchée par les consommateurs et les viticulteurs », a annoncé Isabelle Méjean. La seconde dégustation a permis de juger l'Artaban. « C'est un vin très coloré, peu structuré à faible degré, avec une acidité normale. Il serait intéressant pour faire du rosé », a poursuivi la responsable viticulture. Quant au Vidoc (rouge), « c'est un vin assez développé avec des tanins plus durs, comme le Merlot. Il est productif et assez simple à boire. ».
Lors de différentes dégustations hédoniques, le Floreal a toujours été très apprécié par son côté aromatique ; le Vidoc « copeaux » également, ces derniers apportant de la sucrosité. Sans copeaux, il est souvent jugé un peu dur mais apprécié malgré tout pour sa structure et sa couleur. Enfin, l'Artaban ne fait pas l'unanimité : en rouge, il est plutôt conseillé en assemblage.
Ces trois cépages, qui ont donc présenté des caractéristiques intéressantes, sont en cours d'inscription en IGP. La récolte 2020 devrait pouvoir figurer sous IGP et être commercialisée de la sorte dans la foulée. En attendant, ils sont considérés comme vins de table sans indication géographique.

Amandine Priolet

* IFV : institut français de la vigne et du vin.
** IGP : indication géographiquement protégée.
*** Inra : institut national de la recherche agronomique.

La récolte 2018 en chiffres