De nouveaux cépages résistants testés en Drôme

Début août, en présence d'Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme, et Pierre Combat, vice-président en charge de la viticulture, Isabelle Méjean, responsable de l'équipe viticulture, et Pascal Bloy, directeur de l'Institut français de la vigne et du vin, ont présenté les nouveaux cépages résistants aux maladies telles que le mildiou et l'oïdium. Cette présentation s'est faite dans le cadre d'Innov'action. Une innovation qui aura nécessité pas moins de dix-huit ans puisque c'est en 2000 que le projet de création variétale résistante a été lancé par l'Inra. Un travail de longue haleine, remarqué par Anne-Claire Vial : « Le sujet des pesticides est au cœur de nos métiers. Il faut savoir qu'on arrivera à trouver une alternative aux produits phytosanitaires dans près de 80 % des cas. Le train est en marche, le chemin est long mais nous travaillons à cette démarche. Toutefois, il faut arrêter de laisser croire au "zéro phytosanitaire" : il y aura toujours une pharmacopée minimum. »
Des variétés dites polygéniques
En attendant, il convient ici de limiter l'impact du mildiou et de l'oïdium, à fort potentiel évolutif, illustré notamment par la vitesse à laquelle ces deux agents pathogènes ont déjà répondu à la pression exercée par les fongicides. Ils ont donc été au cœur du programme de l'Inra, avec un objectif simple : intégrer plusieurs gênes de résistance aux cépages, pour plus de durabilité. En tenant compte des contraintes techniques et réglementaires, il a donc fallu plus d'une quinzaine d'années pour sélectionner une variété résistante. Le projet a abouti en 2016 avec la plantation d'Artaban (rouge), suivi de Vidoc (rouge) et de Floreal (blanc). Ces variétés dites polygéniques sont appelées « ResDur ». La première génération (sur quatre) permet ainsi, comme l'indique Pascal Bloy, de pouvoir observer les cépages en conditions pédoclimatiques et d'évaluer la qualité du vin avec vinification. La deuxième génération, qui verra le jour au printemps 2021, devrait être encore plus résistante. Pascal Bloy a annoncé que « d'ici 2030, il n'est pas exclu que nous puissions avoir une soixantaine de variétés résistantes sur le marché ».
800 plants en création variétale
Suivis en grande parcelle pour une quantité d'environ huit cents plants, Artaban, Vidoc et Floreal sont trois des quatre cépages inscrits au programme ResDur. Les principaux résultats sont formels quant à la résistance de ces variétés aux maladies fongiques : Artaban et Vidoc (rouge) présentent des similitudes quant aux rares symptômes de mildiou sur les inflorescences ou les grappes, sans incidence sur la récolte. En contrepartie, les cépages témoins (ici du Gamay) sont fortement impactés. Leur résistance à l'oïdium en revanche est totale. Seul problème relevé, la sensibilité au black-rot : en l'état des connaissances actuelles, deux protections de fongicide autour de la floraison seraient suffisantes pour éviter les dégâts et limiter les pertes au moment de la récolte. En ce qui concerne Floreal (blanc), les symptômes dus au mildiou sont très rares et la résistance à l'oïdium totale. Cette variété présente néanmoins une résistance partielle au black-rot, qui nécessiterait un traitement fongicide. Globalement, ces trois variétés sont dotées de résistances polygéniques au mildiou et à l'oïdium. Afin de les préserver, il est toutefois recommandé de réaliser des traitements fongicides complémentaires, bien que réduits.
Amandine Priolet
* Inra : institut national de la recherche agronomique.