De nouvelles pistes à l'étude

En matière de lutte contre Drosophila suzukii, des pistes nouvelles semblent s'ouvrir avec la mise en place possible de lutte biologique par lâcher d'insectes stériles. La technique de l'insecte stérile (TIS) repose sur des lâchers massifs et répétitifs dans les populations naturelles de mâles rendus stériles par irradiation. « Ces mâles irradiés entrent en compétition avec les mâles des populations naturelles, on voit alors une réduction de la fécondité des femelles qui se traduit par une diminution de la densité des populations de ravageurs », explique Laurence Mouton, maître de conférences à l'université Lyon1, chercheuse au laboratoire de biométrie et biologie évolutive (LBBE). « Cette technique est utilisable sur une grande diversité d'insectes. Par contre, l'irradiation n'est pas toujours efficace à 100 % et elle peut affecter la compétitivité des mâles, ce qui réduit l'efficacité de la méthode ». L'alternative à la production de mâles stériles consiste à utiliser des bactéries (comme Wolbachia) induisant de l'incompatibilité cytoplasmique. L'incompatibilité cytoplasmique se traduit par la stérilité du croisement entre un mâle infecté par la bactérie et une femelle non infectée. Ces bactéries qui ne sont présentes que chez les invertébrés, se transmettent uniquement par les mères. Cette technique dite de l'insecte incompatible (TII) a été expérimentée en laboratoire pour développer une stratégie de lutte contre les populations de Drosophila suzukii dans les serres. Ce projet d'expérimentation a été financé par l'ARC (communauté de recherche académique Rhône-Alpes) et l'Onema (office national de l'eau et des milieux aquatiques) dans le cadre du plan Ecophyto.
Bien mettre au point la technique
« Nous avons identifié deux souches de Wolbachia qui induisent de l'incompatibilité cytoplasmique chez Drosophila suzukii et qui n'affectent pas la compétitivité sexuelle des mâles », précise Laurence Mouton. « Elles sont donc de bonnes candidates pour utiliser la TII en vue de lutter contre ce ravageur ». La difficulté est de bien mettre au point la technique : d'abord il faut savoir quelle quantité de mâles lâcher et à quelle fréquence (une à deux fois par semaine). De plus, cette technique nécessite une production en masse : il faut lâcher des millions d'individus par semaine, ce qui est compliqué à obtenir en laboratoire. Autre problème, la méthode de sexage doit être efficace, car il ne doit pas y avoir de femelles dans les lâchers. En complément, un autre projet est actuellement à l'étude en collaboration avec des équipes de recherche autrichienne et rennaise. Le principe est de combiner la technique de l'insecte incompatible et celle de l'insecte stérile, car les femelles sont plus sensibles à l'irradiation que les mâles. En cas de lâcher accidentel de femelles, celles-ci seraient ainsi stériles. Comme l'ajoute Laurence Mouton, « a priori, nous avons trouvé les doses d'irradiation qui seraient optimales. Les premiers résultats montrent que, pour les mâles Drosophila suzukii, il fallait des doses importantes d'irradiation pour les rendre stériles »
C. B.
Une expérimentation complémentaire En 2016, des essais internes à l’association pour la valorisation de la filière framboise (AVFF) ont été conduits sur petits fruits par introduction de parasitoïdes. Ils ont montré que, sous abris, la part d’efficacité des parasitoïdes pouvait être comprise entre 30 et 60 %. Ce n’est pas négligeable, notamment sur les mûres dont la régularité de récolte est moindre qu’en framboises. Cette expérimentation est étudiée comme une méthode de lutte complémentaire à la prophylaxie, au piégeage massif, etc, mais elle est incompatible avec une lutte chimique.