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Lavandiculture

Démonstrations de récolte de lavandin avec l'Espieur

Les 5 et 13 juillet, la chambre d'agriculture de la Drôme a organisé à Savasse et à Montségur/Lauzon deux démonstrations de récolte de lavandin à l'aide de l'Espieur, nouvelle machine de récolte mis au point par le Crieppam(1) et la société CLier(2).
Démonstrations de récolte de lavandin avec l'Espieur

L'intérêt de l'Espieur réside dans des peignes rotatifs qui permettent de ne récolter que les épis, sans les hampes florales, contrairement aux autres récolteuses. En effet, seules les fleurs contiennent de l'huile essentielle, donc la récolte des épis uniquement permet de diminuer par moitié le volume de matière à transporter et à distiller. Ainsi, lors de la distillation, la consommation de vapeur est réduite de 34 % (source : Crieppam).

Moins vite mais mieux

Les tiges broyées tombent de part et d'autre du rang récolté.

A une vitesse moyenne de récolte de 2 km/h, l'Espieur permet de récolter 3 hectares par jour. C'est un peu moins qu'avec une ensileuse classique mono-rang (4 ha / jour). Samuel Hugues, qui conduit l'Espieur de la cuma du Bridon, témoigne : « Après des réglages effectués l'an passé, notre Espieur fonctionne parfaitement bien et permet d'obtenir une très belle qualité de coupe, de réaliser des économies d'énergie et d'obtenir une huile essentielle de meilleure qualité car seules les fleurs sont distillées. On récolte moins vite qu'avec une ensileuse (2 km/h en moyenne) mais on vide deux fois moins la caisse à fond mouvant. Et le rendement en huile essentielle par caisson est bien plus important. »

Meilleur rendement à la distillation

Samuel Hugues explique le fonctionnement de l'Espieur.

Alexandre Mirabel, agriculteur et entrepreneur en travaux agricoles à Bidon (07), a lui aussi investi en 2016 dans un Espieur. Il a effectué une démonstration le 13 juillet à Montségur-sur-Lauzon, sur une parcelle de grosso de sept ans. « Je ne regrette pas mon investissement, confie-t-il. La machine marche très bien et j'ai beaucoup de demandes de récolte à façon ». Alexandre devrait couper cette année entre 80 et 100 hectares chez ses clients.
A Montségur, la parcelle de deux hectares a été coupée en six heures. La surface récoltée a rempli un caisson de 28 mètres cube (bien plein). Après 45 minutes de distillation et 3 500 kg de vapeur injectée, le rendement au caisson a atteint 265 kilogrammes d'huile essentielle. Il aurait fallut deux caissons de 28 m3 et 6 000 kg de vapeur (soit 2 500 de plus) pour obtenir le même rendement avec une récolte à l'ensileuse.

Apport de matière organique

Vue du mulch de tiges broyées. Les hampes florales non récoltées sont broyées et laissées sur le sol entre les rangs de lavandin, ce qui limite les exportations d'éléments minéraux (la potasse en particulier). Cela constitue aussi un apport de matières organiques sous forme de mulch protecteur pour le sol. Ce mulch se dégradera progressivement par l'activité biologique du sol et restituera des éléments minéraux à la culture. Ainsi, il doit être possible d'augmenter la fertilité des sols et de diminuer la fertilisation d'une lavanderaie récoltée avec l'Espieur (comparé à une parcelle récoltée avec une autre machine). La chambre d'agriculture de la Drôme va faire réaliser des analyses de minéraux contenus dans les tiges, ceci afin de déterminer les économies possibles en éléments fertilisants.

Trois machines en Drôme

Les feux sont donc au vert pour que l'Espieur continue à se développer. Il y avait sept machines en activité en 2016 et sept autres ont été commandées cette année. Dans la Drôme, trois Espieurs sont en service. Le Crieppam et la SARL Clier continuent de travailler à l'amélioration de cette récolteuse, notamment pour limiter la consommation de puissance hydraulique par le système de broyage des tiges. Dans les années à venir, l'élaboration d'un Espieur multi-rangs permettrait d'améliorer le débit du chantier de récolte et concurrencer les ensileuses trois rangs.

 

(1) Crieppam : Centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales (adresse : Les Quintrands à Manosque- tél : 04 92 87 70 52).
(2) SARL Clier : située à Malaucène (84) (tél : 04 90 36 19 21).

 

Plus d'informations auprès des conseillers spécialisés Ppam de la chambre d'agriculture de la Drôme : Pierre-Yves Mathonnet (tél : 06 20 88 81 06 - mail : [email protected]) et Cédric Yvin (tél : 06 27 61 31 55 - mail : [email protected]).

 

Prochain rendez-vous « Bout de champ Ppam » le mercredi 27 septembre de 14 à 16 heures à la ferme expérimentale Ardema de Mévouillon. Au programme : visite des essais en lavande, lavandin, thym, origan vert, carvi.

 

Innovation / En Drôme, plusieurs machines à récolter les lavandes ont été équipées de « chasse-abeilles » cette année. Témoignages.

 Un « chasse-abeilles » sur les récolteuses à lavande

 Apiculteurs et lavandiculteurs ont souvent l'occasion de se croiser au moment de la floraison des lavandes et lavandins. En effet, le miel de lavande est un produit emblématique et très recherché par les consommateurs. Cependant, lors de la récolte des parcelles, les nombreuses abeilles qui sont en train de butiner se font parfois piéger par la récolteuse. Les pertes peuvent être significative pour les colonies. Le Crieppam, en collaboration avec l’Adapi et la société Clier, a mis au point un système très simple de « chasse-abeilles » qui permet de diviser par deux le nombre d’abeilles piégées. Il s'agit de deux barres qui se fixent sur le bec des récolteuses et qui brossent les épis pour chasser les abeilles juste avant la coupe. Plusieurs machines ont été équipées dans la Drôme cette année. Le dispositif a notamment été installé sur la récolteuse de la cuma Diois Horizon Bleu, qui récolte les parcelles du bassin de Die et de la commune de Chamaloc.
 Maintien d'un équilibre dans les colonies
Jérôme et Céline Alphonse, apiculteurs professionnels à Die (Gaec L'abeille du Vercors), utilisent un emplacement sur la commune de Chamaloc pour 150 colonies. Ils visent principalement la miellée de lavande. « La collaboration avec le Gaec des 4 vallées, qui cultive la lavande, est excellente, expliquent-ils. L'installation d'un chasse-abeilles est réellement un plus. Il permet de maintenir un équilibre au niveau des générations d'abeilles dans les colonies et ainsi de voir venir l'automne et la préparation de l'hiver sereinement. »
L’acquisition de ce matériel peut être aidé dans certaines conditions. N'hésitez pas à prendre contact avec votre technicien de la chambre d'agriculture ou directement avec le Crieppam.
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