Département : un contexte financier contraint

La séance publique du 25 janvier de l'assemblée départementale a largement été consacrée au débat d'orientation budgétaire. Le budget primitif sera au vote à la prochaine séance, le 15 février. A cette séance, Jacques Ladegaillerie, vice-président chargé des finances, du personnel et de l'administration, a présenté le projet de budget. Il sera contraint en raison de la baisse de la dotation de l'Etat (DGF) de 27,5 millions d'euros sur les années 2014 à 2017. Mais aussi de la hausse des dépenses de solidarité du Département : davantage de bénéficiaires du RSA (près de 68 millions d'euros) et de l'Apa (54 millions d'euros). S'ajoute « l'auto-contrainte » de ne pas augmenter les taux d'imposition du Département pendant le mandat, a rappelé son président, qui affiche la volonté d'une gestion rigoureuse des finances. Toutefois, malgré les contraintes financières, le Département de la Drôme « n'est pas trop endetté, a la possibilité de mener une politique d'investissement active ». Ses finances sont plutôt saines et sa capacité d'investissement pour l'emploi et l'économie non négligeable.
Une nouvelle donne
« L'exécutif est conscient que, s'il ne prend pas de mesures fortes pour limiter les dépenses de fonctionnement, il amènerait le collectif dans des difficultés financières », a noté Patrick Labaune. Alors il propose une nouvelle donne : « freiner les dépenses de fonctionnement et activer les dépenses d'investissement ». D'abord « donner l'exemple en limitant le train de vie de l'exécutif » : une baisse de 10 % des indemnités et des dépenses de communication, de 50 % du budget de formation des élus de la majorité, de 40 % des effectifs du cabinet, un exécutif de 10 vice-présidents au lieu de 11, pas de vœux décentralisés en 2016, le président « paie ses repas »... Patrick Labaune estime ces économies à 561 000 euros par an, soit 3 366 000 euros sur le mandat.
Moins de dépenses
Moins de dépenses aussi avec la fermeture de la station de Valdrôme en hiver (déficit de l'ordre de 400 000 euros de fonctionnement par an). Concernant les pompiers, qui sont d'ailleurs venus manifester devant l'hôtel du Département pendant la séance publique, « avec 70 % des dépenses consacrées au fonctionnement, le Sdis ne peut faire face aux augmentations contraintes sans mesures d'économie, a remarqué Patrick Labaune. Il n'existe plus de marges de manœuvre sans activer les regroupements de centres ». Nommé vice-président en charge de l'économie, du tourisme et du Sdis (en remplacement de Nicolas Daragon, démissionnaire suite à son élection à la Région), Laurent Lanfray a indiqué à ce sujet : « Des accords ont été trouvés pour la plupart des regroupements concernés. Il reste trois points bloquants : Montélier, Malissard et Saulce ». Pour les pompiers professionnels, 18 suppressions de postes sont ciblées. « Le plan proposé ne met pas la population en danger, a assuré l'élu. Il n'y a pas de dégradation opérationnelle ». Des économies sont aussi prévues au niveau du personnel du Département.
Aide à l'économie, l'agriculture et aux communes
Concernant les actions du Département vis-à-vis de l'agriculture, de l'économie, la loi Notre va quelque peu les limiter. « Les présidents des chambres d'agriculture, de commerce et d'industrie ainsi que des métiers doivent nous rencontrer prochainement pour nous proposer "un plan départemental innovant pour le développement économique", a indiqué Patrick Labaune. L'esprit et la forme nous conviennent. Nous verrons ce que nous pouvons faire dans le cadre de la loi. »
L'aide aux communes, elle, « sera maintenue cette année mais nous avons une épée de Damoclés sur la tête ». C'est ce qu'a confié Marie-Pierre Mouton, vice-présidente en charge de l'aménagement du territoire et de l'aide aux communes.
Des leviers économiques
Comment accompagner les Drômois et les entreprises. Pour Patrick Labaune, les voies de communication sont une des clés. Il voit des leviers de développement économique dans, entre autres : l'aéroport de Valence-Chabeuil (augmenter et diversifier son activité), une gare TGV à Allan, deux sorties d'autoroute supplémentaires (à Saint Uze et Pierrelatte), la déviation Loriol-Livron entre autres, le transport fluvial... Autres leviers économiques : les technologies dut numérique, le patrimoine culturel (château de Grignan) et les espaces naturels sensibles (parc de Lorient, auberge des Dauphins à la forêt de Saoû, montagne de Saint Maurice à Dieulefit, projet en cours de réflexion sur le Vercors).
Enrayer la désertification médicale, le président du Département en fait aussi un engagement. Et il a annoncé deux « petites révolutions ». L'une est de proposer aux allocataires du RSA de faire du bénévolat auprès d'associations (sportives, culturelles, caritatives...), pour les « mettre en contact avec le circuit économique, dans la vie sociale ». L'autre, qui lui « tient à cœur », est de créer dans la Drôme une maison pour personnes handicapées vieillissantes (un terrain a été trouvé à Livron).
Annie Laurie
DGF : dotation générale de fonctionnement.
RSA : revenu de solidarité active.
Apa : allocation personnalisée d'autonomie.
Sdis : service départemental d'incendie et de secours.
Loi Notre : nouvelle organisation territoriale de la République.