Des agriculteurs qui se démarquent

Pour la seconde fois, des agriculteurs qui se démarquent par leur savoir-faire, leurs résultats technico-économiques et socio-environnementaux ont été mis à l'honneur dans le cadre des « Talents Tech&Bio ». Leur repérage s'est fait avec la méthode Idéa, laquelle permet de caractériser la durabilité d'une exploitation agricole. Quarante entreprises à travers toute la France ont été sélectionnées et visitées par des experts. Quinze ont finalement été reconnues comme Talents et leurs représentants se sont venus témoigner au salon Tech&Bio, le 24 septembre.
Se démarquer
La motivation de Yves Dietrich, viticulteur dans le Bas-Rhin, était de vinifier en bio, ce qu'il fait depuis une quinzaine d'années. « Je voulais valoriser mes vins en me démarquant pour mettre en avant l'expression du terroir », a-t-il expliqué. Réduire l'impact de son activité sur le milieu est un leitmotiv pour lui. Pour limiter le recours au cuivre et au soufre, il fera des essais à base d'huiles essentielles, une pratique utilisée en arboriculture. Depuis 2013, il est épaulé par des chercheurs de l'Inra qui se chargent des protocoles expérimentaux. Actuellement, il n'applique que 0,5 kilo par hectare de cuivre sur des parcelles en test.
Pour Arlette Martin et son mari, à la tête d'un élevage de 900 brebis dans les Alpes-de-Haute-Provence, leur motivation était d'éviter l'achat de compléments alimentaires. En 2003, ils se sont lancés dans la production de graines germées (seigle, orge, blé, vesce, avoine, pois fourrager, maïs). « Les germes sont plus digestes, cela évite l'acidose, a expliqué l'éleveuse. Cela augmente la croissance et la fertilité et nous permet de dessaisonner la reproduction. On a des résultats exceptionnels mais ce procédé artisanal demande beaucoup de travail et de rigueur. »
De meilleures valorisations
En Saône-et-Loire, Julien Taton produit des céréales panifiables bio qu'il transforme en farine. Cela lui permet d'obtenir une bien meilleure valorisation. « Avec 40 quintaux de rendement, transformer à la ferme est plus rémunérateur que 70 sans transformer », a-t-il confié. Il presse aussi ses colzas, tournesols et sojas. Au champ, il applique, entre autres, des techniques de non-labour, sa volonté étant d'aller vers une stratégie d'autonomie avec ses sols.
Obtenir une meilleure valorisation de leurs productions grâce à l'agriculture biologique était aussi l'objectif des associés du Gaec des Marzelles, en Loire-Atlantique. « Avec l'école vétérinaire de Nantes, nous avons travaillé sur le parasitisme pour éviter l'antibiorésistance, a indiqué Pierre-Luc Pavageau. Nous utilisons moins d'ensilage et plus de foin et obtenons de meilleurs résultats économique et humain (un nouvel associé a intégré le Gaec – ndlr), tout en conservant la performance technique. »
« Zéro travail »
Dans le Finistère, l'EARL Guézenoc, qui produit des légumes bio, a fait le choix d'allonger les rotations et d'augmenter la diversité des productions. « Nous avons remis plus de vie dans le sol, notamment avec des couverts végétaux et des fertilisants naturels comme les algues », a expliqué Georges Guézenoc.
Céréaliers et éleveurs dans le Tarn, Philippe Nouvellon et son associé ont décidé de convertir leur exploitation en bio après la crise de l'ESB, en 2001. L'objectif était de rassurer leurs clients (vente directe). Après s'être séparés des bêtes depuis peu, ils se concentrent sur la rentabilité de leur méthaniseur et l'amélioration du semis direct sous couverts végétaux. « Nous ne sommes pas en zéro labour mais en "zéro travail" », a expliqué Philippe, qui estime que certaines techniques de travail du sol n'en sont qu'à leurs balbutiements.
« Vous donnez une image moderne de l'agriculture en ayant mis en œuvre des solutions innovantes », a déclaré Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme, au moment de la remise des trophées. Le représentant de la Compagnie nationale du Rhône, co-partenaire de l'opération, a également salué l'innovation dans les parcours de ces exploitants.