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Chambre d'agriculture

Des ambitions pour l'installation en agriculture

En faisant témoigner diverses organisations agricoles lors de sa session de fin d'année, la chambre d'agriculture a souhaité rassembler autour d'une ambition en faveur du renouvellement des générations.
Des ambitions pour l'installation en agriculture

Pour sa dernière session de l'année, la chambre d'agriculture a présenté ses ambitions pour l'installation agricole en Drôme. Paul Despesse (vice-président en charge de l'installation, la transmission et la formation), Sandrine Roussin (élue chambre d'agriculture et représentante de Vivea Auvergne-Rhône-Alpes) ainsi que Sébastien Richaud (président de Jeunes Agriculteurs Drôme) ont animé le débat. Et plusieurs intervenants ont apporté leurs points de vue, à partir desquels ont été énoncées des priorités. Avec 214 installations en 2016 (hors transferts entre époux), « constat est fait d'une bonne dynamique sur la Drôme, a indiqué Henry Jouve, président de la MSA Ardèche-Drôme-Loire. Ce qu'a confirmé la directrice du CFPPA de Die en évoquant « un département très attractif avec de plus en plus de diplômés s'orientant vers des BPREA(1), notamment dans le cadre d'une reconversion professionnelle ». Cependant, « malgré des niveaux élevés de formation, les candidats au métier d'agriculteur(trice) manquent fréquemment d'expérience en matière de gestion agricole et de pratique professionnelle », a fait observer Sandrine Roussin. D'où la nécessité d'améliorer la professionnalisation des porteurs de projets agricoles, en particulier ceux s'installant hors-cadre familial, nombreux en maraîchage et Ppam(2).

Sanctuariser le foncier agricole

Paul Despesse, Sébastien Richaud et Sandrine Roussin ont animé le débat sur les ambitions drômoises en faveur de l'installation en agriculture, le 24 novembre au siège de la chambre d'agriculture.
© Journal L'Agriculture Drômoise

L'accès au foncier est un autre point clé d'une installation. Sur les 400 jeunes reçus en 2016 au Point accueil installation, 160 avaient du foncier. « Même si les jeunes sont prioritaires pour l'attribution de terres au sein du schéma des structures, chaque projet d'installation doit être bien étudié », a considéré Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture. Il a fait part des difficultés à arbitrer entre consolidation d'exploitations et installation. Il a aussi mis en avant l'intérêt de la médiation foncière et, surtout, de la concertation locale. De plus, il a regretté que « trop d'exploitants passent outre une réglementation des structures qui devrait s'imposer à tous ». Dans ses priorités, la chambre d'agriculture estime nécessaire de sanctuariser le foncier agricole dans les documents d'urbanisme ainsi que de rétablir des aides aux propriétaires pour la conclusion de baux. En lien avec la Safer, elle souhaite amplifier des synergies avec les collectivités locales. Dans ce but, une convention a été signée (voir ci-.....).

Soutien par les filières

Soutenir l'installation par les filières reste une piste à développer. Et la chambre d'agriculture se met à la disposition des opérateurs économiques pour analyser les opportunités au regard de la pyramide des âges, les cessions-reprises d'exploitations, la dynamique des filières... En Drôme, l'aviculture continue à se développer. « Lors d'une installation familiale, la création d'un atelier hors-sol est une excellente opportunité pour intégrer un nouvel associé, a expliqué Frédéric Moze, responsable technique chez Duc. Et hors cadre familial, la reprise d'un outil existant est intéressante car c'est une production économe en foncier et contractualisée. » Encore faut-il que les projets ne soient pas bloqués par des réactions de riverains hostiles... Selon Paul Despesse, « des opportunités existent. Il est important que les opérateurs contractualisent et que les outils d'exploitation conservent de la viabilité pour rester transmissibles. »

Accompagner la diversité

Pour la chambre d'agriculture, accompagner la diversité des projets est un élément clé de son ambition. Cela demande une analyse fine avec, notamment, la recherche de références techniques, la sécurisation des productions (contre les aléas climatiques, économiques) et leurs débouchés. Pour chaque projet, le risque doit être bien mesuré et « les études économiques ne peuvent se résumer à un business plan ». Tous projets confondus, l'investissement à l'installation représente en moyenne 250 000 euros. « Ce n'est que 60 000 euros dans le commerce, a indiqué Cécile Durant, responsable du financement agricole au Crédit Agricole Sud Rhône Alpes. La capitalisation est donc plus lourde en agriculture et le retour sur rentabilité plus long. D'où la nécessité d'investissements les plus réfléchis possibles. » De plus, « à notre époque, il est difficile de se projeter à quatre ans. C'est un verrou à faire sauter dans les plans prévisionnels d'installation», a estimé Jean-Pierre Cotte, vice-président de cette banque.

Nouvelle charte installation

Bien qu'il soit encore trop tôt pour mesurer l'impact de la nouvelle grille de la dotation jeune agriculteur (DJA), plusieurs intervenants ont souligné l'interêt des aides à l'installation. « Celles-ci contribuent à la solidité d'un projet, a souligné Sébastien Richaud. Mais c'est un système complexe qu'il faut s'attacher à simplifier, en donnant notamment de la souplesse sur les avenants compte tenu des aléas en agriculture ». Reconnaissant cette complexité, Dominique Chatillon, chef du service agriculture à la DDT(3), a toutefois estimé bénéfique qu'un jeune agriculteur puisse à nouveau regarder son projet après quelques années. La responsabilisation des cédants a aussi été évoquée. « Il faut qu'ils puissent s'engager pleinement dans leur cession d'exploitation », a considéré Henry Jouve, suggérant l'idée d'une aide spécifique.
« Nous sommes dans une orientation politique forte avec pour ambition des installations diversifiées, viables et vivables sur l'ensemble du territoire drômois et des filières, avec des jeunes bien insérés dans leur environnement local », a conclu la présidente de la chambre d'agriculture. Et d'annoncer une réécriture de la charte départementale à l'installation courant 2018.

Christophe Ledoux

(1) BPREA : brevet professionnel responsable d'exploitation agricole.
(2) Ppam : plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
(3) DDT : direction départementale des territoires.

 

Convention /

Chambre d'agriculture et Safer

Les signataires de la convention chambre d'agriculture-Safer, le 24 novembre : Jacques Chazalet (président de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes), Marc Fauriel (président du comité Drôme de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes) et Anne-Claire Vial (présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme).
© Journal L'Agriculture Drômoise
Le foncier, c'est le nerf de la guerre en agriculture. Aussi, la chambre d'agriculture et la Safer souhaitent renforcer leur coopération. Pour cela, les deux organismes ont signé une convention de partenariat, le 24 novembre. « En plus de nos missions traditionnelles pour l'agriculture, nous sommes aussi un outil au service des collectivités territoriales, a souligné Marc Fauriel, président du comité Drôme de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes. Un outil de gestion du foncier. » La chambre d'agriculture, elle, est consultée pour avis sur des documents d'urbanisme. Elle mène aussi des actions auprès des collectivités locales.
« Cette convention est importante pour assurer et poursuivre la mise en œuvre d'une collaboration destinée à porter un modèle d'agriculture à la française, a déclaré le président de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes, Jacques Chazalet. Un modèle qui a montré son efficacité dans l'aménagement du territoire, la diversité des systèmes d'exploitation, la performance économique. »