Des bancs d’essais de houes maraîchères qui roulent
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On retrouve encore, dans les fermes, quelques vestiges de vieilles houes à roue venues du continent américain. La société Planet JR aux USA en a commercialisé dès la fin du 19e siècle aux maraîchers jardiniers de la côte Est, lorsque les chevaux ont disparu des fermes. À l'époque, ces outils étaient destinés à remplir de nombreuses fonctions rendues possibles par une panoplie d'accessoires (butoirs, griffes, lames et même semoirs). Un siècle plus tard, les houes ont retrouvé leur place avec le maraîchage biologique et sont même redevenues indispensables pour l'entretien des cultures. Selon les contextes, les maraîchers bio utilisent plus ou moins leur houe. Elles servent, presque sur toutes les fermes, pour les interventions où les binages mécaniques sont trop risqués (inter-rang étroit, cultures fragiles, légumes à pousse lente). Les carottes, par exemple, sont les plus concernées. Alors que d'autres maraîchers, peu mécanisés et sur petites surfaces, usent leurs houes sur presque toutes les cultures. Cet outil est composé d'une roue à l'avant pour porter le poids de l'outil, d'un guidon au bout d'un manche pour permettre à l'utilisateur de travailler en gardant le dos droit et d'un système de fixation pour différents outils, facilement interchangeables : sarcloir oscillant, sarcloir patte-d'oie, griffe, buttoir, herse étrille, etc.
Des houes maraîchères misent à l'essai
Inspirées de leurs aînées, les houes maraîchères « modernes » et leurs accessoires fleurissent chez les constructeurs et revendeurs de matériel agricole, mais il est plutôt difficile de s'y retrouver. Pour tenter d'y répondre, des maraîchers bio se sont retrouvés au début de l'été 2017 autour de plusieurs modèles de houes pour tester, confronter et discuter des avantages et inconvénients de chacune. Au total, ce sont 10 modèles différents qui ont été apportés par des maraîchers eux-mêmes. Ce large panel composé de vieilles houes, de modèles autoconstruits et de houes commerciales a permis un comparatif assez complet. Chaque propriétaire de houe a pu présenter son outil et l'utilisation qu'il en faisait avant de passer à la phase test au champ. À l'issue des tests et des échanges, les participants ont pu remplir une fiche avec leurs observations sur les différents critères de maniabilité, ergonomie, robustesse, polyvalence, précision, prix... (voir tableau ci-contre).
Rémi Colomb, technicien maraîchage à l'Adabio-Frab Aura
(1) Bio&eau, CDA38, Atelier Paysan, GTPL
Ce qu’il en dit / Jacques Brochier, maraîcher à Montagnieu (Isère)
« Travailler avec ce type d’outil est agréable »
« J’utilise un pousse-pousse depuis plus de 15 ans. Travailler avec ce type d’outil est un moment très agréable, on est debout avec le dos droit. De plus, c’est très efficace, je gagne un temps fou par rapport au passage d’outil manuel de type binette à manche. J’ai acheté une houe à pousser chez Tom Press très rustique car exclusivement métallique. Je l’équipe de lames oscillantes de trois dimensions différentes adaptées à la diversité des cultures. Sa légèreté me permet même de passer facilement en inter-plants (perpendiculaire à la ligne de plantation) pour les cultures espacées comme les courges, choux et blettes. En cours de sarclage, la lame et la ligne de culture sont bien visibles, je gagne ainsi en précision. Je favorise l’implantation en plants mottes, qui permet de passer quelques jours après très près des plants avec la lame oscillante sans avoir peur de les bousculer. Et le secret, c’est d’intervenir tôt lorsque les herbes sont à peine sorties. Sur semis, c’est plus délicat, mais cela reste très efficace. Par exemple, sur mes carottes de conservation qui ont bénéficié d’un bon faux semis avec occultation ou solarisation, je passe une première fois lorsque les lignes de semis sont bien visibles avec une lame oscillante pour épuiser les liserons et sarcler les jeunes adventices. Un second passage à la main permet de retirer les quelques liserons restants. Enfin, un dernier passage avec ma deuxième houe équipée d’une griffe, lorsque les carottes sont à un stade bien avancé, permet de détruire les nouvelles adventices et d’aérer le sol. Je reste cependant prudent sur l’utilisation à long terme qui peut causer des douleurs aux poignets. Alors, à quand la houe légère, maniable et à assistance électrique ? »TÉMOIGNAGE / Philippe Metral, maraîcher à Montagny-les-Lanches (Haute- Savoie).“ Les matériaux utilisés aujourd’hui rendent l’outil plus léger ”
«Au Pré ombragé, nous utilisons depuis le début la houe maraîchère que nous appelons « véloculteur » ou « vélo-sarcleur ». Même si aujourd’hui, avec l’agrandissement de la surface cultivée et l’achat d’une bineuse tractée, nous ne l’utilisons plus pour les grandes surfaces (oignons, poireaux), nous apprécions encore sa précision et sa facilité d’utilisation dans les cultures fragiles (semis de carottes, navets, betteraves) et les mini-mottes (salades, épinards, fenouils). Le test au champ collectif sur les houes maraîchères qui a eu lieu chez nous m’a permis de tester plusieurs modèles anciens et récents et si le principe reste le même, je constate que les matériaux utilisés aujourd’hui rendent l’outil plus léger. Cela m’a donné l’envie de remiser mon vieux vélo bricolé pour fabriquer un nouvel engin en m’inspirant des bonnes idées vues sur les houes du commerce et d’essayer de le faire évoluer avec d’autres outils (doigts kress) ou aussi la possibilité de travailler en déporté.
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