Des bâtiments avicoles chauffés au bois

Depuis 2010, la SCEA du Signol, implantée à Loriol-sur-Drôme, s'est dotée d'une chaudière à biomasse bois d'une puissance de 200 kW. La réflexion était engagée depuis 2007. Un prestataire leur avait soumis cette idée. Dans le même temps, la réfection d'un bâtiment était envisagée. Avant de s'équiper, les deux exploitants – Yaelle et Jean-David Sautel – ont souhaité avoir des retours d'expériences et se sont donc déplacés en Bretagne visiter des élevages déjà équipés. Convaincus, ils ont franchi le pas. L'installation alimente depuis trois de leurs bâtiments (d'une superficie totale de 2 400 m²) par un réseau d'eau chaude. Montant de l'investissement : 100 000 euros HT. L'exploitation a pu compter sur le soutien financier de plusieurs organismes, tels l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) – à hauteur de 14 000 euros –, du Département de la Drôme (6 800 euros) ainsi que de la Région Rhône-Alpes (PPE, 16 000 euros). Une pré-étude, dont le montant s'élevait à 2 000 euros, a également été nécessaire. Près de 70 % de celle-ci ont été pris en charge par l'Ademe.
Valoriser le bois local
« Pour les dix années à venir, je vais payer le même prix que le gaz. L'installation sera en effet amortie au bout de dix ans. Mais après cette période, mes coûts de chauffage seront divisés par trois, voire quatre », lâche Jean-David Sautel. Pour lui, l'impact économique n'était pas le premier critère, même s'il ne restait pas insensible aux variations du cours du pétrole. L'exploitant préférait cependant le bois, « plutôt que d'utiliser du gaz provenant du Maroc. Il y a beaucoup de bois dans la région, les maisons se chauffent d'ailleurs au bois. C'est une façon de valoriser celui qui n'est pas utilisé par ces dernières », indique-t-il encore. Sont ainsi utilisés essentiellement le peuplier et le cyprès.
Chaque année, ce sont au total 90 tonnes qui sont nécessaires, soit environ 360 map de bois (mètre cube apparent de plaquettes). L'exploitant récupère 120 map de bois (coupeaux et sciures) auprès d'un menuisier local, une benne étant laissée sur place. Le reste est récupéré auprès de connaissances. Un bois qui sera par la suite déchiqueté par un prestataire et séché dans un hangar de stockage de 170 m² (taux d'humidité du bois après séchage d'environ 25 %). « Le hangar est capable d'abriter la consommation de 18 mois », précise l'exploitant. Cela représente annuellement environ 250 mètres de bordures (200 peupliers). Le temps consacré au bois (ramassage, transport, transfert) est d'une semaine et demi par an. Douze heures par an sont consacrées au broyage (facturé 200 euros par heure).
Une vraie valeur ajoutée
Concrètement, la chaudière produit de l'eau chaude qui est ensuite acheminée vers les réseaux de chauffage. Chaque bâtiment a son propre réseau. L'eau – d'une température de 85 degrés – est transférée grâce à des tuyaux isolés (50 mm de diamètre) dans un réseau souterrain de 250 m. La chaleur est diffusée grâce à deux aérothermes (2 x 50 kW dans chaque bâtiment). La chaudière biomasse est par ailleurs connectée. En pleine puissance, jusqu'à 60 m3 par semaine peuvent être utilisés. L'exploitant peut à tout moment vérifier ce qu'il se passe, sur un écran de contrôle, son ordinateur ou sur son smartphone.
Outre la chaufferie (un local de 20 m²), a également été construit un silo (25 m² au sol pour 60 map), qui alimente la chaudière. Si l'installation d'une chaudière s'avère être « plus compliquée que le gaz », l'exploitant assure qu'il s'agit là d'une vraie valeur ajoutée. La chaleur sèche de l'aérotherme assure notamment une litière et un air secs. Des éléments qui semblent, d'après M. Sautel, être plus simples à gérer. La distance entre les bâtiments n'est selon lui pas un frein à ce genre d'installation, la perte de température de l'eau dans le réseau de chaleur étant très faible. Mais la réalisation du réseau souterrain peut toutefois être un poste important. Cette installation s'avère être par ailleurs d'autant plus rentable lorsque les besoins en chaleur sont importants.
Au niveau de l'entretien, les exploitants notent qu'ils gagnent en temps et en argent. « Nous n'avons pas besoin d'échangeur grâce aux aérothermes. Or, lors des lavages, il y a parfois des suppléments dans ce cas. Par ailleurs, la poussière des aérothermes s'enlève facilement », notent-ils. Seul inconvénient constaté : l'électricité. « Nous sommes dépendants du fournisseur d'électricité, souligne Jean-David Sautel. Sans courant, il n'y a plus de chauffage. Certes, nous avons un groupe électrogène de secours mais nous n'avions pas ce souci avec le gaz. »
Aurélien Tournier