Des contrôles pour un véritable partage des marges

Depuis plusieurs mois, FDSEA et JA de la Drôme alertent les pouvoirs publics et les enseignes de la grande distribution sur les trésoreries tendues de nombreux producteurs, toutes filières confondues. Nombreux sont ceux qui ne peuvent plus honorer leurs charges du fait de prix à la production agricole trop dégradés. Les variations de cours ne sont pas ou que partiellement répercutées sur les prix à la consommation, qui eux restent stables. FDSEA et JA fustigent la guerre des prix que se livrent les industriels et la grande distribution sur le dos des agriculteurs. Les deux syndicats constatent, par exemple, un recul de 6 % pour les bovins et de 8 % pour les porcins alors que les prix au détail, eux, sont en hausse d'environ 1 %. Au sein de la filière céréalière, le prix du blé tendre atteignait 214 euros la tonne en 2012 et plus que 160 €/tonne en mai 2015. Pour autant, le prix de la baguette, lui, n'a pas changé. « La meunerie et le reste de l'aval améliorent leur marge brute », constatent les deux syndicats. Quant aux fruits et légumes, les prix à l'expédition et ceux au détail sont en baisse, tout comme la marge brute.
Toujours des produits d'Espagne...
Aujourd'hui, les agriculteurs demandent que les prix à la production prennent en compte les coûts de production. Le 2 juillet en fin d'après-midi, FDSEA et JA ont organisé une première action de contrôle des prix en magasins. L'opération s'est déroulée à Crest, d'abord au Casino puis à l'Intermarché. Une quinzaine d'agriculteurs étaient sur place. On notait la présence du député-maire de la commune, Hervé Mariton, venus pour « comprendre les raisons de la grogne des producteurs, relayer l'information et soutenir les agriculteurs face à un contexte économique de plus en plus dramatique ».
« Même si beaucoup de produits sont d'origine française, ils ne proviennent pas forcément de notre région et de notre département, ont constaté les producteurs au Casino. De nombreux fruits et légumes (pêches, aubergines, tomates...) arrivent toujours d'Espagne. Ce qui est aberrant lorsque l'on connaît la diversité de production du département drômois, communément appelé "petite France" », ont-ils regretté. Même constat pour les œufs, en provenance de l'Allier pour les bio et de la Somme pour une bonne partie des conventionnels. « Pourquoi aller si loin alors que nous avons des producteurs d'œufs dans la Drôme ? », ont déploré les producteurs. A l'Intermarché, ils ont pu constater que la provenance des produits drômois était effective, avec le nom du producteur. « C'est une belle initiative qui met en avant nos produits locaux, se sont-ils réjouis. S'approvisionner en local serait vraiment plus couteux pour les GMS ? Nous n'en sommes pas si sûrs... »
D'autres actions étaient annoncées cette semaine sur les secteurs de Romans et Die.