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Elevage laitier

Des éleveurs ont échangé sur l’organisation du travail

Le sujet n’était pas évident : parler du travail en élevage laitier. Avec plus de cinquante personnes mobilisées, la journée organisée à Tournon (07) par Adice, la MSA et la chambre d’agriculture a été une réussite. Des besoins d’échanges et d’accompagnement ont été pointés. Reste à transformer l’essai.
Des éleveurs ont échangé  sur l’organisation du travail

En préambule de la journée sur l'organisation du travail en élevage laitier, le 9 novembre à Tournon-sur-Rhône (07) par Ardèche-Drôme-Isère Conseil élevage (Adice), Josiane Voisin, ergonome, s'est appuyée sur un film présentant, à travers les témoignages de quatre élevages et sept éleveurs, les problématiques du travail en élevage laitier. Cela lui a permis d'insister sur deux points. Tout d'abord, sur le fait qu'être exploitant agricole est un métier à multi-facettes. « L'éleveur a au moins trois casquettes qu'il doit assumer, a-t-elle expliqué. Dirigeant, il doit définir la stratégie de son entreprise, négocier avec ses fournisseurs, la banque, prévoir des investissements. Cadre, il doit décider du mode d'organisation, des tâches à réaliser au quotidien et à différentes périodes de l'année. Opérateur, il doit savoir traire, donner à manger aux animaux ou encore labourer, semer ou faire les foins. Sans s'en apercevoir l'éleveur réalise toutes ces missions au quotidien. C'est d'autant plus vrai quand il est seul sur son élevage. En association ou avec des salariés, il faut aussi savoir gérer les relations humaines. »

Définir sa propre stratégie

Les éleveurs doivent aussi décider des priorités de leur exploitation en lien avec leurs propres objectifs personnels. Le tout combiné permet de préciser la stratégie de son élevage et les actions pour l'atteindre. « S'il n'y aucune priorité affirmée sur les conditions de travail, les horaires et le temps de repos, il y a bien peu de chances que les conditions de travail soient bonnes et favorables à l'épanouissement des associés et des salariés », a fait remarquer Josiane Voisin. Ainsi que l'a résumé un éleveur dans la salle en reprenant une chanson bien connue de Johnny Halliday, « il ne faut pas "oublier de vivre" ». Ses propres objectifs doivent donc être au cœur de la stratégie de chaque exploitation. Ont suivi des échanges et témoignages avec les exploitants de quatre Gaec (de Lioux, des Lilas, de Baratons, de la Route panoramique).

« S’il n’y aucune priorité affirmée sur les conditions de travail, les horaires et le temps de repos, il y a bien peu de chances que les conditions de travail soient bonnes et favorables à l’épanouissement des associés et des salariés », a fait remarquer Josiane Voisin.

Des facteurs de réussite

Des points « clefs » de la réussite ont été débattus. Tout d'abord, il s'avère nécessaire de faire un point ou un bilan entre associés afin de déterminer ce qui marche, ce qui fonctionne moins bien, chiffrer le temps passé, clarifier les besoins de chacun en termes d'horaires, de congés ou de charge de travail. Ensuite, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner. Pour faire un bilan plus approfondi (démarche Actel avec Adice) ou plus précis avec un ergonome par exemple ou les conseillers MSA ou chambre d'agriculture. Ce regard extérieur peut être un catalyseur du changement ou un facilitateur dans le groupe. Cette problématique du travail est à discuter impérativement en amont de l'installation. Autre point à prendre en considération, le changement de posture. Il faut oser se faire accompagner, dire les choses, se faire aider, déléguer certaines tâches ou embaucher un salarié, mettre ses objectifs au premier plan, les affirmer. Bref, se remettre en question. S'organiser est également essentiel dans la mesure où chaque éleveur est son propre patron. Aussi, l'organisation au quotidien, la traite, le travail d'astreinte doivent être réfléchis pour réduire la pénibilité. La simplification des tâches est une voie comme peut l'être les investissements (DAC*, alimentation, traite..).

Solutions collectives et individuelles

Des solutions collectives existent, pour autant il faut les partager (Cuma, groupement d'employeurs). La réussite passe par le développement des échanges. D'autres solutions individuelles peuvent être apportées par le groupe. Une banque de travail « trucs et astuces » serait intéressante à partager. Face à certaines difficultés individuelles, les échanges permettent de libérer la parole, reprendre confiance et trouver des alternatives. Enfin, il faut communiquer positivement. Plusieurs éleveurs présents ont témoigné de leurs bonnes conditions de travail et leur plaisir à faire ce métier. Sans être idéaliste, il faut aussi passer des messages et des idées qui pourront donner envie à d'autres de modifier leurs pratiques.
Pour Adice, cette première journée en appelle d'autres. C'est l'engagement des partenaires présents de proposer, dès cet hiver, des rencontres plus approfondies sur des thématiques identifiées. Des formations seront proposées, des vidéos seront aussi réalisées. 

Jean-Philippe Goron, Ardèche-Drôme-Isère Conseil élevage
* DAC : distributeur automatique de concentré.