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Session chambre d'agriculture

Des élus consulaires inquiets et mécontents

Réunis le 15 septembre à Bourg-lès-Valence, les élus de la chambre d'agriculture ont terminé leur session d'automne par un bilan de campagne. Le mécontentement est quasi général.
Des élus consulaires inquiets et mécontents

Après les manifestations agricoles, « nous avons bien entendu les annonces du Premier ministre et nous serons droit dans nos bottes pour les voir s'appliquer, notamment en ce qui concerne le moratoire sur les normes », a prévenu la présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme, Anne-Claire Vial. Evoquant les servitudes dans les périmètres de protection des captages d'eau, « des choses inacceptables sont en train de s'écrire », a-t-elle dit avant d'ajouter, à propos de la réforme de la Pac : « On a dégoupillé une grenade. Rien qu'en Drôme, 65 000 anomalies sont constatées. Pour les seuls bois pâturés, par exemple, cela engendre 6 000 visites de terrain dans notre département ! » Et d'interroger : « Quand l'argent de la Pac sera-t-il versé aux agriculteurs ? »

L'élevage en crise profonde

Ce fort mécontentement du monde agricole envers ceux qui décident à Paris sans avoir les pieds sur terre, d'autres élus de la chambre d'agriculture l'ont exprimé. Didier Beynet a parlé des dégâts du loup : 54 attaques, 200 bêtes tuées et 150 disparues au 15 septembre. « Mais que faut-il faire ? », s'est-il désolé. Evoquant les erreurs d'étiquetage sur l'origine des produits, « il est temps que les GMS soient condamnées », a-t-il demandé. Quant à certaines cantines de la restauration collective où plus de 90 % des produits alimentaires sont d'origine étrangère, « que font les élus locaux ? », a-t-il tempêté.
En viande bovine, après les cours bas, Guy Péran a évoqué la sécheresse et les craintes que fait peser la découverte d'un foyer de fièvre catarrhale ovine (FCO) dans l'Allier. En élevage laitier, Thierry Ageron a témoigné d'« une crise profonde » avec un prix du lait identique à celui d'il y a vingt ans ! François Monge a fait le même constat pour la filière ovine avec des prix inférieurs de 20 à 30 centimes d'euro du kilo par rapport à 2014. « La FCO rajoute des difficultés et des charges », a-t-il indiqué. Par ailleurs, il s'est inquiété, tout comme Bernard Mandaroux, de l'absence de consignes à l'approche des fêtes de l'Aïd et de la saturation des abattoirs. En aviculture, Paul Despesse a fait part des baisses de prix demandées par la grande distribution alors qu'ils sont déjà insuffisamment rémunérateurs. Au sujet des salmonelles, onze cas ont été détectés à ce jour (contre dix-huit l'an dernier à la même époque).

De bonnes et moins bonnes récoltes

En viticulture, Pierre Combat a évoqué un « super millésime en qualité ». Seul petit bémol, des volumes en légère baisse dans le Sud-Drôme. En arboriculture, Bruno Darnaud a qualifié la saison fruits d'été de « globalement satisfaisante au plan commercial ». Les écarts de prix entre les pêches françaises et espagnoles ont été plus importants. L'abricot a davantage souffert de la canicule. Sur le dossier des « plans de campagne », il s'est inquiété de l'absence de réponses de Paris et s'est étonné que le solde 2014 des aides à l'assurance récolte ne soit toujours pas versé.
En céréales, Corinne Deygas a évoqué des rendements en berne, des cours au plus bas et des charges en hausse. Elle a souligné les effets catastrophiques de la canicule pour les parcelles non irriguées. En Ppam, Alain Aubanel a parlé de « bonnes récoltes » avec des « prix qui se tiennent ». Une dizaine d'exploitations ont cependant subi des pertes importantes après des attaques de chenilles. Enfin, en légumes, « la saison n'a pas été trop mauvaise », a confié Yvon Palayer. Cependant, le retrait de certaines matières actives inquiète les producteurs de pommes de terre et d'ail, notamment.

« Gérer en bonne intelligence »

« Nous poursuivons tous nos efforts pour une application intelligente de la Pac », a assuré le secrétaire général de la préfecture, Etienne Desplanques. Il s'est tout de même étonné que seulement 50 % des déclarants Pac aient demandé une avance de trésorerie remboursable. Peu d'éleveurs ont sollicité à ce jour les aides disponibles.
Au sujet de la sécheresse, l'évaluation des pertes est en cours. « Nous avons géré la ressource en eau en bonne intelligence en tenant compte des intérêts des irrigants », a-t-il par ailleurs indiqué. S'agissant du loup, il a qualifié l'été de « dramatique ». La prise d'un arrêté de prélèvement a été attaqué au tribunal administratif « mais nous avons gagné une nouvelle fois, ce qui créé de la jurisprudence », a-t-il fait remarquer. Un arrêté de tir de prélèvement renforcé a lui aussi été attaqué, le tribunal rendra son jugement le 30 septembre.
Concernant le moratoire sur les normes, « je ne manquerai pas d'en parler à l'Agence régionale de santé car il n'y a aucune raison pour que l'on soit plus restrictif que les autres », a-t-il estimé. Dans le but de prévenir les conflits, il a aussi évoqué la mise en place d'une cartographie des cours d'eau du département. Et à propos des salmonelles, « toute la filière doit rester très mobilisée », a-t-il souhaité.
Anne-Claire Vial a salué la volonté des équipes départementales d'accompagner les agriculteurs. Elle a également mis en avant le travail de proximité avec le conseil départemental pour accompagner, notamment dans le cadre de la loi Notre, l'agriculture sur les territoires.

Christophe Ledoux

Sécheresse / L'association Solidarité agricole Drôme a été réactivé pour venir en aide aux éleveurs dont les ressources fourragères ont été amenuisées voire anéanties par la sécheresse.

Du maïs semence a été ensilé

Canicule et sécheresse ont fait des dégâts. C'est le cas notamment des cultures fourragères mais aussi de certaines variétés de maïs semence qui n'ont pas fécondé suffisamment. Plutôt que de les broyer, le syndicat des producteurs de semence de maïs et sorgho (SPSMS) a proposé de les mettre à disposition des éleveurs. Un technicien de la chambre d'agriculture, Jean-Pierre Chevalier, est alors venu analyser la faisabilité de l'opération. « Il s'est avéré que ce produit est tout à fait exploitable, indique Céline Ferlay, élue de la compagnie consulaire. L'association Solidarité agricole Drôme a été réactivée. Les éleveurs ont été contactés et une chaîne de solidarité s'est mise en œuvre », ajoute-t-elle.
Le chantier s'est déroulé lundi dernier. Les 900 bottes commandées entre le 20 août et le 15 septembre par une vingtaine d'éleveurs de tout le département sont livrées cette semaine ou dans les tous prochains jours. « Outre des laitiers, une majorité sont des éleveurs allaitants », précise Céline Ferlay. Elle souligne la solidarité entre les filières ainsi que l'aide du Département pour la prise en charge des frais de transport. « Sans ce soutien, l'opération n'aurait pas eu la même envergure compte tenu de la crise en élevage. »