Des ensilages de maïs plante entière meilleurs que prévu

Les très fortes chaleurs de début d'été, sans aucune pluie sur certaines zones de la région, ont complètement desséché certaines parcelles de maïs. Des récoltes ont dû être anticipées, dès juillet. Les maïs non irrigués qui ont pu bénéficier ne serait-ce que d'une pluie estivale ont montré la grande capacité de la plante à s'en remettre. Il a été observé au final une très grande diversité de situations et d'aspects des maïs, certaines plantes pouvant être de taille extrêmement réduite, totalement desséchées, et ne présentant aucun épi. La diversité a été observée aussi bien entre les parcelles qu'au sein d'une même parcelle. Les analyses réalisées par le laboratoire César depuis le 20 juillet ont donc caractérisé des ensilages de maïs de nature très différente. Les tendances que nous vous présentons compilent plusieurs centaines de valeurs jusqu'à des analyses du début octobre. Ces analyses ont été réalisées sur du produit vert au moment de la réalisation du silo mais également sur de l'ensilage, c'est-à-dire sur produit fermenté récolté à l'ouverture du silo. Mis à part les valeurs des sucres solubles qui ne sont pas les mêmes sur vert et sur ensilage, les autres valeurs d'analyse ne sont pas significativement différentes entre les deux . C'est ce que montrent les statistiques. Quant aux valeurs nutritives calculées, elles caractérisent l'ensilage (même si l'analyse est faite sur le vert).
Bonne digestibilité, bon niveau en énergie
Au niveau des moyennes, les paramètres qui décrivent la digestibilité et l'énergie sont de bonnes valeurs : 0,93 de moyenne en UFL, 70,8 % de moyenne pour la digestibilité mesurée (DIG - digestibilité pepsine cellulase). Enfin, ces valeurs moyennes des maïs 2015 jusqu'à mi-octobre, sont très proches de celles de 2014 à cette même date (à peine inférieures). Cette digestibilité et cette énergie proviennent, de manière générale chez les maïs, de l'amidon contenu dans les grains mais également des tiges : de la partie digestible des parois des cellules et des sucres.
On constate de façon nette que la moyenne de l'amidon de 2015 est très inférieure à celle de 2014, encore inférieure à celle de 2013 (280 g/kg). Les quartiles inférieur et supérieur (qui indiquent que 50 % de la population des maïs se situe entre les deux), montrent la dispersion importante des valeurs : quelques échantillons dépourvus totalement de grains ont présenté des valeurs nulles en amidon. Mais les valeurs des sucres solubles, au contraire, sont en moyenne significativement plus élevées en 2015 qu'en 2014. Les matières azotées totales un peu plus élevées en 2015 contribuent elles aussi aux valeurs des UF qui illustrent l'énergie. Enfin, la partie non digestible des parois, à travers le paramètre ADL (lignines), est significativement inférieure cette année par rapport à l'an passé. Donc, si les maïs de 2015 présentent nettement moins d'amidon que ceux de 2014, l'énergie provient d'ailleurs : sucres, partie digestible des parois (moins ligneuses) et matières azotées. Au final, les maïs 2015 sont presque aussi digestes et énergétiques que ceux de 2014, sur la région Rhône-Alpes, Bourgogne et Franche Comté. Les valeurs d'encombrement sont aussi quasi les mêmes. Elles sont basses pour des maïs ensilages, révélant une très bonne ingestibilité.
Au niveau des minéraux, 2015 est proche de 2014 : maïs apparemment un peu plus riches en calcium. Il est donc rassurant au final de constater que les valeurs d'analyse, cette année, ne sont pas à l'image de ce que beaucoup de maïs observés sur le terrain laissaient à priori supposer. Comme en 2003, année très sèche, les ensilages de maïs ne sont pas pauvres en énergie. Le problème majeur reste bien entendu les très faibles rendements de l'année.
Consultez les valeurs alimentaires des maïs et leurs disgestibilités en cliquant sur ce lien.
Pascal Mathieu, Laboratoire César