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Espaces non agricoles

Des espaces verts de plus en plus verts

Avec l'obligation du « zéro phyto » depuis le 1er janvier, la gestion des espaces verts et autres surfaces du domaine public évolue. Une journée technique a réuni une centaine d'agents communaux au CFPPA de Romans.
Des espaces verts de plus en plus verts

« Ne soyez pas surpris de voir vos espaces verts redevenir à l'état naturel et sauvage... », préviennent en ce moment de nombreux maires et responsables communaux, en présentant leurs vœux à la population. Il faut dire que, depuis le 1er janvier, l'usage des produits phytosanitaires est interdit pour l'entretien des espaces verts, promenades, forêts et voiries gérés par l'État, les collectivités locales et établissements publics. Cette disposition résulte de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, votée en juillet 2015. Dans certaines communes, élus et services techniques se sont préparés au changement. Mais pour beaucoup d'autres, la mise en œuvre reste encore un casse-tête tant la réglementation est lourde. Le 11 janvier, le CFPPA de Romans (Terre d'horizon) et l'antenne régionale du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) ont rassemblé une centaine d'agents lors d'une journée de sensibilisation et de démonstrations autour des méthodes alternatives aux produits phytosanitaires. Un sujet bien connu des agriculteurs et qui, désormais, concerne pleinement les zones non agricoles.

Vers une gestion différenciée

La journée a débuté par un panorama des réglementations en vigueur. Jean-François Leveugle, formateur au CFPPA et auditeur de ControlUnion, a également évoqué la réforme du Certiphyto, les zones non traitées (ZNT) « personnes vulnérables », l'étalonnage des pulvérisateurs... Il a aussi présenté les sites internet « E-Phy Anses(1) » et « Simmbad(2) », lesquels donnent des informations officielles et à jour sur l'usage des produits phytosanitaires en France.Avec la transition vers le « zéro phyto » en zone non agricole, les gestionnaires s'orientent vers une gestion différenciée des espaces verts à même de réduire progressivement l'utilisation des pesticides. Chaque type d'espace (massif, bordure de route, rond-point, terrain de sport, cimetière...) doit ainsi bénéficier d'une gestion adaptée aux contraintes environnementales et paysagères, aux risques et aux impacts (règle spécifique près d'une école...). De ce fait, le « zéro phyto » n'implique pas seulement le retour de la binette. Les aménagements d'espaces verts sont à repenser, le choix des espèces végétales aussi, de même que leur conduite (comme l'augmentation des densités pour limiter les adventices). L'organisation du travail des équipes techniques est également amenée à évoluer.

Une charte régionale

Il en de même avec les stratégies d'investissements matériels. Des aides existent comme celles provenant de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. Patricia Delay les a présentées. Elles concernent les matériels de désherbage, qu'ils soient manuels (bineuse, sarcleuse...), mécaniques (réciprocateur, brosse...) ou thermique (gaz, eau chaude, vapeur d'eau, mousse). Equipements et études peuvent être subventionnés jusqu'à 80 % du coût. De plus, les communes peuvent s'engager dans la charte régionale d'entretien des espaces publics. Pilotée par la Fredon(3) Rhône-Alpes, la Draaf(4) Auvergne-Rhône-Alpes et la Frapna(5), son but est triple : accompagner les collectivités dans le changement de leurs pratiques, proposer un outil pour atteindre les objectifs du plan Ecophyto, harmoniser et valoriser les actions menées par les signataires.
Au cours de la journée, les participants ont pu suivre des ateliers sur les outils, les revêtements écologiques et l'interprétation de l'analyse de sol. De plus, un point a été fait sur la communication. « Car changer de comportement et introduire de nouvelles pratiques nécessitent une communication "engageante" », leur a-t-on expliqué. D'abord au sein des équipes pour lever les résistances au changement. Sans doute aussi au niveau des habitants pour éviter quelques malentendus.

Christophe Ledoux

(1) E-Phy Anses : nouveau catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques (site du ministère de l'Agriculture).
(2) Simmbad : système informatique pour la mise sur le marché des biocides : autorisations et déclarations (site du ministère de l'Environnement).
(3) Fredon : fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles.
(4) Draaf : direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt.
(5) : Frapna : fédération Rhône-Alpes de protection de la nature.

 

Paillages végétaux /

Une alternative au désherbage chimique

© Terre d'horizon
A Romans, le pôle d'enseignement Terre d'horizon a engagé en 2010 une expérimentation ayant pour objectif de comparer plusieurs modalités de paillage. Avec plusieurs partenaires, les tests ont porté sur l'écorce de pin (provenant de scieries locales), les téguments des fèves de cacao (provenant de la chocolaterie Valrhona), les déchets de frêne (fournis par l'entreprise Vigne Frères), le bois raméal fragmenté (provenant de la ville de Romans), le broyat de miscanthus, la paille ainsi que la toile tissée plastique. Ces modalités ont été comparées entre elles ainsi qu'avec un désherbage chimique annuel au glyphosate, un désherbage chimique suivi d'un paillage et un témoin (aucune intervention).Ont été testés l'efficacité des matériaux, leur incidence sur le sol et le développement des plantes. Les résultats de quatre années d'essais ont abouti à l'édition de fiches synthétiques mises à la disposition des particuliers et des professionnels des secteurs paysagers et horticoles.