Des fourrages de valeurs très hétérogènes

La fin du printemps fortement pluvieuse et peu ensoleillée avait conduit dans de nombreuses situations à des ensilages de première coupe très médiocres. L'été, et en particulier la fin très sèche, n'a pas été favorable non plus pour les coupes suivantes. Il n'y avait pas eu de valeurs pour les foins au moment des tendances fin juin, par manque de données, beaucoup n'ayant pu être récoltés.
Sur les premières coupes d'ensilage, surtout pour les prairies, en moyenne, on constate une assez faible valeur en matière azotée totale (MAT), inférieure à celle de 2015, et une digestibilité correcte. Il en ressort un profil moyen à peine plus riche en énergie que le profil type de la référence Inra préfané au sol début épiaison, mais moins riche de 17 g/kg sur les PDIN. Pour les RGI purs, les moyennes sont proches, voire légèrement supérieures, à la référence Inra RGI préfané début épiaison, de + 0,02 en UF et de
+ 7 g de PDIN. Par rapport à 2015, elles sont un peu meilleures en énergie, un peu plus basses en azote.
De manière générale, sur les prairies temporaires de mélanges graminées légumineuses (majorité des analyses), le constat est le même : un niveau en énergie plus élevé en 2016 qu'en 2015, mais un niveau en MAT et en PDI inférieur.
Sur les deuxièmes coupes d'ensilage pour le RGI, l'espèce pure la plus représentée, la valeur en MAT est un peu plus faible que la référence « coupe épiaison repousse de 7 semaines », les PDIN s'en ressentent de -12 g/kg, mais les UF sont eux supérieurs de 0,09.
Sur les enrubannages de première coupe, pour le RGI, toujours le même constat par rapport à 2015. Et la comparaison à la référence mi-fané début épiaison, l'année ressort un peu meilleure en énergie (+ 0,03 UF) et de PDI comparables.
Pour les foins, sur les groupes d'espèces pures les plus représentés, les foins de luzerne de première coupe de 2016 affichent une moyenne à la fois inférieure en UF (- 0,12) et en PDIN (-10 g) par rapport à celle de 2015. Comparée à la référence Inra - du fané au sol par beau temps au stade floraison -, même constat : plus bas en énergie (- 0,04 UF) et en azote (- 11 g de PDIN). Les foins de prairies naturelles de plaine sont un peu plus bas en énergie (- 0,02 UF) et en azote (-12 g de PDIN) par rapport à la référence - fané au sol par beau temps au stade floraison.
Enfin, en deuxième coupe, les foins de luzerne sont les plus éloignés de la référence - fané au sol beau temps, coupe bourgeonnement repousses à tiges de 7 semaines : - 0,10 en UF, et -26 g de PDIN, - 20 g PDIE. Il faut considérer la référence fané au sol par temps de pluie, pour avoir un niveau d'UF équivalent (les PDI de 2016 restant toujours plus bas).
En résumé, quels que soient les espèces fourragères suivies et le mode de récolte, de façon plus ou moins marquée, les valeurs azotés de l'année 2016 sont plus basses que les références et que celles de 2015. L'énergie, exprimée par les UF, est souvent plus basse, mais c'est plus nuancé. Les valeurs des minéraux sont quant à elles peu impactées. D'une manière générale, la synthèse des analyses montre qu'il y a une assez forte dispersion des valeurs. Ce qui est d'ailleurs confirmé par les retours des techniciens de terrain qui observent globalement des fourrages de bien moins bonne valeur que ceux de 2015 ; une grande diversité de qualité allant de très mauvaise à excellente.
Selon les situations géographiques, l'exposition, l'altitude et les sols, les fourrages se sont exprimés différemment. Le printemps très pluvieux a été bienvenu dans des zones séchantes où la première coupe a été de qualité. Sur d'autres secteurs, les zones de plaine ont produit des fourrages très cellulosiques, peu énergétiques, alors que les zones d'altitude ont permis la récolte au bon stade pour des fourrages de très bonne qualité. Enfin, des secteurs très touchés par la sécheresse estivale n'ont pas connu de récolte au-delà de la première coupe, alors que d'autres ont pu en exploiter une deuxième, voire une troisième.
Consulter le tableau des résultats d'analyses d'herbe 2016
P. Mathieu - Labo Cesar