Des journées de remplacement pour devenir sapeur-pompier volontaire

En Drôme, 2 513 femmes et hommes sont sapeurs-pompiers volontaires (SPV). Formés et entraînés, ils interviennent bénévolement pour secourir ceux qui en ont besoin. Parmi eux, 111 sont des agriculteurs(trices). Cela peut sembler peu au regard des 5 000 exploitations que compte le département, mais c'est plus que dans la plupart des départements de la région. En milieu rural, les SPV assurent la totalité des interventions et sont un maillage indispensable du secours. Cependant, comme dans bien d'autres secteurs, les volontés se font plus rares, ce qui rend plus difficile une bonne couverture des territoires. « Un effort est à réaliser pour essayer d'augmenter le recrutement d'agriculteurs », considère Didier Amadeï, chef de corps et directeur du service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de la Drôme. Dans cet objectif, les présidents du Sdis et de la fédération départementale des services de remplacement, respectivement Laurent Lanfray et Régis Aubenas, ont signé une convention, le 20 novembre à la chambre d'agriculture.
Dix jours par an et par agriculteur adhérent
« Les agriculteurs rencontrent des difficultés pour concilier les engagements de sapeurs-pompiers volontaires avec les impératifs de leur exploitation. Il s'agit, donc, de faciliter la disponibilité des exploitants via le remplacement », a expliqué Régis Aubenas. Pour cela, le Sdis s'engage à prendre en charge le coût complet du remplacement à raison de dix jours par an et par agriculteur adhérent à l'un des cinq services de remplacement de la Drôme. Ce quota de dix jours permet, notamment, de réaliser les formations nécessaires pour devenir sapeur-pompier volontaire (voir article ci-........). Il s'agit aussi de faire participer les agriculteurs pompiers à des opérations de grande ampleur, programmées à l'avance. De son côté, le service de remplacement s'engage à fournir le remplaçant sur l'exploitation.
« Cette convention est très importante pour nous. Elle entre dans le plan d'action et de promotion du volontariat dont le but est d'avoir davantage de sapeurs-pompiers volontaires, d'améliorer leur disponibilité et de les fidéliser », a souligné Laurent Lanfray. Il espère ainsi que les agriculteurs drômois seront plus nombreux à s'engager car « ils connaissent bien leur territoire - et donc les lieux d'intervention - et peuvent être très réactifs ».
Déjà deux volontaires, dont une agricultrice
Elodie Petibon, avicultrice à Hauterives (Au pré de chez vous) est la première personne à bénéficier de cette convention. Elle s'est engagée dans la formation de chef d'équipe au centre de secours de Hauterives. Olivier Magnet, agriculteur à Francillon-sur-Roubion, suivra le mois prochain le même parcours, mais au centre de secours de Bourdeaux.
Déjà sept conventions de ce type ont été signées en Auvergne-Rhône-Alpes. En fait, il s'agit de la déclinaison d'une convention nationale signée en 2014 entre la fédération nationale des services de remplacement et le ministère de l'Intérieur. Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme, s'est réjoui de voir aboutir ce dossier en Drôme. « Les agriculteurs sont proches des pompiers, a-t-il fait remarquer. Et il est très important que les services de secours soient présents sur tous les territoires drômois. »
Christophe Ledoux
Repères
Le Sdis de la Drôme- Effectifs : 2 888 hommes et femmes dont 2 513 sapeurs-pompiers volontaires.- Un parc de 663 engins motorisés.
- 207 503 appels et 33 207 interventions en 2017.
- Un budget de 53 millions d'euros en 2018.Les services de remplacement (chiffres 2017)
- 289 adhérents.
- 5 927 journées de remplacement réalisées.
- 321 agents en CDD et 12 en CDI.
- 5 services : Herbasse Galaure Valloire ; région de Romans ; JA26 ; Vercors ; Bourdeaux.
- 1 fédération départementale.
SPV / Ils sont étudiants, salariés ou encore agriculteurs... mais également sapeurs-pompiers volontaires. Un véritable engagement civique de plus en plus courant de nos jours mais qui implique, aussi, de pouvoir mener de front activité professionnelle et volontariat.
Sapeurs-pompiers volontaires : mode d'emploi
Pour beaucoup, devenir sapeur-pompier est plus qu'un choix, c'est une véritable vocation. Ainsi, dès seize ans, de nombreux jeunes s'engagent aujourd'hui comme volontaires au sein d'une unité de sapeurs-pompiers. Un choix exigeant sur le terrain mais qui se veut ouvert au plus grand nombre. Pour s'engager, le volontaire doit justifier de papiers en règle et d'un casier judiciaire compatible avec l'exercice de ses fonctions. Mais le véritable ticket d'entrée chez les sapeurs-pompiers, c'est le test d'aptitude médicale et physique qui, une fois validé, ouvre la voie à la formation initiale.Une formation sur le terrain dans les conditions du réel
Dans l'attente de valider cette formation, il peut être engagé avec le statut d'apprenant, à la seule condition d'avoir au préalable reçu une initiation aux règles de sécurité individuelle et collective sur intervention. Il pourra ainsi être appelé pour diverses opérations qui correspondent à son niveau d'avancement dans les unités de formation. Une fois titularisé, il pourra ensuite monter en grade selon son niveau d'ancienneté.Concilier vie professionnelle et volontariat
L'engagement comme sapeur-pompier volontaire n'est pas anodin. Il se fait en principe pour une durée d'au moins cinq ans, étant par la suite renouvelable de manière tacite. Il s'agit pour le volontaire de pouvoir garantir sa présence en mission au minimum six fois par mois. Il pourra être mobilisé pour diverses missions de sécurité civile, des actions de prévention et de formation ou encore des opérations de secours pour la sauvegarde des personnes, des biens et de l'environnement.
Daniel Imbert, aviculteur et céréalier de profession est aussi capitaine et chef des sapeurs-pompiers d'Étoile-sur-Rhône. À quelques mois de la retraite et à l'heure du bilan de ses 39 années de service, il s'estime chanceux. Dans sa caserne flambant neuve, 45 sapeurs-pompiers volontaires effectuent chaque année quelque 400 interventions. Mais en milieu rural, ce sont les petites casernes qui souffrent le plus. « Depuis plusieurs années, on constate un regroupement des plus petites casernes qui font peu d'interventions, afin d'en constituer de plus grandes » explique-t-il. Une donnée purement économique qu'il comprend même si, selon lui, le quotidien de ses collègues s'en trouve d'autant plus dégradé : « Certains se trouvent à plus de 10 km de leur caserne, cela rallonge considérablement les temps d'intervention et crée une certaine démotivation ». La gestion des sapeurs-pompiers en milieu rural s'annonce bel et bien comme l'un des futurs grands défis de la profession. Surtout quand on sait que la plupart des casernes en milieu rural sont composées quasi exclusivement de sapeurs-pompiers volontaires.
P. G.