Des maires en quête de sécurité et de liberté pour agir
Lors du congrès annuel des maires et présidents de communautés de la Drôme, l’accent a notamment été mis sur la sécurité des élus, la souveraineté fiscale locale et les entraves bureaucratiques à l’action communale.

Pour son premier congrès en tant que président de l’association des maires et présidents de communautés de la Drôme, Nicolas Daragon, maire de Valence, a résolument choisi l’optimisme. Devant les élus communaux et intercommunaux le 19 octobre à Valence, « notre volonté est d’affirmer haut et fort que l’échelon local est le centre nerveux et le cœur battant de notre république décentralisée », a-t-il déclaré. Face aux incivilités, insultes et agressions dont sont victimes de plus en plus d’élus locaux, il a fait voter à l’unanimité une modification des statuts de l’association afin que celle-ci puisse systématiquement se porter partie civile.
« L’échelon local est le centre nerveux et le cœur battant de notre république décentralisée », a déclaré Nicolas Daragon, président de l’AMF 26.
Nicolas Daragon et son équipe ont également fait approuver - toujours à l’unanimité - le changement de nom de la structure. Apparentée à l’association des maires de France, l’AMD 26 devient l’AMF 26. A compter du 9 novembre, la nouvelle entité ira au contact de tous les maires et conseillers municipaux du département lors de « rencontres territoriales » organisées dans chaque canton.
« Perte de souveraineté fiscale locale »
David Lisnard, maire LR de Cannes.
Candidat à la succession de François Baroin à la tête de l’AMF, David Lisnard, maire LR de Cannes, était l’un des invités de ce congrès. Dans son intervention, il s’est inquiété de la « dévitalisation des communes » sur le plan financier. « Par la perte de souveraineté fiscale locale, on enferme les maires dans une posture de quémandeur », a-t-il considéré. Et en dénonçant « la dérive ultra-bureaucratique » de l’État en matière d’urbanisme, il a cité la kyrielle de procédures (PLU, PLUI, Scot, Sraddet) qui empêchent les maires d’agir. « Le but de l’AMF est de défendre les libertés locales, d’avoir une voix d’indépendance et non d’hostilité envers l’État », a-t-il ajouté.
La préfète de la Drôme, Elodie Degiovanni, a mis en avant le « couple maire - préfet, qui s’incarne de manière exemplaire en Drôme. » Evoquant l’après crise sanitaire avec le plan France Relance, « 180 millions d’euros bénéficient déjà à tous les acteurs économiques, notamment à l’agriculture », a-t-elle indiqué. Elle a fait valoir l’appui de l’État dans l’investissement local, évoqué la stabilisation de la dotation globale de fonctionnement (DGF) aux collectivités territoriales. De plus, elle a invité les élus « à systématiquement porter plainte » en cas d’agression ou d’incivilité. « Entre l’impunité et la prison, nous avons tous les moyens d’agir », a-t-elle ajouté.
Des sujets qui irritent
Evoquant l’avenir, la préfète de la Drôme a parlé des vingt-sept maisons de santé déjà labellisées en Drôme ainsi que des douze maisons France services et de la dizaine en projet. A propos de la fibre, « en Drôme et Ardèche, le taux de déploiement dépasse les 40 % », a-t-elle encore indiqué. Enchaînant sur les sujets « qui irritent », Elodie Degiovanni a parlé des aires d’accueil des gens du voyage - « il faut sortir une fois pour toutes des difficultés » - de la lutte contre l’artificialisation des sols - « un défi majeur pour notre département » - et de l’eau - « à chaque projet agricole, industriel, immobilier, il faut s’interroger sur la ressource et sa pérennité ». La préfète a défendu une gestion intercommunale de ces dossiers ainsi qu’une fusion des communes qui, selon elle, « va dans le sens de l’histoire ». Depuis 2015, seulement cinq communes nouvelles ont vu le jour en Drôme. Auparavant, la présidente du Département, Marie-Pierre Mouton, a incité l’État à « lancer une nouvelle décentralisation » pour une « meilleure défense des échelons locaux ».
Christophe Ledoux
Vincent Clerc, ancien rugbyman : la force du collectif
Devant les maires et présidents de communautés de la Drôme, l’ancien international de rugby, Vincent Clerc, est venu parler de son parcours de sportif de haut niveau jusqu’à l’âge de 37 ans. Désormais consultant et chef d’entreprises, il a évoqué ses réussites mais aussi ses « échecs constructifs. On n’est jamais aussi près de l’échec que quand tout va bien, a-t-il dit. Il ne faut pas se satisfaire de ce que l’on a mais anticiper pour éviter les temps d’inertie. Comme dans le sport, vous devez construire des équipes, vous remettre en question, anticiper les changements. Pour que ça fonctionne, il ne faut pas toujours recruter les meilleurs, a-t-il ajouté. Mieux vaut des gens moins compétents mais capables de se fondre dans le collectif. Il faut accepter de donner sa chance à celles et ceux qui ont envie. »
C. L.
Georges Combel : diplôme de maire honoraire
Georges Combel a porté l’écharpe tricolore de maire de Cornillac durant cinquante-cinq ans. Lors du congrès de l’AMF 26, le diplôme de maire honoraire lui a été remis en présence notamment de Marie-Pierre Mouton et Nicolas Daragon.
Au cœur du village des exposants, on notait la présence de plusieurs organismes agricoles parmi lesquels la chambre d'agriculture de la Drôme, le Crédit Agricole, Groupama, la Safer, Natura’pro. L'occasion pour chacun de présenter aux élus communaux et intercommunaux leurs services spécifiques pour accompagner les projets des territoires.