Des noix en quantité variable mais très belles

La récolte des Noix de Grenoble a commencé le 23 septembre. Une date fixée par la commission maturité du CING, le comité interprofessionnel. La production est hétérogène. Mais, « globalement pour l'aire de l'appellation, elle s'annonce au moins égale à celle de 2016 en volume », selon la directrice du CING, Catherine Petiet. L'an passé, elle s'élevait à un peu plus de 14 000 tonnes.
Davantage de petits calibres
A Châtillon-Saint Jean, Jean-Baptiste Vye (40 hectares de noyers en production) enregistre une baisse de volume en Franquette et dans les autres variétés (hors-AOP) cultivées sur son exploitation. 5 % de ses noix ont un calibre de plus de 30 millimètres* (mm) cette année, contre au moins 50 % habituellement. Il donne deux raisons à cette proportion plus élevée de petits calibres : le gel et, à partir de la floraison des noyers, la sécheresse. « Il y a eu du gel sur la première floraison, rappelle-t-il. Beaucoup de noix sont issues de la deuxième floraison, qui donne toujours des calibres plus petits. » Ghislain Bouvet, conseiller chambre d'agriculture en production de noix pour la Drôme et l'Isère, complète : « Le cycle des noix de la deuxième floraison étant plus court, elles ont moins de temps pour grossir ».
A Hostun, Benoît Villard cultive des noyers en bio (30 hectares en production). Il annonce une récolte dans la moyenne en quantité sur son exploitation mais aussi avec une part importante de noix de petits calibres. « Le gel a touché quelques variétés précoces mais n'a pas eu d'incidence sur ma production en Noix de Grenoble », précise-t-il. Et, concernant l'état sanitaire, « les ravageurs et maladies ont été bien maîtrisés en bio comme en conventionnel dans le secteur. »
Un nuciculteur du Royans (dont les plantations ne sont pas irriguées) a observé un effet conjugué du gel et de la sécheresse sur des noyers situés en versant nord, avec 10 à 20 % de récolte à la parcelle. En exposition ouest ou sud, le gel a eu moins d'impact, la sécheresse davantage. Il constate que des noyers souffrent en coteaux, surtout argileux, depuis quatre ans. Globalement, cette année, sa production est inférieure de 20 %, avec davantage de petites noix : 37 % en calibres 28 à 30 mm, contre 10 à 15 % habituellement. Sur le plan sanitaire, il a remarqué une forte progression de la mouche du brou (présente dans la région depuis 2007). Et il a eu des attaques de colletotrichum** (arrivé en 2011) sur des noyers d'une quarantaine d'années. Un problème pouvant être lié à la densité du verger, selon Ghislain Bouvet.
Diois : de 20 à 50 % de production
Dans le Diois, « la récolte est hétérogène d'une exploitation à l'autre, selon l'altitude, l'exposition des vergers, note Jean-Louis Mancip, nuciculteur à Montlaur-en-Diois. Le moins, c'est 20 % d'une production normale, le plus 50 %. Mais les vergers sont en majorité plantés dans des bas-fonds (où le volume avoisine les 20 %). La récolte s'est terminée avec 15 jours d'avance sur une année normale, compte tenu de la faible quantité. La qualité est correcte, les noix sont d'un bon calibre et bien remplies. Sur notre exploitation, c'est comme d'habitude en termes de qualité et calibres. Nous n'avons que 5 % de noix de moins de 27 mm de diamètre. Je me plaindrais de la quantité mais pas de la qualité. »
Une qualité exceptionnelle
Chacun s'accorde à le dire, grâce au temps sec, la récolte s'est déroulée dans des conditions excellentes, idéales, ce qui est rare. Elle a été précoce et rapide. Le lavage a été facile (pas de terre), tout comme le séchage (période chaude pour la saison, donc des noix peu humides dès le début de la récolte). Les noix sont belles : « les coquilles et cerneaux sont clairs ». Et « la qualité est irréprochable, excellente, exceptionnelle. »
Annie Laurie
* Le calibre minimum des Noix de Grenoble AOP est de 28 millimètres.
** Le colletotrichum se manifeste par des taches noires avec des spores oranges sur les noix.
Repères /La Noix de Grenoble

En 2016, près de 10 500 tonnes ont été commercialisées en Noix de Grenoble (progression de 32 % en dix ans) : 48 % sur le marché français (56 % de plus qu'en 2007) et 52 % à l'export (hausse de 16 %).Source : CING