Des plantes compagnes pour le colza
Réduire les apports d’azote, limiter les adventices, agir sur les insectes : les plantes compagnes permettent de remplir plusieurs objectifs.

Imaginées au départ pour favoriser la fertilité des sols, les plantes compagnes en culture de colza ont aussi démontré leurs bénéfices pour concurrencer les adventices et perturber les insectes. 11 % des parcelles de colza d’Auvergne-Rhône-Alpes sont conduites avec des plantes compagnes (8 % au niveau national). « À chaque objectif correspond un mélange de plantes compagnes », avertit Alexis Verniau de Terres Inovia. La lentille et le fenugrec sont des légumineuses reconnues comme perturbatrices d’insectes. Le trèfle blanc nain jouera plus un rôle de plante concurrentielle. L’implantation de la plante compagne se déroule en même temps que celle de la culture, mais la plante associée doit être gélive pour être détruite durant l’hiver. Le semis se fera à partir du 10 août. « L’intérêt de semer tôt est de faire de la biomasse et favoriser la robustesse de la plante », poursuit le conseiller. Il faudra en tous les cas que la parcelle soit prête à semer suffisamment tôt.
Une plante vigoureuse
Alexis Verniau présente quelques données : semer entre 500 et 600 g/m2 de plante associée permet d’économiser environ 30 unités d’azote, évite potentiellement un désherbage et va jusqu’à faire gagner un à deux traitements herbicides. « Ce qui peut représenter des économies de charges intéressantes », assure-t-il. Une plante vigoureuse, dotée d’un système de perturbation d’insectes supportera mieux par exemple les attaques de méligèthes au printemps. « Si la plante grandit, la larve atteindra moins le cœur et il y aura moins d’impact sur le rendement », explique le conseiller.
Il émet des réserves quant à l’utilisation de la vesce « qui a une croissance tardive et peut être concurrentielle à l’automne ».
Enfin, le conseiller fait observer que des siliques de colza jaunies indiquent leur sensibilité au gel, tandis que l’absence de silique témoigne du ravage des méligèthes. Par ailleurs, « si la plante coude et craque, c’est que les charançons sont dans la tige ». Néanmoins, rassure Alexis Verniau, « il y a quand même circulation de sève car les vaisseaux conducteurs sont sur la paroi de la tige. »
Il conclut : « Les plantes compagnes sont à raisonner comme un ensemble qui suppose d’avoir une approche de la gestion du désherbage, de l’azote, de l’adaptation (utilisation de produits sélectifs pour les plantes associées) et de faire confiance à son couvert. » S’il n’y a pas de miracle à attendre des plantes associées, en revanche, elles représentent « une sacrée aide », assure le conseiller. Quant aux cours du colza, ils sont plutôt porteurs.