Des préoccupations communes entre chasseurs et agriculteurs

Loups, dégâts de gibiers, « bashing », foncier ont constitué les principaux thèmes du congrès annuel de la fédération des chasseurs de la Drôme (FDC), le 13 avril à Loriol. Son président, Rémi Gandy, a mis en avant les « relations constructives et constantes » que sa fédération entretient avec le monde agricole drômois, en particulier la chambre d'agriculture, tant certaines préoccupations sont communes entre chasseurs et agriculteurs. « Aujourd'hui, notre bête noire a changé, elle s'appelle le loup », a dit Michel Sanjuan, vice-président de la FDC. L'impact de la « surpopulation » du prédateur sur l'équilibre de la faune sauvage inquiète. Les chasseurs réclament une gestion des populations de loups à l'échelle départementale, et non nationale. « La colère gronde et elle est légitime, il est grand temps de réagir », a-t-il insisté. Le président de la chambre d'agriculture, Jean-Pierre Royannez, a lui évoqué « un dossier qui empoisonne la vie des éleveurs et vide les territoires ». Le sénateur Gilbert Bouchet et la députée Alice Thourot, ainsi que le vice-président de la Région Philippe Meunier (en charge notamment de la chasse) ont rappelé la nécessité de faire évoluer le statut protecteur du loup. Le nouveau préfet, Hugues Moutouh, a annoncé une hausse des prélèvements pour 2019 « de 83 à 100 loups », ainsi que la création de nouvelles zones de protection pour les tirs de défense.
Prélèvements et dégâts de sangliers
Quant aux sangliers, les chasseurs drômois en ont prélevé plus de 20 000 au cours de la saison 2017-2018. En 2018-2019, avec 9 500 sangliers, « les prélèvements sont revenus à un seuil acceptable », a considéré Stéphane Charmet, administrateur de la FDC. Le nombre de dossiers d'indemnisation des dégâts a suivi la même tendance : plus de 630 en 2017-2018 pour 340 000 euros, un record ; et seulement 162 dossiers en 2018-2019. « La pression de chasse a permis d'obtenir une accalmie sur les dégâts aux cultures, a fait remarquer Jean-Pierre Royannez. Mais il ne faut rien relâcher. » Il a par ailleurs indiqué qu'un représentant de la FDC sera proposé pour devenir membre associé de la chambre d'agriculture, au titre des associations de protection de la nature. Une annonce qui a suscité les applaudissements de la salle.
Lutter contre le bashing
Au cours de leur congrès, les chasseurs ont aussi évoqué la « chasse bashing », autrement dit le dénigrement de leur loisir. En Drôme, plusieurs dizaines de miradors ont été sciés, des panneaux de battues vandalisés et des cabanes de chasse taguées de propos injurieux. « C'est un vent de violence qui ne cesse de se renforcer », a déploré Rémi Gandy. Evoquant l'agri-bashing, le président de la chambre d'agriculture a lui évoqué les agressions et menaces à l'encontre d'agriculteurs, les intrusions dans des bâtiments d'élevage... « Il faut améliorer notre communication et, avec les chasseurs, construire des évènements pour expliquer au grand public la réalité de nos pratiques », a-t-il considéré. « Bien faire et surtout le faire savoir », voilà le credo sur lequel est engagé la FDC, a indiqué Jean-Louis Briand, secrétaire général de la FDC. Le préfet a de son côté annoncé la constitution d'une « cellule anti-bashing » dans laquelle seront intégrées les représentants des chasseurs et des agriculteurs aux côtés de l'Etat et de la justice, entre autres.
La sécurité avant tout
Parmi les autres faits marquants, 2018 a vu l'adoption d'un nouveau plan de chasse triennal pour le chevreuil, le cerf, le chamois et le mouflon. Par ailleurs, la FDC a fustigé l'achat de domaines fonciers par des fondations qui veulent en faire des réserves sauvages, et donc y interdire la chasse, notamment. « Nous sommes contre cette mise sous cloche contraire à nos idées et aux concepts modernes de protection de la biodiversité », s'est insurgé Rémi Gandy.
Enfin, et cela a été souligné à plusieurs reprises, la sécurité dans la pratique de la chasse a fortement mobilisé la fédération, et ce après treize accidents mortels en France sur la saison 2017-2018, dont deux en Drôme. « Les nouvelles pratiques de sport de pleine nature doivent nous renforcer dans l'absolue conviction qu'un tir ne doit se faire qu'en direction d'un animal parfaitement identifié », a insisté Rémi Gandy. Dans le cadre du prochain schéma de gestion cynégétique, la FDC prévoit d'intégrer un chapitre spécifique sur les actions à conduire en matière de sécurité.