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Chambre d'agriculture

Des préoccupations exprimées par la chambre d'agriculture

Réunis en session, les élus de la chambre d'agriculture de la Drôme ont débattu de plusieurs sujets d'actualité.
Des préoccupations exprimées par la chambre d'agriculture

Pour leur dernière session de l'année 2017, un programme chargé attendait les élus de la chambre d'agriculture de la Drôme. En présence du préfet, Eric Spitz, du vice-président du conseil départemental, André Gilles, et de diverses autres personnalités, ils ont tout d'abord voté le budget primitif de l'année 2018 à hauteur de 7,8 millions d'euros. « L'exercice budgétaire est contraint, a fait remarquer Anne-Claire Vial, présidente de la compagnie consulaire. Nous lancerons une réflexion stratégique en 2018 sur les services nécessaires filière par filière. » Puis, alors que des missions d'enquête sécheresse sont en cours, un point sur l'ensemble des dossiers à l'instruction a été fait par Dominique Chatillon, chef du service agriculture à la DDT de la Drôme (lire page 5).

Foncier, Pac, réglementations

A la tribune de la session chambre d'agriculture du 24 novembre, Paul Despesse et Pierre Combat (vice-présidents), Anne-Claire Vial (présidente), Eric Spitz (préfet de la Drôme) et Damien Colin (directeur).
© Journal L'Agriculture Drômoise

D'autres dossiers ont été abordés, notamment les salmonelloses en aviculture (voir encadré) et l'importante consommation de foncier agricole à des fins d'urbanisation. « Nous sommes très alertés par les derniers chiffres, s'est inquiétée Anne-Claire Vial. Il faut absolument que les élus locaux prennent conscience de la nécessité de préserver les terres agricoles. » Le préfet s'est dit « vigilant » à la situation, « quitte à déplaire à des élus ».
D'autres points d'actualité ont été abordés, en particulier l'harmonisation régionale de certaines réglementations (zones vulnérables et contrôle des structures). Redoutant des impacts très négatifs sur les exploitations agricoles drômoises, les élus de la chambre d'agriculture ont demandé le maintien de critères départementaux. Par ailleurs, alerté une nouvelle fois sur les retards de versement des aides Pac, « on met les bouchées doubles pour revenir à la normale en 2018 », a assuré le préfet. La chambre d'agriculture l'a également informé des conséquences de certains contrôles amenant des exploitants à perdre plusieurs années d'aides Pac « pour une erreur de case sur une déclaration déposée en 2015 ».

Eau et irrigation

Les membres de la chambre d'agriculture de la Drôme, en session le 24 novembre 2017.
© Journal L'Agriculture Drômoise

Au cours de cette session, et alors que sévit une forte sécheresse, un large moment a été consacré à la gestion quantitative de la ressource en eau. Dans le cadre de l'étude sur les volumes d'eau prélevables, les restrictions envisagées ont été analysés. « En Drôme des collines, une réduction des prélèvements de 40 % sur la période d'étiage aboutirait à une perte cumulée de 6 à 9 millions d'euros selon les années (selon le degré de sécheresse), a expliqué Anne-Claire Vial. L'impact sur l'équilibre financier des exploitations serait considérable. Selon les chercheurs de l'Irstea*, il est extrêmement compliqué de modifier des systèmes d'exploitation sans investissements spécifiques conséquents. On ne peut pas faire de la lavande partout dans la Drôme, il n'y a pas de solution miracle. »
Pour les irrigants ne prélevant pas dans le fleuve Rhône, la rivière Isère (et leurs nappes d'accompagnement) ou encore le canal de la Bourne, la profession agricole souhaite qu'aboutissent les différents projets de substitution. Pour le bassin de la Drôme, l'agrandissement de la réserve de Chauméane (150 000 m³ au lieu de 40 000) et la connexion Allex-Montoison ; pour le bassin Véore-Barberolle, la création d'une réserve sur Châteaudouble (330 000 m³) ou d'une solution alternative ; pour les bassins du Sud-Drôme, création de petites retenues collinaires et étude en cours sur la mobilisation des eaux du Rhône (projet Hauts de Provence rhodanienne) ; et pour la Drôme des collines, une autorisation de prélèvement de trois ans, le temps d'approfondir la connaissance de la nappe du miocène. Sur ce dernier secteur, Basile Garcia (DDT) s'est montré rassurant, indiquant que « pour les trois ans à venir, il n'y aura pas de contraintes supplémentaires en matière de prélèvements ».

Christophe Ledoux

* Irstea : institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture.

 

A propos des forages...
Lors du débat sur la gestion quantitative de la ressource en eau, Philippe Breynat, président de l'association des irrigants individuels (Adarii) a fustigé « les nombreux foreurs agissant pour des particuliers - et non pour des activités agricoles - et ce de manière non encadrée ». Pour faire face aux besoins en eau de l'agriculture, il a demandé que soit facilitée la création de retenues collinaires.
De son côté, Eric Mounier, représentant de la chambre d'agriculture pour le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage) molasse miocène du bas Dauphiné, a considéré que l'interdiction de tout forage pour les exploitations agricoles est un problème. « Il faut faire prendre conscience aux citoyens qu'en plus de l'eau potable, il faut aussi de l'eau pour produire localement de la nourriture », a-t-il dit.

 

Salmonelles en aviculture /

Remettre à plat le dossier

Depuis des années, dans la Drôme, le nombre des élevages avicoles concernés par les salmonelles ne régressent pas. Et ce malgré les protocoles sanitaires mis en œuvre drastiquement. « Avec la charte sanitaire qui impose l'abattage des tous les animaux dès lors que l'élevage est infecté, les éleveurs vivent avec une épée de Damoclès, a expliqué Paul Despesse, aviculteur et vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme. Les éleveurs s'interrogent sur l'origine des contaminations, les contrôles et les prélèvements. » Le mécontentement est général. « Nous sommes dans une situation de blocage complet. Les éleveurs ne comprennent plus la procédure. Il est donc nécessaire de remettre à plat le dossier en réunissant tous les acteurs de la filière comme cela avait été fait en 2015, a insisté la présidente de la chambre d'agriculture, Anne-Claire Vial, en s'adressant au préfet de la Drôme, le 24 novembre.
Faisant le point de la situation, « l'année 2017 ne sera pas bonne, a annoncé Bertrand Toulouse, directeur de la DDPP de la Drôme. Le nombre de foyers augmente et les cas de résurgence dans les élevages sont importants (38 %). » Après avoir expliqué les procédures mises en œuvre, il a admis une interdépendance de filières, des salmonelles ayant été détectées dans des élevages de ruminants.
D'autres élus de la chambre d'agriculture se sont exprimés. « On avait prévenu que la désinfection à outrance nous mènerait dans le mur, a lâché Bruno Graillat. Ce qu'il faut, ce sont des moyens techniques pour gérer l'équilibre bactériologique des élevages. » Michel Baude, lui, a estimé « inadmissible que les analyses ne révèlent pas précisément quels animaux sont contaminés. C'est un vrai gâchis. »
« Si le constat objectif montre une incompréhension et qu'il faut réunir les acteurs de la filière, on le fera », a répondu le préfet, Eric Spitz. Devant l'insistance des élus de la chambre d'agriculture, il a demandé à ses services d'organiser une réunion « début 2018 ». Celle-ci sera l'occasion de repréciser l'état de la réglementation, les demandes de la profession et d'évaluer les dispositifs portés par chacun.
C. L.