Des produits drômois en route vers Paris

Organisée par la chambre d'agriculture, la présélection des vins de la Drôme pour le concours général agricole (CGA) s'est déroulée à Tulette, le 6 février. Pas moins de 386 échantillons issus de 64 domaines ou caves coopératives, dont huit nouveaux candidats, ont été dégustés par 80 jurés (vignerons, œnologues, directeurs de cave et de syndicat d'appellation). Répartis sur 27 tables de 11 à 19 vins, les échantillons provenaient des appellations crozes-hermitage, grignan-les-adhémar, vinsobres, IGP vallée du rhône, AOP côtes-du-rhône régionaux, côtes-du-rhône villages et côtes-du-rhône village avec nom géographique. Étaient également présents les vins effervescents clairette de Die et crémant de Die. Au final, quelque 230 vins concourront pour une médaille d'or, d'argent ou de bronze lors de la finale qui se déroulera à Paris le 25 février, dans le cadre du Salon international de l'agriculture.
Une opération très encadrée
En amont de cette présélection, les candidats avaient inscrit leur(s) vin(s) sur le site internet du CGA. Les échantillons ont été gérés par la chambre d'agriculture de la Drôme, laquelle a vérifié la conformité de chaque dossier (droit d'inscription, bulletin d'analyse, déclaration de revendication). A noter, tous les vins inscrits au concours sont prélevés dans le stock commercial du producteur ou directement en cuve par un agent préleveur mandaté par la chambre d'agriculture de la Drôme. Les bouteilles ont été présentées de manière anonyme, le référencement ayant été fait par l'équipe viticulture de la chambre d'agriculture de la Drôme. Celle-ci doit d'ailleurs conserver chaque échantillon dégusté durant une année comme témoin permettant d'attester la conformité.
D'autres produits en lice
Même si les vins occupent une très large place, d'autres produits drômois participent au concours général agricole. Ainsi, l'an dernier, ont été récompensés des bières à dominante houblonnée, des rillettes de porcs fermières, des huiles et olives de Nyons ainsi que des fromages de l'appellation Picodon. En 2016, on trouvait aussi dans le palmarès des liqueurs (de plantes, aux fruits), des volailles (poulets). Et en 2014, des truites fumées provenant d'une pisciculture d'Echevis.
C. L.
Jurés / Avec plus de 22 200 vins et autres produits en compétition, le Concours général agricole (CGA) nécessite, chaque année, une organisation bien huilée pour réunir les échantillons, convoquer les milliers de jurés, dispenser des formations, planifier les séances de dégustations, et attribuer plus de 5 600 médailles. Regard dans les coulisses du CGA.
Des palais à l’épreuve du goût
Le Concours général agricole qui se déroule pendant le Salon international de l’agriculture est “Le concours” de référence auquel plus de 22 200 produits sont inscrits. 23 catégories sont jugées : des traditionnelles comme les vins, les fromages, les charcuteries au plus confidentielles comme le safran, le piment d’Espelette ou les rillettes de carpe... Décrocher une feuille de chêne, quelle que soit la couleur (or, argent ou bronze), fait la fierté de son producteur, apporte de la notoriété au produit et la promesse de meilleures ventes et d’un chiffre d’affaires en hausse. Si le concours général agricole est déjà bien rodé avec ses 127 éditions derrière lui et que son impartialité est garantie par le contrôle de l’État, sa crédibilité repose en grande partie sur la qualité des appréciations des personnes qui composent le jury.Qui sont les jurés ?
Le jury du CGA mobilise chaque année plus de 10 000 jurés et mélange professionnels et consommateurs dits « avertis ». Dans les professionnels, on retrouve des producteurs, des éleveurs, des représentants des syndicats ou des appellations en rapport avec le produit dégusté ; les consommateurs « avertis » sont eux des amateurs formés, des étudiants en agroalimentaire, des blogueurs culinaires, des cuisiniers ou des sommeliers… Une table de dégustation est composée, en moyenne, de 6 jurés et, selon les catégories, entre 5 et 10 produits sont dégustés lors de la finale. « Cela fait partie des spécificités du CGA de mêler l’approche technique des professionnels d’un produit au ressenti des consommateurs », précise Benoît Tarche, Commissaire général du concours. Pour Océane Joly, étudiante, jurée consommatrice « avertie » depuis 2016 : « Le mélange entre personnes aguerries et novices est pour moi important puisqu’il permet d’échanger entre nous et avec les professionnels qui partagent bien volontiers leurs savoirs et leur passion », confie-t-elle. « Tout professionnel ou consommateur averti peut être recruté comme juré, même si les candidats qui ont une formation ou une expérience particulière en matière de dégustation, sur d’autres concours par exemple, sont privilégiés », assure le Commissaire général du concours. Pour s’inscrire, c’est relativement simple, il suffit de créer un compte sur l’espace juré du site internet du CGA, de renseigner son identité, choisir la dégustation à laquelle on souhaite participer et indiquer ses expériences, ses formations ou stages dans le domaine de la dégustation. Le dossier est examiné par l’équipe du CGA qui arrête sa liste de jurés.
Professionnaliser, renouveler et rajeunir les jurés
Au-delà de la distribution de médailles, le Concours général agricole se veut aussi « un support pédagogique et un terrain de mise en pratique pour les futurs professionnels », souligne Benoît Tarche. Pour affiner les papilles de ses jurés et parfaire leurs compétences, le CGA propose, depuis six ans, des sessions de formation à la dégustation, par type de produit. « C’est une véritable occasion de s’initier à l’analyse sensorielle des vins ou d’un produit, de les commenter et de les noter avec des professionnels. La formation permet d’affiner ses perceptions sensorielles, d’acquérir un vocabulaire commun et de se familiariser avec la grille d’évaluation », indique le Commissaire général du concours. Pour l’édition 2018, un programme de 53 sessions de formation à la dégustation a été proposé et plus de 1 000 citoyens ont ainsi été initiés pour faire partie du jury aux côtés des professionnels. « Participer au Concours général agricole est chaque année un plaisir. Le concours est très bien organisé et chaque session est l’occasion de faire d’intéressantes rencontres de connaisseurs », explique Florian Robardet d’Estray, juré depuis 2009. Les futurs professionnels en formation sont également très étroitement associés à la mise en œuvre du CGA dans le cadre de partenariats pédagogiques avec les établissements de l’enseignement agricole. En 2018, plus de 300 ont été étroitement impliqués à l’organisation des différents concours et 125 étudiants (BTS et ingénieurs) formés à la dégustation leur permettant de prendre place parmi les jurés des compétitions de produits laitiers, charcuteries, bières et miels.
C.D.