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Bilan de campagne

Des rendements maïs en baisse, affectés par la sécheresse estivale

2019 est une nouvelle année extrême pour les cultures de printemps. En situation pluviale, même les sols les plus profonds n'ont pas réussi à subvenir à la demande du maïs et l'impact est très fort sur la productivité de la culture. Les productions fourragères ont également été affectées. Le besoin en stocks pour la période hivernale a conduit à des transferts de récoltes prévues en grain vers le fourrage.
Des rendements maïs en baisse, affectés par la sécheresse estivale

Les semis se sont étalés sur plus de deux mois, de mi-mars pour les premiers maïs grains à fin mai pour les derniers maïs fourrages. Le début de cycle a été lent en raison d'un déficit de température important en mai, jusqu'à mi-juin. De nombreux dégâts de ravageurs ont été observés après les semis : corvidés, sangliers, taupins... Au global, avec l'ensemble de ces ravageurs, on peut estimer que plusieurs dizaines de milliers d'hectares ont dû être ressemées. Dans d'autres parcelles, le peuplement a été affecté, réduisant de fait le potentiel. Les interventions de désherbage de post-levée ont été rendues difficiles par les conditions climatiques peu favorables jusqu'à début juin, avec peu de jours disponibles, des amplitudes thermiques assez importantes, ainsi que des épisodes venteux. Les températures n'étant pas favorables à la détoxification des plantes, des phytotoxicités ont été régulièrement observées, occasionnant quelques pertes de rendement. Les créneaux pour les interventions de désherbage mécanique ont été assez rares et les passages souvent trop tardifs, engendrant des efficacités parfois médiocres.

Fort déficit hydrique

Le fait marquant de la campagne est le fort déficit hydrique qui a débuté mi-juin, voire avant dans certaines régions. Les cultures, avec un système racinaire parfois insuffisant, du fait des conditions de début de cycle, ont été fortement stressées dès la fin de la montaison. Ceci a conduit à des gabarits de plantes réduits, notamment dans les sols les plus superficiels. La phase la plus critique du cycle, autour des stades floraison et fécondation, s'est déroulée en situation de stress hydrique marqué dans beaucoup de régions, aggravé par deux périodes de températures élevées, fin juin et fin juillet. Cela a eu pour conséquences une réduction du nombre de grains par épi. Dans les situations les plus stressées, on a parfois observé une fréquence importante de plantes sans épi. Les pluies sont revenues tardivement, fin juillet à début août, et de façon inégale sur la région. Cela a néanmoins permis un remplissage correct des grains et de sauver une partie du potentiel pour certaines parcelles. La fin de cycle s'est déroulée sous un climat plus frais, avec un régime de pluie proche de la normale. L'évolution des plantes a été plutôt lente en fin de cycle. Les fortes températures estivales ont également perturbé le fonctionnement des plantes. Au-delà de 30°C, en fonction de leur statut hydrique, les plantes ont une capacité réduite à tolérer ce stress. Ainsi leur activité métabolique est bloquée et elles ont pris du retard. L'humidité du grain observé mi-octobre dans les parcelles n'était donc pas aussi basse que ce qui avait été espéré au regard des dates de semis et du climat.

Des rendements en baisse

En maïs fourrage, les chantiers de récolte ont donc été plus étalés qu'à l'habitude. De mi-août, voire avant, dans les secteurs les plus stressés jusqu'à mi-octobre dans les zones plus tardives et plus arrosées. Les rendements sont à la baisse un peu partout, de 30 à 50 % inférieurs à la normale. Jusqu'à des situations proches de la normale (de 6-7 à 17-18 t MS/ha). D'un point de vue qualité, la variabilité est forte également, tant au niveau des gabarits des plantes que de la richesse en grains, avec des teneurs en amidon parfois très faibles. La digestibilité des tiges et des feuilles devrait être bonne pour les maïs récoltés précocement. En maïs grain, le rendement régional est estimé à 93 quintaux par hectare, en baisse par rapport à la moyenne quinquennale (95,2). Les restrictions d'irrigation, prises par arrêtés tout au long de la campagne, n'ont pas permis d'assurer l'expression du potentiel dans les secteurs concernés. 

Thibaut Ray, Arvalis-Institut du végétal