Des Rendez-vous axés sur la performance au verger

« Le verger est le premier élément de la chaîne de création de valeur », a rappelé le président de Fruits Plus, Régis Aubenas, en ouverture des Rendez-vous de l'arbo en Rhône-Alpes le 12 décembre. « Nous avons une vraie problématique de compétitivité et ne pouvons guère aller plus loin dans l'abaissement du coût du travail, a-t-il remarqué. C'est pourquoi nous avons souhaité porter un nouveau regard sur le verger, nous ré-interroger sur l'efficience des capitaux mobilisés, les technologies utilisées, notre forme de travail, nos compétences... Nous avons la chance, en France, d'avoir un réseau recherche et développement performant. Nous avons un peu d'avance dans nos stations expérimentales. A nous de nous en saisir. »
Gobelets et formes palissées
Responsable du programme abricot de la Sefra (station expérimentale fruits Rhône-Alpes), Christophe Chamet a présenté un essai mis en place en 2015. Y sont comparés des abricotiers conduits en gobelets densifiés sur le rang ou entre les rangs (6 m x 4 m ; 6 x 3 ; 5 x 4 ; 5 x 3) et d'autres en formes palissées (axes et palmettes à différentes distances). Améliorer la mise à fruits, augmenter le potentiel de production et le rendement économique du verger, maintenir la qualité et faciliter la pose de filets paragrêle, tels sont les objectifs. Après trois ans d'essai, Christophe Chamet constate un bon comportement agronomique des formes palissées et gobelets densifiés. Mais le bilan économique ne pourra être dressé avant huit ou dix ans (pour tenir compte de l'investissement conséquent à la plantation sur les formes palissées, de la mise à fruits plus lente des gobelets, du vieillissement des arbres, des possibilités de mécanisation de certains travaux...).
Haies fruitières
Le GRCeta de Basse-Durance (association d'arboriculteurs apportant des conseils techniques à ses adhérents) suit des vergers d'abricotiers conduits en palmettes (les premiers conçus en 2012) chez des producteurs. La pose de filets paragrêle a été le point d'entrée, a indiqué son technicien, Christophe Mouiren. Mais s'ajoutent d'autres objectifs : diminuer le coût de la main-d'œuvre en simplifiant les tâches manuelles, en les rendant plus rapides, en mécanisant certaines interventions et réduire la dérive des produits lors des traitements.
De ce suivi, Christophe Mouiren tire plusieurs enseignements. La haie fruitière doit être maintenue étroite, taillée en vert (en pré et post-récolte). L'écartement entre rangs ne doit pas excéder 4 mètres, voire 3,5. La conduite des arbres, les consignes de taille sont simplifiées, les temps de travaux réduits. La forme se prête à la mécanisation de la taille en vert (rognage) et de l'éclaircissage à la fleur (avec l'Eclairvale*). Les arbres entrent plus vite en production. Du fait de la densité, les problèmes sanitaires ont moins d'incidence. En plus, avec la haie fruitière, la pose de filets paragrêle est simplifiée et l'investissement dans le palissage optimisé. Néanmoins se pose une question : tonnages et qualité pourront-ils être maintenus dans le temps ?
Pour les vergers de demain, « la palmette est une réponse mais pas la seule car l'investissement est élevé, a conclu le technicien. Aujourd'hui, quand on plante, il faut concevoir son verger de manière à pouvoir le faire évoluer à plus ou moins long terme vers la mécanisation et la pose de filets ».
Mur fruitier, YY et Y
En pêchers, dans un essai (plantation en 2007), la Sefra a comparé le mur fruitier en axe ou en Y sur le rang au double Y taillé ou taillé-tiré. Le responsable de son programme pêches, Yannick Montrognon, a constaté : « Les arbres du mur fruitier entrent vite en production. La couverture du verger avec des filets est facilitée, la mécanisation (éclaircissage, taille) possible. Mais les coûts à la plantation sont élevés, les temps de travaux n'ont pas baissé. Une perte de calibre est observée et la taille mécanique favorise le xanthomonas. »
Dans un autre essai (plantation en 2013), la Sefra a comparé le double Y, le simple Y et le gobelet trois branches. Et ce, avec différentes distances de plantation. Pour chaque forme, la distance la plus resserrée a donné le rendement le plus élevé. Et les meilleurs résultats ont été obtenus avec le gobelet trois branches à 2,5 mètres mais il est compliqué à mettre en œuvre (car deux branches sont laissées d'un côté du pêcher, une de l'autre et inversement pour l'arbre suivant). De l'avis de Yannick Montrognon, le YY - qu'il conseille de planter assez dense - reste la référence en termes de production mais exige de bonnes compétences techniques et des arbres de vigueur suffisante. Quant au Y, il l'estime intéressant aussi car facile à former, même si la gestion de la taille doit ensuite être stricte.
Annie Laurie
* Eclaircisseuse Eclairvale : voir article de L'Agriculture Drômoise du 18 mai 2017 (page 21) ou sur notre site internet.
Pêchers : la réussite d'un verger

Laurent Roche (CTIFL, centre de Lanxade) a présenté PulvArbo. Ce projet national (2015 à 2020) associant douze partenaires et coordonné par le CTIFL vise à optimiser la pulvérisation en arboriculture. L'objectif est d'identifier des moyens pour optimiser la pulvérisation (matériels, réglages, pratiques) et de réduire l'utilisation des produits phytosanitaires en mettant au point une méthode d'adaptation de la dose au développement de la végétation.
PulvéFix, lui, est un projet Casdar (2016 à mi-2019) dédié à un nouveau mode d'application des produits phytosanitaires : un système de pulvérisation fixe sur frondaison utilisant le réseau d'irrigation (micro-asperseurs). Il est en phase d'évaluation : efficacité biologique, qualité d'application, marge de réduction de doses, impact de la dérive... Observations de Laurent Roche sur pommiers : pas de problèmes de résidus, résultats satisfaisants en protection fongique mais moins bons sur pucerons cendrés (à retravailler cette année), technique mieux adaptée aux formes d'arbres peu volumineuses... 2018 sera aussi une première année de test sur abricotiers en haie fruitière, a signalé Christian Hilaire (CTIFL).A. L.* CTIFL : centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.
Nouvelles technologies / Le numérique et l'automatisation vont-t-ils révolutionner l'arboriculture ?Numérique et robots dans les vergers

Les robots, eux, sont de trois types : d'assistance, d'acquisition (collecte d'informations, phénotypage) et d'exécution (traitements, désherbage, récolte...). Des micro-tracteurs autonomes peuvent tondre, labourer, semer, fertiliser... seuls. Des tracteurs autonomes, lors d'un parcours de reconnaissance avec chauffeur, enregistrent trajet et actions. Ensuite, ils peuvent refaire seuls l'itinéraire à l'identique (GPS-RTK). « Les tracteurs sans chauffeur peuvent révolutionner le travail de demain dans les campagnes », a confié Laurent Roche. Il a aussi cité trois programmes « bien avancés » sur les robots de cueille : en Belgique, Israël et aux Etats-Unis. Mais subsiste une difficulté : l'arrachement des fruits.
Deux projets de vergers connectés (d'abricotiers à Balandran et de pommiers à Lanxade) s'inscrivent dans le plan d'action du CTIFL. Mais aussi et entre autres, la construction d'une plateforme d'innovation, la participation à un réseau d'échanges (acteurs publics et privés) ayant pour objet de faciliter la conception et la certification de mise en marché de robots innovants...A. L.