Des services de remplacement en quête de salariés

Les cinq services de remplacement de la Drôme totalisent 274 adhérents (dont 75 agricultrices), 10 agents en CDI et 168 en CDD. En 2018, à eux tous, ils ont réalisé 5 404 journées de remplacement. Leur activité est restée soutenue bien qu'un peu moins qu'en 2017, où elle avait été très intense. Le président et l'animatrice de Service de remplacement Drôme (la fédération départementale), Régis Aubenas et Corinne Escaich, l'ont fait remarquer en l'assemblée générale, le 18 mars à Bourg-lès-Valence.
Globalement, l'activité des services de remplacement drômois s'accroît au cours du temps : 3 339 journées en 2001, puis 4 780 en 2009 et 5 142 en 2013 avant de redescendre les trois années suivantes puis de remonter à 5 921 en 2017... En 2018 (voir encadré « Le remplacement dans la Drôme »), les principaux motifs de remplacement sont les maternités (chiffre en baisse mais demeurant élevé) puis les congés (393 journées de plus qu'en 2017), qui représentent à eux deux 70 % de l'activité. Suivent, mais loin derrière, les remplacements pour motif « maladie » ou « accident » (14 % du nombre de journées total). Il ont baissé de 28 % (après une hausse de 34 % en 2017), « ce qui est un signe positif concernant la sécurité sur les exploitations et la santé des agriculteurs. »
Moins de « Répit »
A noter, dans le cadre de « Répit », dispositif d'aide au remplacement pour épuisement professionnel, 161 journées ont été réalisées dans la Drôme (contre 368 en 2017). Tout agriculteur pouvait prétendre à cette aide (quels que soient ses productions et revenu), après évaluation de sa situation d'épuisement par un travailleur social de la MSA. En 2017, l'Etat avait délégué une enveloppe exceptionnelle (de près de 4 millions d'euros) à la caisse centrale de la MSA pour cette mesure, qu'il n'a pas reconduite en 2018. L'an passé, elle a été financée par la MSA. La poursuite de cette mesure, Régis Aubenas l'a considérée comme une « excellente chose », avant que Guy Péran, élu MSA Ardèche-Drôme-Loire, ne précise : « Nous avons su seulement en mai que la caisse centrale poursuivait "Répit". Et, pour 2019, nous ne connaissons pas encore sa décision ».
Des soutiens
En matière de soutiens, Corinne Escaich a signalé deux nouveautés. L'une est une cagnotte exceptionnelle de 5 000 euros versée par la Banque Populaire Aura et gérée par Service de remplacement Auvergne-Rhône-Alpes. Cette enveloppe est destinée à financer, dans les douze départements de la région, le remplacement des agriculteurs sapeurs-pompiers volontaires partant en formation. L'autre est un partenariat avec le Sdis (service départemental d'incendie et de secours) de la Drôme mis en place fin novembre 2018. Il vise à encourager le remplacement pour le même motif et, en plus, pour la participation à des opérations de grande ampleur (par exemple, des catastrophes naturelles). Par ailleurs, pour la deuxième année, la Région a attribuée une enveloppe dédiée au financement de journées de remplacement afin d'encourager les agriculteurs à prendre des responsabilités dans des structures.
Quant au Département, il est un soutien financier historique via une aide annuelle venant diminuer le coût des journées de remplacement pour motifs « congés-loisirs » et « maladies-accidents ». Et la MSA, elle, reste le « premier financeur du remplacement ». Régis Aubenas l'a une nouvelle fois rappelé, avant de saluer ces soutiens, ceux de la chambre d'agriculture de la Drôme, de l'Etat, de Groupama ainsi que les partenariats avec l'Adefa* et le GDS**.
Un problème de recrutement
En termes d'activité, « 2018 a été une année haute pour les services de remplacement de la Drôme qui a généré beaucoup de travail administratif, a encore constaté le président de la fédération départementale. Pour répondre aux besoins, nous avons dû faire appel à des vacataires. Cela a été un peu chaud mais nous nous en sommes sortis. Cependant, si l'activité augmente encore, nous aurons du mal à faire face avec nos salariés. C'est un vrai problème. » D'autant plus que les services de remplacement - compte tenu des compétences spécifiques demandées - peinent à recruter des salariés et à les garder dans le temps. Le président de celui de la région de Romans, Jean-Baptiste Vye, s'en est alarmé cette année encore. Alors comment concilier la demande croissante en remplacement et les besoins en recrutement pour répondre à ce développement ? Un échange sur ce thème a suivi (voir ci-...).
Annie Laurie
* L'Adefa, association départementale emploi formation en agriculture, met à disposition à temps partiel Corinne Escaich pour la coordination et l'animation de Service de Remplacement Drôme.
** Le GDS (groupement de défense sanitaire) finance le reste à charge du remplacement de ses administrateurs lors de réunions.
Le remplacement dans la Drôme
Cinq services de remplacement : Jeunes Agriculteurs de la Drôme, Bourdeaux, Herbasse-Galaure-Valloire, région de Romans, Vercors.Au total, 5 404 journées réalisées en 2018 (contre 5 921 en 2017).
Répartition par motifs :
36 % pour maternités (- 7 % comparé à 2017) ;
35 % pour congés (+ 27 %) ;
14 % pour maladies ou accidents (- 28 %) ;
4 % pour développement agricole (- 44 %) ;
4 % pour paternités (+ 16 %) ;
3 % pour aides « Répit » (- 56 %).
1 % pour compléments de main-d'œuvre (- 56 %) ;
1 % pour mandats syndicaux (- 3 %) ;
1 % pour formations (- 18 %).
Réflexion /
Attirer et « ratisser » plus large
Voici quelques idées émises par les participants à l'assemblée générale de Service de remplacement Drôme pour mieux recruter et conserver ses salariés : Il faut regarder ce qui se fait et ce qui peut être mis en place, promouvoir le métier. Les liens avec les établissements d'enseignement agricole et les centres de formation doivent être resserrés. Il faut communiquer auprès des jeunes (notamment des BTS en apprentissage) et des adultes en formation continue. Mais aussi dans les stages 21 heures, où de futurs agriculteurs peuvent être intéressés pour faire appel à un service de remplacement et d'autres pour en devenir agent et, ainsi, se procurer un complément de revenu. Peuvent également l'être des agriculteurs souhaitant arrêter leur activité ou la compléter par un travail salarié. De même que des personnes en reconversion professionnelle (public en formation continue). En tous cas, il faut essayer de mieux se vendre, d'attirer dans le métier et d'élargir les réseaux de recrutement habituels. Et, pourquoi pas, tenter de fidéliser les salariés avec des avantages accordés en plus de la rémunération (comme les chèques vacances, par exemple)...
A. L.