Des sujets agricoles évoqués avec Bruno Retailleau

Le 13 avril, Bruno Retailleau - coordinateur de campagne de François Fillon, sénateur de la Vendée et président de la Région Pays de la Loire - a visité l'élevage de veaux de Thierry Héraud, à Châteauneuf-sur-Isère. L'occasion pour des représentants de la profession de lui demander de s'exprimer sur des sujets agricoles « stratégiques ». Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture, et Grégory Chardon, président de la FDSEA, en avaient ciblé quelques-uns : sur-réglementation, normes environnementales, compétitivité, irrigation (« stratégique en Drôme »), entrave à la construction de bâtiments d'élevage... « Sur ces problématiques, « nous ne souhaitons pas entendre des promesses électorales mais du concret », a prévenu le premier. Ils étaient entourés d'autres agriculteurs dont Paul Despesse, troisième vice-président de la chambre d'agriculture, et les élus drômois Gilbert Bouchet, Patrick Labaune, Emmanuelle Anthoine, Marlène Mourier...
Simplifier, ne pas sur-réglementer
« Qu'on applique les normes européennes mais sans ajouter une couche de normes françaises comme c'est le cas aujourd'hui », a martelé Jean-Pierre Royannez en ouverture de la discussion. « L'économie française est en train de mourir de sur-réglementation, a observé à son tour Bruno Retailleau. Le premier engagement de François Fillon, s'il est élu, est de ne pas sur-réglementer. On s'aligne sur les normes européennes, sans normes supplémentaires, et on simplifie. »
Côté normes environnementales, « le bio ne réglera pas tous les problèmes, a remarqué Jean-Pierre Royannez. Si on ne s'était pas battu, aujourd'hui la distance de traitement serait de 200 mètres autour de chaque maison. On a pu obtenir que ce soit uniquement pour les lieux publics, écoles... Mais la pression de la société reste forte. »
Redonner de la compétitivité
La concurrence de pays voisins où le coût de la main-d'œuvre est moindre « est un souci, notamment en arboriculture », a dit Grégory Chardon. En matière de compétitivité, « en plus du CICE, on ajouterait 25 milliards de baisse des charges, a expliqué Bruno Retailleau. Cet effort comblerait plus de la moitié de l'écart avec l'Espagne. Et on transformerait le CICE en baisse des charges ». Et d'insister : « Si l'on veut apporter de la compétitivité, il faut réduire le coût du travail avec une baisse des charges sociales. On ne la limitera pas au bas salaires. »
». Quant à la valeur ajoutée captée par la grande distribution, « le Sénat, a-t-il rappelé, avait initié l'idée d'un regroupement des organisations de producteurs plus fort et une contractualisation avec des indices de coûts de production. Il faut une juste répartition de la valeur ajoutée pour que chacun puisse gagner sa vie ». Concernant le compte pénibilité, « au niveau syndical, on le dénonce, on n'en veut pas », a dit Grégory Chardon. « On le supprimera, ainsi que les 35 heures », a répondu Bruno Retaillaeau.
Epargner, assurer
Pour les risques climatiques et sanitaires, « on élargit la DPA(*), a indiqué Bruno Retailleau. On met en place un compte épargne défiscalisé que l'agriculteur pourra approvisionner de façon non limitative avec les bénéfices réalisés en années positives pour les années difficiles. Et on axe une grande partie de la future Pac sur un régime assurantiel comme le farm bill aux Etats-Unis ». Pour ce qui est de l'irrigation, il considère le stockage de l'eau comme « un mécanisme d'assurance » permettant de faire face à la sécheresse.
Réguler
Le dernier sujet abordé est celui des entraves à la création de bâtiments d'élevage. Jean-Pierre Royannez a constaté que des associations s'y opposaient parfois avant même le dépôt du permis de construire. « On a besoin de régulation », a-t-il confié. « Il y a des standards européens, il faut s'aligner dessus, ni plus, ni moins », a noté Bruno Retailleau. Aujourd'hui, le droit de l'urbanisme est un nid à contentieux. Il y a toujours une petite niche permettant de casser un permis de construire ».
(*) DPA : déduction pour aléas.
Les veaux de Thierry Héraud

Les veaux des frères Drevon ont d'ailleurs reçu le prix d'excellence Welfarm en 2015 « pour leur engagement en faveur du développement de l'élevage de veaux sur paille et leur action en faveur du bien-être animal ». Ces animaux sont nés en France et abattus en Rhône-Alpes.