Des syndicalistes face au ministre de l'Agriculture

En marge du salon Tech&Bio, organisé les 20 et 21 septembre à Bourg-lès-Valence, Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, et Grégory Chardon, président de la FDSEA de la Drôme, ont pu échanger avec le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert. D'emblée, ils ont demandé au ministre de dire haut et fort les valeurs et les bienfaits de l'agriculture française. « En effet, les agriculteurs ont besoin de reconnaissance et il ne faut pas hésiter à affirmer que l'agriculture française est une agriculture performante, servie par un savoir-faire exceptionnel », ont expliqué les deux syndicalistes. Le ministre s'est montré d'accord pour promouvoir l'agriculture française.
Les deux présidents ont ensuite évoqué les relations entre agriculteurs, industriels et consommateurs, point important des Etats généraux de l'alimentation (EGA). Ils ont souligné qu'il était nécessaire que les acteurs économiques deviennent de vrais partenaires de l'agriculture.
Le juste prix
Selon eux, plusieurs pistes sont envisageables dans ce sens. D'abord, une modification de la loi de modernisation de l'économie (LME) s'impose puisque, depuis sa création en 2008, elle favorise la guerre des prix. Il est donc important de pouvoir modifier les règles du jeu avec la mise en place de nouveaux amendements sur différentes thématiques telles que le contrôle de la promotion en grande distribution, de nouveaux contrôles sur le seuil des reventes à pertes. Ensuite, il conviendrait d'inverser la construction des prix en basant les indicateurs de prix sur les coûts de production moyens et non sur les prix du marché, comme c'est le cas actuellement. Enfin, les syndicalistes proposent de modifier le droit de la concurrence en France et en Europe, pour que les agriculteurs puissent parler de la construction des prix avec les indicateurs de prix. Les producteurs d'endives ont voulu discuter pour mettre leurs prix en commun mais ils ont été condamnés par l'Europe en vertu du droit de la concurrence.
Gagner en compétitivité
Face au ministre, Michel Joux et Grégory Chardon ont souhaité une modification de la fiscalité, avec la mise en place d'une épargne de précaution afin de permettre aux entreprises de gagner en compétitivité. Cette épargne serait constituée lors des bonnes années et utilisée lors des mauvaises. Par ailleurs, les agriculteurs appellent de leur vœu une simplification administrative car les déclarations sont trop complexes. Les syndicalistes plaident également pour une diminution du coût du travail et souhaitent la mise en place de dispositifs de soutien par l'Etat afin de moderniser les exploitations agricoles et diminuer les coûts de productions. Enfin, le développement de la recherche pour stocker l'eau et l'utiliser en cas de pénurie s'avère indispensable.
S'agissant des aléas climatiques, Michel Joux et Grégory Chardon ont proposé de promouvoir les outils de protection des vergers et des vignes, ainsi que la mise en place d'une offre assurantielle accessible à tous les agriculteurs. Enfin, ils ont demandé le paiement au plus tôt du retard de la subvention 2016.
Des agricultures complémentaires
Après certaines déclarations sur le « zéro phyto », les deux présidents ont affirmé que c'était une aberration. « Dans l'état actuel, une agriculture française sans phytosanitaires est une agriculture vouée à disparaître », ont-ils dit. Cependant, Michel Joux et Grégory Chardon sont d'accord pour aller vers une agriculture utilisant moins d'intrants. Le ministre les a rejoints sur ces positions.
Les deux présidents ont aussi fait un point sur les comparaisons entre agriculture biologique et conventionnelle. « Il faut cesser de comparer ces deux modes de productions qui sont complémentaires, ont-ils indiqué. Il faut arrêter de dire que le conventionnel n'est pas bon et que le bio est la seule solution : les deux modèles peuvent cohabiter ensemble et permettre à l'un comme à l'autre de progresser. »