Le 24 mai, un champ de maïs de Lionel Grange à Hostun a accueilli une présentation de binage et de désherbage chimique localisé sur le rang organisée par la chambre d'agriculture de la Drôme. Cette action a été financée par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse et Valence Romans Agglo, dans le cadre du programme d'actions captage prioritaire d'Eymeux (dont l'aire d'alimentation couvre principalement les communes d'Hostun, Jaillans et Beauregard-Baret). « L'objectif était de mettre en avant les techniques de binage et de désherbage chimique localisé sur le rang combiné soit au semis, soit au binage », explique Nadège Villard, conseillère en agronomie environnement à la chambre d'agriculture de la Drôme.

La bineuse Monosem.

Deux bineuses en démonstration

Les participants ont pu voir fonctionner deux bineuses. L'une, de marque Monosem et propriété de la Cuma des Monts du matin (Rochefort-Samson), a été présentée par les Etablissements Faure et fils. Il s'agit d'un outil six rangs à guidage manuel. Il est, en outre, équipé d'un enfouisseur d'engrais. Grâce à celui-ci, peuvent être faites des économies d'urée de 30 % par rapport à un épandage en surface sans arrosage (pertes par volatilisation en cas de vent, chaleur...). Cette bineuse peut être installée en frontal. L'autre matériel en démonstration est une bineuse de marque Carré six rangs avec guidage par palpeurs. Elle a été présentée par Jérôme Rabine, de la société Carré, et les Etablissements Peillet. Il existe aussi des options de guidage par caméra. Comme le fait remarquer Nadège Villard, le binage requiert d'être concentré sur son travail. Le guidage par caméra ou palpeurs facilite cette opération.

Des matériels subventionnés

La conseillère signale que, dans le cadre du programme de développement rural (mesure 4.13), l'Europe, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse aident l'acquisition de matériels de désherbage mais aussi de réduction et d'optimisation de l'utilisation de fertilisants. La subvention s'élèverait à 40 % du montant de l'investissement. Elle pourrait être majorée de 10 % dans trois cas : pour un jeune agriculteur, en zone de montagne, en bio. Un nouvel appel à candidatures devrait être publié d'ici peu. En principe, les dossiers seraient à déposer avant fin juillet et une session de sélection devrait avoir lieu fin septembre.

Désherbage localisé sur le rang

« Le désherbage chimique localisé sur le rang présente un intérêt économique et environnemental certain, souligne Marie-Pascale Couronne, elle aussi conseillère en agronomie environnement à la chambre d'agriculture de la Drôme. Il permet de réduire la quantité d'herbicide appliquée de 50 à 75 %, pour une efficacité similaire à un désherbage chimique en plein ». Il nécessite d'investir dans une bineuse et un kit de désherbage localisé. Il exige de bien cibler les fenêtre d'intervention favorables au binage et prend plus de temps qu'un désherbage chimique en plein.
Lors de cette rencontre à Hostun, un agriculteur, Raphaël Barthélémy, a fait part de sa satisfaction du désherbage localisé sur le rang, qu'il pratique depuis plus de vingt ans (voir ci...).

Annie Laurie

Clés de réussite d'un binage

Jean Champion, conseiller grandes cultures biologiques à la chambre d'agriculture de la Drôme, rappelle les conditions de réussite d'un binage :

- Soigner la préparation du sol pour une bonne pénétration de l'outil de binage.

- Pratiquer des faux semis en amont.

- Favoriser une levée rapide de la culture : cela permet d'utiliser la bineuse de façon plus agressive contre les adventices.

- Augmenter la densité de semis pour compenser les pertes lors des binages.

- Cibler les périodes optimales d'intervention : sol bien ressuyé et période sèche les jours suivants.

Coût du matériel

Le prix hors taxes d'une bineuse 6 rangs Carré :

- Bineuse simple : 9 100 €.

- Bineuse avec guidage intégré par palpeurs seuls : 15 200 €.

- Bineuse avec guidage intégré par caméra seule : 22 400 €.

- Bineuse avec guidage intégré par caméra et palpeurs : 23 700 €.

- Caméra seule : environ 7 000 €.

Autres équipements commercialisés :

- Kit de désherbage chimique localisé sur le rang : 7 500 €.

- Localisateur d'engrais (enfouissement à 3-4 cm) : 7 500 €.

- Désherbage mécanique localisé sur le rang avec des doigts souples (doigts Kress) : 900 € par élément, soit 5 400 € pour une bineuse 6 rangs.

Désherbage localisé sur le rang : trois possibilités

- En prélevée au semis : équiper le semoir.

- En post-levée au binage : investir dans une bineuse et l'équiper.

- En intervention spécifique de post-levée : avec un pulvérisateur équipé en localisé.

Attention, en Drôme, les conditions propices au binage sont rarement favorables à une efficacité maximale des herbicides (créneaux étroits). L'intervention localisée en prélevée semble donner les meilleurs résultats dans notre département.

Témoignage /

Un équipement « fait maison »

Agriculteur à Saint-Paul-lès-Romans, Raphaël Barthélémy pratique le désherbage localisé sur le rang depuis plus de vingt ans, en prélevée dans ses maïs et tournesols. Pour s'équiper en bineuse (à guidage manuel), d'abord en quatre rangs puis en six, il a pu bénéficier des dispositifs d'aide CTE(1) et ensuite PVE(2). Il a autoconstruit un système d'application localisée. Son semoir dispose de trémies pour les semences, engrais et insecticides ainsi que d'une cuve pour les traitements phytosanitaires liquides. En ne traitant qu'un tiers de la surface, il réalise une économie de produits de près de 70 %.
En complément, Raphaël Barthélémy passe deux fois la bineuse pour bien maîtriser les adventices sur l'inter-rang. Il avance à une vitesse de 4 à 6 km/h au premier passage (pour ne pas butter les plantes) et de 10 à 15 km au deuxième. En plus de vingt ans, il a rarement éprouvé de difficultés à trouver un créneau pour le second binage (conditions trop humides une seule année). A ces pratiques, cet agriculteur associe des méthodes agronomiques (rotation, faux semis). Par exemple, le binage n'étant pas toujours suffisant sur la lampourde, il pratique des faux semis. Et, localement, il désherbe quelquefois chimiquement les zones fortement infestées (tous les quatre à cinq ans environ). Il profite également du deuxième binage pour enfouir l'urée (apportée juste avant) et, ainsi, en réduit la volatilisation.
Raphaël Barthélémy n'entend pas faire marche arrière. Cette technique lui donne entière satisfaction, même si elle prend un peu plus de temps et nécessite de recourir à des leviers agronomiques pour gérer certaines adventices difficiles à détruire.

A. L.

(1) CTE : contrat territorial d'exploitation.
(2) PVE : plan végétal pour l'environnement.