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Elevage bovin

Des transferts embryonnaires pour multiplier la villarde

Dans le Vercors, son berceau, la vache villarde se serait peut-être s'éteinte sans la mise en place des premières actions de conservation de la race en 1977 puis sa relance à partir des années 1990. Pour accélérer sa multiplication, des transferts embryonnaires ont débuté en 2015.
Des transferts embryonnaires pour multiplier la villarde

La vache villard-de-lans ou villarde est indissociable du Vercors. Riche, son lait est particulièrement adapté à la fabrication de fromages comme l'AOP bleu du Vercors-Sassenage. « Dans le but d'avoir un produit toujours plus qualitatif, lié à son patrimoine et son histoire, notre filière se mobilise pour développer la villarde. L'objectif est que chaque troupeau produisant du lait destiné au bleu du Vercors-Sassenage comporte au minimum 5 % d'animaux de cette race à l'horizon 2018. Cette exigence entrera dans le cahier des charges de l'AOP, actuellement en cours de réécriture. » C'est ce qu'expliqueAnne Revol, éleveuse de villardes avec son mari au sein de la ferme de la Cime du mas à La Chapelle-en-Vercors. Elle est aussi présidente de la section villard-de-lans de l'Organisme de sélection des races alpines réunies (Osrar).

 

Anne et Sébastien Revol et l'une de leurs villardes.

Parmi les meilleures

Pour multiplier plus rapidement la race villard-de-Lans, trois campagnes de transferts embryonnaires ont eu lieu : en août et novembre 2015, puis le 19 avril. Ceci en vue de transplantations sur vaches de race montbéliarde et abondance. Repérées par les techniciens pointeurs, les villardes donneuses ont été sélectionnées parmi les meilleures de la race en aptitudes laitières et conformation. Elles ont subi un traitement hormonal de « superovulation » (ponte simultanée de plusieurs ovules). Les receveuses ont également été préparées à la transplantation car elles doivent être cyclées avec les donneuses (synchronisation). Le transfert s'est fait sept jours après insémination. Prélevés sur les donneuses par une équipe de Bel Air Embryon, les embryons ont ensuite été examinés en camion laboratoire afin de vérifier leur qualité. Lors des campagnes 2015, ils ont tous été conservés. Par contre, en avril, ils ont été sexés. Et seuls ceux de sexe femelle ont été gardés.

Une initiative soutenue

Trois des quatre transferts d'août 2015 ont réussi. En mai, deux veaux mâles et une femelle sont nés. Les embryons de qualité collectés en novembre, eux, ont tous été congelés et sont conservés dans une « banque ». « L'inséminateur du secteur a été formé à la pose d'embryons sur vaches en chaleurs naturelles », précise Anne Revol. Le 19 avril, des embryons ont été collectés sur trois donneuses, deux à la ferme de la Cime du mas et une dans un élevage de Lans-en-Vercors. Sur les dix embryons femelles retenus, six ont été transplantés sur des receveuses à Méaudre, Villard-de-Lans, Lans-en-Vercors et Autrans. Les autres ont été congelés.

Le coût de cette technique est élevé. « Il est financé en grande partie par Div'agri, dispositif régional destiné à soutenir la diversité agricole végétale et animale, notamment le maintien des races à effectif restreint », indique Anne Revol. Un premier programme de transferts d'embryons avait été réalisé en 1998 mais sur peu d'animaux. Celui démarré l'an passé n'en est qu'à ses débuts. C'est un plus pour la sauvegarde de la race villarde, patrimoine du Vercors.

Annie Laurie
La ferme de la Cime du mas
A La Chapelle-en-Vercors, dans la ferme de la Cime du mas, Anne et Sébastien Revol élèvent une vingtaine de vaches laitières et une quinzaine de génisses, principalement de race villarde (seulement deux abondances). Ils exploitent 57 hectares (en fermage et propriété), moitié en fauche, moitié en pâturages. Le lait est transformé à la ferme en bleu du Vercors-Sassenage et autres fromages de type gruyère, tommes, briques.

 

 

Race bovine / La villarde, ses caractéristiques, son histoire.
L'Organisme de sélection des races alpines réunies recense actuellement autour de 200 vaches villardes.
La villarde, vache du Vercors
La race bovine de villard-de-lans est aussi appelée villarde. La région des « quatre montagnes » (Autrans, Méaudre, Lans-en-Vercors et Villard-de-Lans) est son berceau. Sa robe est de couleur froment uniforme plus ou moins clair. Son chignon est coiffé d'un toupet, ses cornes sont en lyre haute. La villarde est robuste et classée parmi les races de grand format. La taille moyenne des vaches adultes est de 1,40 mètre de hauteur au garrot et leur poids oscille entre 700 et 800 kilos. Les mâles peuvent atteindre 1 200 kilos. C'est une race mixte, à la fois laitière et allaitante (autrefois utilisée aussi pour la traction animale).
En danger avant d'être relancée
La villard-de-Lans est officiellement reconnue en 1861. En 1916, il en est dénombré plus de 15 000. Mais cette race souffre elle aussi des guerres mondiales, surtout de la deuxième où les troupes d'occupation s'en nourrissent. Dans les années 1950, la mécanisation participe à leur déclin. S'ajoute la volonté du ministère de l'Agriculture de l'époque de ne conserver que « quelques races plus productives ». Cela conduit à la disparition, l'absorption ou, dans le meilleur des cas, à la baisse des effectifs des « races locales ». Seulement 170 femelles villardes sont comptées en 1967.
Les premières actions de conservation de la race se mettent en place en 1977 grâce à l'Inerm (Institut national d'études rurales et montagnardes) de Grenoble. Trois taureaux de race pure entrent alors au centre d'insémination de l'UCEAR de Bel Air. En 1980, grâce à l'Iteb (aujourd'hui Institut de l'élevage) et quelques éleveurs passionnés, est créé un fichier racial réunissant 80 femelles. En 1993, est fondée l'Association pour la sauvegarde de la race bovine villard-de-lans. En 2009, la villarde intègre l'Organisme de sélection des races alpines réunies. Cet organisme recense actuellement 202 vaches villardes et 41 éleveurs.
Source : Organisme de sélection des races alpines réunies.