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Biocontrôle

Des trichogrammes épandus par drone

En partenariat avec la coopérative Natura'pro, la chambre d'agriculture de la Drôme a organisé une démonstration d'épandage de trichogrammes par drone. Cette technique offre un gain de temps. L'enjeu est d'en diminuer le coût par l'augmentation des surfaces à traiter.
Des trichogrammes épandus par drone

L'utilisation des trichogrammes pour lutter contre la pyrale du maïs est déjà largement éprouvée. En France, plus de 130 000 hectares de maïs sont déjà protégés grâce à l'action parasitoïde de ces minuscules guêpes auxiliaires. Cependant, la pose manuelle des diffuseurs contenant les trichogramma brassicae s'avère fastidieuse et chronophage. Pour faciliter le recours à ce moyen de lutte, la société Biotop, basée à Livron-sur-Drôme et filiale du groupe coopératif InVivo, a développé un nouveau système de distribution des trichogrammes. L'an dernier à la même époque, elle présentait ses nouveaux diffuseurs, capsules en cellulose paraffinée contenant chacune 1 800 œufs de trichogramme. Un premier essai d'épandage par ULM avait eu lieu dans le Nord-Drôme. Le 8 juillet dernier à Charols, dans le cadre d'une démonstration labellisée Innov'action, ces mêmes capsules ont été épandues par drone. « C'est une technique innovante, qui se développe sur notre secteur et s'inscrit dans le développement durable, a indiqué François Martel, président de Natura'pro. Notre coopérative a souhaité proposer ce nouveau service. L'enjeu est d'en diminuer le coût en développant des surfaces. » Actuellement, l'offre de service est proposée à 20 euros l'hectare (hors coût des capsules autour de 67 euros l'ha). Environ 200 ha sont contractualisés cette année. Les épandages devraient se dérouler du 18 au 24 juillet.

Sept hectares en vingt minutes

A Charols, une quarantaine d'exploitants agricoles ont assisté à la démonstration et écouté les explications.
© journal L'Agriculture DrômoiseStéphane Vermersch (Flying Eye) avec son drone et Alexandre Benoist (Biotop) tenant un sachet de capsules de trichogrammes.
© journal L'Agriculture Drômoise

Sur le drone équipé d'un GPS est installé un réservoir dont la capacité permet de traiter sept hectares (à raison de 250 capsules par ha) en vingt minutes, temps correspondant à l'autonomie de l'engin. Dessous, une nacelle équipée d'un compteur (capteur laser) distribue automatiquement les trichogrammes. « Une caméra visualise et enregistre le lâcher, précise Stéphane Vermersch, représentant de la société Flying Eye. En cas de problème, il est possible d'identifier la bande sur laquelle a eu lieu l'incident, pour ensuite refaire un passage. »
L'épandage des capsules se fait à une altitude de quinze mètres. Le drone peut atteindre la vitesse de 36 km/h. Sa portée est de 1 000 m. « En cas de vent supérieur à 25 km/h, son autonomie devient plus faible car il doit lutter pour conserver sa trajectoire, ajoute Stéphane Vermersch. Et avec un vent supérieur à 30 km/h, on perd la précision du lâcher. » Lors de l'épandage, l'irrigation des parcelles doit être stoppée. A noter, l'utilisation de drone est interdite la nuit ainsi qu'à proximité de sites sensibles (installations nucléaires...) « En amont, sont établis les plans de vol à partir de l'étude des contraintes, explique-t-il. C'est le gros du boulot. Tout est ensuite enregistré dans un logiciel spécifique, ce qui permet le jour J de pouvoir lancer le vol très rapidement. »

Des capsules multivagues

Chaque capsule produite par Biotop contient 1 800 œufs de trichogramme. L'épandage se fait à raison de 250 capsules par hectare.
© journal L'Agriculture Drômoise

Les capsules contenant des trichogrammes s'utilisent uniquement sur la seconde génération de pyrale (G2), en début de vol de celle-ci. Les dates optimales des lâchers sont établies grâce aux informations fournies notamment par la chambre d'agriculture. « L'efficacité du produit dure deux à trois semaines, explique Alexandre Benoist, assistant développement produits à Biotop. Les capsules sont multivagues avec quatre périodes d'émergence, ce qui couvre la totalité du vol de la pyrale. Selon le plan de vol pré-établi, le drone va parcourir la parcelle et lâcher une capsule tous les cinq mètres avec une largeur d'andain de huit mètres.Une capsule va couvrir 40 mètres carrés. La dose lâchée représente ainsi 450 000 trichogrammes à l'hectare. Cette solution permet un lâcher homogène à la parcelle. » Alexandre Benoist met en avant la résistance des capsules, notamment à l'humidité, ainsi que le gain de temps qu'offre l'épandage aérien comparativement à la pose manuelle des plaquettes.
Aurélien Roux, agriculteur et éleveur à Roynac, a franchi le pas. Ses huit hectares de maïs seront traités par drone dans les tout prochains jours. « Le seul problème, confie-t-il, c'est le mistral. »

Christophe Ledoux

A voir : VIDEO de la démonstration sur www.agriculture-dromoise.fr

 

Organisation de la prestation /

 Un chantier par étapes

Alain Clariond, responsable agro-environnement à Natura'pro.
© journal L'Agriculture Drômoise« C'est une technique innovante, qui se développe sur notre secteur et s'inscrit dans le développement durable, a indiqué François Martel, président de Natura'pro.
© journal L'Agriculture Drômoise

 
Alain Clariond, responsable agro-environnement à Natura'pro, a donné des précisions sur la prestation d'épandage de trichogrammes par drone. Par petite région, la surface globale à traiter doit être supérieure à 20 hectares. Chaque parcelle (ou bloc parcellaire) doit représenter au moins deux ha. Au plus tard deux mois avant la date prévisionnelle d'épandage, soit autour du 15 mai, chaque agriculteur doit s'engager sur les surfaces à traiter. Est alors transmise à Biotop une commande de capsules à partir de laquelle est élaboré un programme de « fabrication » des trichogrammes.Parallèlement, la coopérative prend contact avec le prestataire de drone.Au minimum un mois avant la date prévisionnelle d'épandage (au plus tard le 15 juin), sont réalisées les cartographies et plans de vol.Une semaine avant les opérations, Biotop et Natura'pro déterminent la date définitive. Pour un client donné, l'étalement du chantier pourra être au maximum de trois jours.La veille du traitement, Natura'pro informe ses clients. Et le jour J, un SMS de confirmation est envoyé. Sur demande, un fichier d'enregistrement GPS des données de vol, faisant preuve du traitement, pourra être fourni.Jusqu'à l'épandage, les capsules contenant des trichogrammes sont à conserver à une température de 10 à 13 degrés Celsius et à éloigner de toute source de pollution. La durée de stockage est limitée à deux jours après la livraison par Biotop.

 

Fabrication / Le point sur les trichogrammes produits par Biotop, entreprise implantée à Livron-sur-Drôme.

Des trichogrammes produits en Drôme

Les trichogrammes sont des micro-guêpes.
Guêpes parasitoïdes, les trichogrammes mesurent moins d'un millimètre. Les femelles pondent à l'intérieur des œufs de papillons. Les larves de trichogrammes empêchent ensuite le développement des chenilles de papillons susceptibles de s'attaquer à la plante hôte.
Dans la lutte contre la pyrale du maïs, l'auxiliaire utilisé est trichogramma brassicae. Biotop le produit en utilisant comme support les œufs de la teigne de la farine (ephestia kuehniella).

 

Le groupe Dephy semences

Anne Court, conseillère à la chambre d'agriculture, a donné des informations sur le groupe Dephy semences.
© journal L'Agriculture Drômoise
Juste avant la démonstration, Anne Court, conseillère à la chambre d'agriculture, a donné des informations sur le groupe Dephy semences. Constitué d'une quinzaine d'exploitations, il a permis d'étudier des techniques mettant en œuvre une moindre utilisation des produits phytosanitaires. Ont été mis en évidence des indices de fréquence de traitement (IFT) moyens par système de cultures.Dans le cadre du programme 2016-2020, diverses actions sont prévues dont l'utilisation des produits de biocontrôle.