Accès au contenu
Biocontrôle

Des trichogrammes épandus par ULM : une première !

En partenariat avec la coopérative Valsoleil, la société Biotop (Livron), spécialiste des solutions de lutte alternatives pour la protection des plantes, a lancé le 16 juillet une offre d'épandage de trichogrammes par ULM*. Une première en France.
Des trichogrammes épandus par ULM : une première !

L'utilisation des trichogrammes pour lutter contre la pyrale du maïs est déjà largement éprouvée. En France, plus de 120 000 hectares de maïs sont déjà protégés grâce à l'action parasitoïde de ces minuscules guêpes auxiliaires. Cependant, la pose manuelle des diffuseurs contenant les trichogramma brassicae s'avère fastidieuse et chronophage. Pour faciliter le recours à ce moyen de lutte, la société Biotop basée à Livron-sur-Drôme, filiale du groupe coopératif InVivo, a développé un nouveau système de distribution des trichogrammes. « Nous avons repensé l'emballage des diffuseurs pour passer des plaquettes utilisées manuellement à des capsules en cellulose contenant 1 800 œufs chacune », explique Sébastien Rousselle, directeur marketing et commercial de Biotop. Le 16 juillet, en partenariat avec la coopérative Valsoleil, était organisée une démonstration d'épandage de trichogrammes par voie aérienne. De Saint-Rambert-d'Albon à Saint-Geoirs et jusque dans la plaine de Valence, un ULM a lâché des capsules sur 300 hectares de maïs appartenant à une quinzaine d'exploitations drômoises. Une première en France.

500 hectares par jour

A bord de l'ULM, le distributeur automatique dans lequel sont stockées les capsules de trichogrammes. Cette capsule produite par Biotop contient 1 800 œufs de trichogrammes.Trois ouvertures, l'une sous la cabine de l'ULM, les deux autres à l'extrémité de chacune des ailes, permettent d'épandre les capsules contenant les trichogrammes.

A bord de l'ULM, a été installé un distributeur automatique dans lequel sont stockées les capsules de trichogrammes. Trois ouvertures, l'une sous la cabine de l'ULM, les deux autres à l'extrémité de chacune des ailes, permettent de les épandre à raison de 250 par hectare (ce qui représente 450 000 trichogrammes). « L'application aérienne permet un débit de chantier très important, souligne Sébastien Rousselle. Avec l'ULM, cela représente 500 hectares par jour. Avec le drone, réservé aux petites parcelles ou sur des "terrains complexes", 80 à 100 ha par jour. » Les coûts d'utilisation, à 17 euros par hectare, sont en revanche comparables. A cela, s'ajoute l'achat des capsules (autour de 60 euros).
Biotop met aussi l'accent sur la souplesse d'utilisation de l'ULM (meilleure qu'avec un drone) et sur le fait que le recours aux trichogrammes, solution de biocontrôle, n'est pas soumis à l'interdiction d'épandage par voie aérienne de pesticides. Le pilote en charge de la démonstration le 16 juillet a effectué son vol de 6 à 11 heures, puis de 18 à 21 heures. Une pause rendue nécessaire pour éviter les turbulences liées à la convection thermique. Le vol s'est fait à une altitude de 20 à 30 mètres pour ne pas endommager les trichogrammes lors de l'épandage. « Ce qui a été le plus difficile ici, confie le pilote, c'est la petitesse des parcelles », repérées au préalable par GPS.

Sur le Sud de la France pour l'instant

A l'aérodrome de Saint-Rambert-d'Albon, devant l'ULM ayant servi à la démonstration du 16 juillet, les représentants de la société Biotop (dont Sébastien Rousselle à droite), le pilote et le gérant de la société Aéropro (au centre).

Pour Valsoleil, « le choix du trichogramme s'appuie sur trois piliers, indique Thierry Maingourd, directeur des achats de la coopérative. Agronomique tout d'abord, pour assurer rendement et qualité car les dégâts de la pyrale sont propices à la propagation de mycotoxines. Economique ensuite, pour assurer une meilleure valorisation des maïs ainsi protégés. Et environnemental enfin, car le trichogramme a fait ses preuves. »
Avec ses nouveaux diffuseurs sous forme de capsules pouvant être épandues par voie aérienne, Biotop espère conquérir de nouvelles surfaces et ainsi augmenter ses ventes de trichogrammes produits dans la Drôme. Cependant, ce nouveau procédé ne concerne pour l'instant que le Sud de la France et s'utilise uniquement sur la seconde génération de pyrale. En effet, les capsules doivent pouvoir être maintenues en deçà de la température létale pour les trichogrammes (35°C), ce qui est possible sur maïs couvrant. « Nous travaillons sur une capsule pouvant résister à de fortes températures, confie Sébastien Rousselle, ce qui permettra une utilisation sur maïs non couvrant. »

Christophe Ledoux

* ULM : aéronef ultra-léger motorisé.

 

Fabrication / Le point sur les trichogrammes produits par Biotop.

Des trichogrammes rendus plus actifs

Trichogramma brassicae, microhyménoptère s'attaquant à la pyrale du maïs.
Guêpes parasitoïdes, les trichogrammes mesurent moins d'un millimètre. Les femelles pondent leurs œufs à l'intérieur des œufs de papillons. Les larves de trichogrammes empêchent ensuite le développement des chenilles de papillons susceptibles de s'attaquer à la plante hôte.
Dans la lutte contre la pyrale du maïs, l'auxiliaire utilisé est trichogramma brassicae. Biotop le produit en utilisant comme support les œufs de la teigne de la farine (ephestia kuehniella). Ces derniers sont parasités par un « inoculum de trichogrammes ».
Les nouveaux diffuseurs et capsules commercialisés par Biotop comportent une solution énergétique augmentant la durée de vie, la résistance et la fécondité des trichogrammes. A leur sortie des œufs, ils peuvent ainsi se nourrir et être actifs plus rapidement. De plus, les trichogrammes sortent en quatre vagues successives, ce qui, selon Biotop, « permet une couverture de la totalité du vol de la pyrale ». La dernière vague d'émergence intervient trois semaines après le lâcher.

 

Biotop /
Les dates clés
- 1991 : fondation de Biotop après un partenariat avec l'Inra engagé depuis 1975 sur le trichogramme ravageur de la pyrale du maïs.
- 1995 : diversification des productions vers d'autres auxiliaires comme les coccinelles.
- 1996 : diversification en dehors des insectes vers les solutions de piégeage.
- 2000 : lancement d'une gamme de confusion sexuelle avec « Ecopom ».
- 2006 : commercialisation de la coccinelle pour les marchés des jardineries.
- 2008 : réorganisation totale de Biotop, ouverture du site de Livron-sur-Drôme.
- 2011 : développement de la gamme grand public et intensification des activités de recherche et développement.
- 2014 : obtention du label officiel « Origine France Garantie » pour ses principaux produits.