« Je ne vais pas vous parler des six années passées mais vous livrer quelques réflexions prospectives sur ce beau métier qu'est l'agriculture », a prévenu Anne-Claire Vial avant de prononcer ses derniers vœux en tant que présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme. Le 18 janvier à Bourg-lès-Valence, en présence du préfet Eric Spitz, de la députée Mireille Clapot, de représentants des services de l'Etat, du Département, de diverses collectivités locales et d'organisations agricoles et cynégétique, elle a souhaité que de nouvelles forces soient données à une agriculture aujourd'hui fragilisée.

Faire de l'agriculture un marqueur territorial

Déroulant le fil de l'histoire, Anne-Claire Vial a rappelé que « l'urbanisation et l'éradication du mode de vie paysans ont été les marqueurs de l'ère industrielle. » A présent, l'entrée dans l'ère numérique « bouleverse nos repères en changeant notre relation à l'espace (davantage résidentiel et moins productif ), au temps, aux autres et à la connaissance, a-t-elle poursuivi. Si les Drômois ne font pas de l'agriculture un marqueur incontournable de leur territoire, s'ils ne conçoivent pas un schéma de développement intégré, que restera-t-il d'agricole en Drôme dans vingt ans ? »
Quant au changement climatique, « associé au développement mondialisé des bioagresseurs, cela fait perdre chaque année 30 % de la production agricole totale, a-t-elle expliqué. De ce fait, les famines repartent à la hausse et le plan "zéro faim 2030" ne sera pas tenu. »

Des « forces » qui fragilisent l'agriculture française

Sur le plan géopolitique, Anne-Claire Vial a fustigé le démantèlement de la politique agricole commune. « L'Union européenne signe des accords en notre défaveur et interdit - par des complexités administratives - l'accès à des innovations, a-t-elle regretté. Dans le même temps, même des pays que l'on disait émergents, tels le Brésil et la Chine, mettent en place des politiques publiques de soutien très performantes pour leurs agriculteurs ». Elle a également évoqué les « potentiels dégâts » que pourraient entraîner le Brexit sur l'agriculture française.
Enfin, s'agissant de certaines associations de défense des animaux, elle a pointé l'origine de leurs financements. A propos de L214, « ce qui est gênant, c'est quand on découvre au quatrième trimestre 2018 que cette association est financée pour plus d'un million d'euros par un fonds américain servant des intérêts particuliers. » Et d'ajouter : « Des citoyens demandent aujourd'hui le CV de leurs élus, la connaissance de leur patrimoine, étudient de possibles conflits d'intérêt. S'adressant à la députée Mireille Clapot et aux parlementaires en général : « Vous qui faites les lois, quand allez-vous exiger des responsables d'association ou de fondation la même transparence ? »

Donner du sens

En concluant ses vœux, la présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme a appelé à écrire un nouveau récit pour renforcer l'agriculture. Un récit pour « faire évoluer de façon constructive nos modes de vie avec une agriculture et des agriculteurs qui, en donnant du sens à leur métier, contribuent à donner du sens à notre société. L'alimentation est au cœur de la vie, ça doit être une priorité. Voilà le projet auquel je vous suggère de contribuer en 2019. »
La cérémonie s'est conclue autour d'un buffet de produits fermiers concocté par trois fermes drômoises*.

C. Ledoux

* Ferme des Caillats (Saint-Jean-en-Royans), Les d'hélices de la ferme (Le Grand-Serre), Le Clos Fougères (Châteauneuf-sur-Isère).