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Viticulture

Des vendanges comme on les aime

Une récolte dans d'excellentes conditions, des raisins de qualité et presque partout en quantité. Ainsi se caractérisent les vendanges 2016 dans la Drôme septentrionale, méridionale et le Diois.
Des vendanges comme on les aime

Sud-Drôme : que demander de mieux ?

Dans les vignes du sud de la Drôme, les maladies (liées aux conditions climatiques du printemps et dont la pression a été moyenne) ont globalement été bien maîtrisées, constate Isabelle Méjean, responsable de l'équipe viticulture à la chambre d'agriculture. Grâce aux températures élevées et au temps sec à partir de fin août, les vendanges se sont déroulées dans de bonnes conditions. Elles ont débuté la première semaine de septembre en zones précoces et se sont étirées jusqu'à la mi-octobre. A noter toutefois, des vignes ont été bloquées par le stress hydrique dans des parcelles très séchantes.
Ces vendanges 2016, le président du Cellier des Dauphins et de la Cave du Nyonsais, Serge Roux, les qualifie d' « exceptionnelles » en qualité. En quantité, elles sont « supérieures de 5 à 10 % à celles de 2015 ». Pour le groupe Cellier des Dauphins, la récolte est de l'ordre de 700 000 hectolitres. Du beau temps pendant les vendanges, des grappes « magnifiques », des raisins « faciles à travailler », de la couleur, un bon démarrage de la fermentation lactique sont des caractéristiques de l'année. Les vins devraient être colorés, fruités. « Je ne vois pas ce que l'on aurait pu demander de mieux », observe Serge Roux.
Avec cette récolte en hausse, il estime que les stocks dans la vallée du Rhône et pour les Côtes-du-Rhône, un peu faibles actuellement, devraient pouvoir être équilibrés. Les rouges IGP peuvent susciter un peu d'inquiétude mais la situation devrait s'améliorer, vu la baisse de volume qu'accuse le Languedoc. Toujours sur le plan commercial, Serge Roux constate une situation dans l'ensemble un peu plus difficile cette année 2016, avec une tendance à la baisse des volumes vendus en bouteilles. Mais la marque Cellier des Dauphins se porte bien : ses ventes évoluent encore à la hausse.

Diois : une récolte confortable

Dans le Diois, grande amplitude de récolte aussi : les vendanges ont commencé début septembre pour les muscats et se sont terminées la troisième semaine d'octobre sur les vignes les plus tardives. En 2015, année précoce, les premiers coups de sécateurs avaient été donnés début septembre et tout avait pratiquement été récolté le même mois. Cette année, en raison de conditions climatiques idéales, « les viticulteurs ne se sont pas pressés pour vendanger. Ils ont attendu que les raisins soient bien à maturité et, ainsi, ont récolté une très belle qualité », explique Fabien Lombard, président du syndicat de la clairette de Die et des vins du Diois.
Il n'y a pas eu de demande d'enrichissement, contrairement à d'autres vignobles. Et dans les cuves, « ce ne sera peut-être pas la concentration de 2015 mais les arômes sont très plaisants, d'une grande finesse et élégance, remarque le président du syndicat. En volume, la récolte est un peu inférieure. En qualité, c'est une belle année. Nous avons eu un peu de mildiou mais le vignoble a été bien tenu et nous sommes passés à côté des gros accidents. Au final, la récolte est assez confortable. » Le marché, lui, est actuellement stable pour la clairette de Die. Cependant, « il y a toujours des tensions et des concurrences fortes,ajoute-t-il. Nous sommes donc très attentifs. »
Pour la clairette « rosé », la publication des arrêtés est attendue ce mois-ci ou d'ici la déclaration de récolte (le 10 décembre). Si tout va bien, les premières clairettes « rosé » seront en vente à partir de juin-juillet 2017. « C'est plutôt une bonne nouvelle pour la clairette, conclut Fabien Lombard. Mais nous travaillons quand même le marché pour vendre notre belle production. »

Nord-Drôme : « béni des dieux »

Pour le nord de la Drôme, Pierre Combat, vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme en charge de la viticulture, rappelle que le débourrement des vignes a été très tardif et les conditions climatiques compliquées jusqu'à début juillet. Heureusement, « la météo a été fantastique en septembre et début octobre, c'est une chance, explique Pierre Combat. Et, surtout, les vignerons ont énormément travaillé pour la qualité après le très gros orage de grêle du 17 avril qui a enlevé une partie de la récolte en quantité mais pas en qualité » Le secteur proche de Tain-l'Hermitage est le plus touché. Les vendanges se sont étalées entre le 14 septembre et le 12 octobre. En 2015, davantage concentrées, elles avaient duré environ quinze jours.
Cette année, la récolte s'est révélée bonne en qualité sur l'ensemble de l'appellation, en quantité aussi pour les rouges. Par contre, en blancs, il manque du volume (grêle) sur quelques parcelles. « On ne s'attendait pas à rentrer une aussi belle récolte », confie Pierre Combat. Sur le plan sanitaire, le mildiou a été compliqué à gérer au printemps mais les vignes étaient propres à la récolte. « La météo ne nous a pas aidés, nous avons été obligés de traiter plus que d'autres années à cause de la pluie, précise-t-il. Nous n'avons pas eu le choix et nous nous en serions bien passés. Cela montre les limites de notre capacité de réduction des intrants. » Finalement, les vins devraient afficher de belles couleurs, être puissants mais un peu moins alcoolisés qu'en 2015. « Un bon millésime encore, note Pierre Combat. On est béni des dieux. »

Annie Laurie