Des vignobles sains malgré les intempéries

La campagne viticole est sur le point d'être terminée et le millésime 2019 s'annonce de qualité. Malgré les aléas climatiques, en particulier la grêle et la sécheresse de ces derniers mois, les vignes se sont bien défendues.
Drôme : les intempéries font baisser les volumes
En ce qui concerne le vignoble de Crozes-Hermitage, le fait marquant reste le violent orage de grêle du 15 juin, qui affecte les volumes. « Sur un potentiel de 80 000 hectolitres, la perte est estimée autour de 20 à 25 000 hl », précise Pierre Combat, président du syndicat des vignerons de l'AOP Crozes-Hermitage. Sur le plan qualitatif, « on s'attend à un joli millésime, précise-t-il. La pluie du week-end dernier a été salvatrice ». Les vendanges sont prévues autour du 15-20 septembre.
Sur ce secteur des Côtes-du-Rhône septentrionales, « l'IGP Collines rhodaniennes a énormément souffert des orages de grêle », ajoute Pierre Combat. Le vignoble de l'Hermitage a, lui, échappé aux intempéries.
Sur tout le sud du département, le vignoble souffre du manque de pluie.
« Les baies sont petites, indique Isabelle Méjean, responsable de l'équipe viticulture à la chambre d'agriculture. Il n'a pas vraiment plu depuis la mi-juin sur la plupart des secteurs. Et les orages du 29 juillet ont été sporadiques. Sur La Laupie, il a même grêlé. Compte-tenu du poids actuel des baies, les volumes devraient baisser d'environ 30 %. » Sur le plan sanitaire, « il n'y a eu aucun problème majeur », ajoute-t-elle. Quant à la maturité, l'évolution des degrés est correct en sol profond ou sur des vignobles arrosés. A contrario, en sol peu profond, le stress hydrique bloque la maturité, surtout sur les jeunes vignes. Les vendanges devraient débuter début septembre pour les blancs et les rosés et mi-septembre pour les rouges.
Dans le Diois, les rendements devraient être légèrement revus à la baisse pour le Diois par rapport à l'année dernière (55hl/ha au lieu de 60). Sur le plan cryptogamique, la campagne a été assez facile : pas de mildiou et une pression sanitaire très faible pour l'oïdium. Trois épisodes de gel en mars et en avril ont néanmoins impacté le vignoble. La sécheresse a aussi eu de légères répercussions sur la taille des baies ; celle-ci est observée de près, en particulier lorsqu'il s'agit de vins blancs. « Le taux de pressurage est très important pour ces vins où l'on extrait uniquement le jus du raisin. C'est moins le cas pour les cépages rouges où un rapport marc sur jus important peut être un plus car le jus macère avec ses parties solides, permettant d'en extraire les tanins », souligne Nicolas Fermond, technicien viticole à la cave de Die Jaillance. « À ce jour, on attend juste un peu de pluie pour mettre un maximum de chances de notre côté ».
Autres Côtes-du-Rhône et coteaux du lyonnais : des semaines décisives
Dans le Beaujolais, les dernières données récoltées sur le terrain annoncent une récolte plutôt faible en quantité, voire très faible dans certaines zones suite aux derniers épisodes de grêle. Le millésime 2019 est marqué par une très grande hétérogénéité d'avancement de la maturité entre le sud et le nord, les plaines, les côteaux, avec des zones touchées à différentes reprises par des épisodes de gel, de grêle, et quelques brûlures liées aux fortes chaleurs de l'épisode caniculaire de juillet. Le manque d'eau a aussi impacté les vignes en appellation côte-rôtie, condrieu et coteaux du lyonnais. « Elles souffraient beaucoup, les baies ne grandissaient plus. En côte-rôtie, l'impact de la grêle n'a pas eu de conséquences. Nous avons eu un peu de coulure, du millerandage, et du mildiou mosaïque sur quelques parcelles. Malgré des épisodes de grêle sur les côteaux, du vent en côte-rôtie et condrieu, fin avril qui est venu abîmer le feuillage, un mois après le débourrage en bloquant la croissance, la vigne a résisté », indique Catherine Tournemelle, conseillère viticole à la chambre d'agriculture du Rhône. Les rendements seront inférieurs à la normale des trois appellations
(41 hl/ha pour le condrieu, 40 hl/ha pour le côte-rôtie et 60 hl/ha pour les coteaux du lyonnais) mais la qualité devrait être au rendez-vous si le temps reste sec et beau sans pluie pour les trois prochaines semaines.
Savoie : état sanitaire « parfait »
Dans le vignoble savoyard « l'état sanitaire est parfait. Les pluies sont arrivées au bon moment. Mildiou et oïdium ont été bien contenus. Nous avons eu quelques symptômes d'esca et avons un peu subi la pression de la flavescence dorée au sud de Chambéry », explique affirme Michel Quenard, président du syndicat régional des vins de Savoie. Deux communes ont été touchées : Chignin et Saint-Jeoire-Prieuré. « À ce jour, toutes les conditions sont au rendez-vous pour faire une belle récolte », souligne-t-il. Ici, la grêle de fin juin et début juillet n'a pas causé de dégâts. « La vigne est actuellement très verte. La véraison se met en place. Les vendanges sont prévues pour mi-septembre », reprend-il. Pourtant, cela a été une année stressante pour les vignerons savoyards : gel au printemps, gros orage mi-juin, deux périodes caniculaires cet été intercalées de plusieurs pluies violentes... « 100 hectares ont été touchés par la grêle du 15 juin au sud de Chambéry (appellation d'apremont). Au total, dix vignerons ont été touchés à 80 %. Malgré tout, on s'en est bien sorti. Les rendements ne seront pas aussi bien que l'année dernière mais nous serons tout de même autour des 115-120 hl/ha ». Gamay, pinot noir, chardonnay et aligoté, seront les premiers vendangés. Suivront les cépages savoyards : l'altesse (appellation roussette de Savoie), la roussane, cépage qui se récolte très mûr (appellation chignin bergeron) localisé sur 100 ha et destiné à la vente de vins locaux gastronomiques.
Une bonne année pour le Forez
Du côté du vignoble forézien, l'orage du 18 août a impacté une petite trentaine d'hectares répartis sur les terres de six viticulteurs dans les communes de Trelins, Marcoux, Boën et Sainte-Agathe-la-Bouteresse. « Nous estimons entre 20 et 50 % de récolte en moins sur ces zones », explique Loïc Chèze, président de la cave coopérative des vignerons du Forez. Les épisodes de gel en sortie de printemps ont touché partiellement une vingtaine d'hectares sur les 150 du vignoble sans menacer pour autant la future récolte. « Les gros épisodes de grêle de cet été n'ont pas eu d'impact sur le territoire. Quelques vignes ont grillé sur des parcelles avec feuillage faible mais rien d'inquiétant. Il y aura des secteurs qui s'en sortiront mieux que d'autres mais ce qui est sûre, c'est que d'un point de vue sanitaire, le vignoble est très sain », ajoute-t-il. La cave coopérative forézienne compte obtenir un rendement de 45-50 hl/ha, un peu moins que l'année dernière où la récolte avoisinait les 55-60 hl/ha. « Les vendanges démarreront autour du 20 septembre. On commencera par le gamay rosé puis en continuera avec le chardonnay et le gamay rouge ».
Alison Pelotier