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Démonstration

Désherbage sur terrain caillouteux et pentu

Comment maîtriser les adventices sur un terrain en pente et comment conduire les cultures de maïs et de soja en bio ? Tels étaient les enjeux de la démonstration qui s’est déroulée sur l’exploitation d’Emmanuel Liozon, à Mirmande.
Désherbage sur terrain caillouteux et pentu

 

La chambre d'agriculture de la Drôme a proposé aux agriculteurs du département, mais aussi à ceux d'Ardèche et d'Isère, une démonstration de matériel de désherbage des cultures de printemps en bio. Elle a eu lieu le 13 juin sur l'exploitation d'Emmanuel Liozon, à Mirmande, éleveur de poulets de chair bio. Elle présentait la particularité de se dérouler sur un terrain difficile : caillouteux et en pente. Et elle s'adressait en priorité aux éleveurs en conversion bio, utilisant du maïs dans leur assolement ou souhaitant le faire. La conduite des cultures de maïs mais aussi de soja en bio complétait cette démonstration animée (dans le cadre du Plan bio) par Chrystel Nayet, conseillère en élevage bio, et Jean-Pierre Manteaux, conseiller bovins lait. L'enjeu était en effet de cibler les élevages de bovins lait et montrer que l'on peut maintenir le maïs dans les assolements, dans l'objectif de favoriser l'autonomie alimentaire.

« Trois quarts d'heure par hectare »

« Le maïs se conduit bien en bio, avec un minimum de savoir-faire. L'important est de tenir propre au départ » a assuré Emmanuel Liozon, qui travaille plusieurs terrains caillouteux et en pente. Pour ce faire, il utilise une herse étrille empruntée à ses voisins, une houe rotative acquise en co-propriété avec quatre autres exploitants ainsi qu'une bineuse achetée l'an dernier. Celle-ci lui sert pour suivre pas moins de 28 hectares (ha). « On peut faire jusqu'à 100 ha, à condition d'avoir des chantiers avec des décalages dans le temps. Je mets en moyenne trois quarts d'heure par hectare, avec cinq rangs à 60 cm », explique-t-il.
Pour le désherbage de ses maïs non levés, l'exploitant a utilisé la herse étrille (en aveugle) après une pluie. « Elle passe de partout et va peu profond, constate-t-il. Les roues plombeuses tassent le sol. Les cultures sont protégées ».

Houe rotative, bineuse

Avec ses doigts en forme de cuillères, la houe rotative quant à elle convient bien pour écroûter, quand le maïs est jeune. Elle est idéale pour les sols limoneux, avec un travail relativement profond qui arrache les adventices. En terrains caillouteux, il faut néanmoins surveiller la roue, qui peut être bloquée par un caillou.
Quant à la bineuse, elle est efficace sur un terrain non travaillé. Emmanuel Liozon l'a utilisée dans ses cultures de soja, notamment. Elle possède des caractéristiques spécifiques d'adaptation aux terrains en pente avec dévers : deux roues de guidage, un réglage par le troisième point, une manette pour régler le travail de chaque bloc de dents, des ressorts réglables et des disques de protection de la culture ajustables.
Lors de cette démonstration, a été également abordée la conduite du maïs en bio. Emmanuel Liozon a enrichi ses terrains sur labour, à partir de février, avec son fumier de volailles qu'il a enterré au déchaumeur. Il a pratiqué ensuite, fin mars-début avril, trois faux semis afin de faire germer les mauvaises herbes puis les détruire au vibroculteur. Les semis (sur des terres réchauffées) ont débuté le 10 mai (herse rotative et semoir en combiné). C'est un mois plus tard qu'en culture conventionnelle. Pour le soja, l'écart n'a été que de quinze jours. 
Elisabeth Voreppe

 

Rotations des cultures : sur cinq ans (et bientôt six)

Emmanuel Liozon est installé depuis 1996. Sa femme, Nathalie, l’a rejoint en 1999, date de la création d’une EARL. L’exploitation est passée progressivement de 26 à 60 hectares (ha) : 15 ha soja, 13,5 de maïs (semence et grain), 22 de blé, 8 de luzerne, 1 de moutarde et 0,5 de seigle. S'ajoute 1 ha de parcours pour des poulets de chair bio. Les terrains sont répartis sur Loriol, Mirmande et Saulce, où se situe le siège de l'exploitation, en bio depuis 1998.
En matière de rotation des cultures, l’exploitant travaille sur cinq ans : deux ans de blé, un an de maïs, deux ans de soja. Il souhaite expérimenter deux ans de maïs (donc une rotation sur six ans).
Pour ce qui concerne la conduite du maïs, la densité est de 100 000 pieds par hectare, avec un écartement de 60 cm et une profondeur de 2 cm. La fertilisation se fait avec de l’engrais vert (blé, féverole, pois protéagineux, vesce), entre le blé et le maïs, et avec du fumier de volailles (12 à 13 tonnes/ha).
Le soja (variété Isidor) est semé avec une densité de 406 000 pieds/ha, sur un sol fertilisé à l’engrais vert (blé, seigle).
Pour les deux cultures, le désherbage se fait à la herse étrille avant la levée, puis à la houe rotative étrille (deux ou trois passages) et enfin à la bineuse.
La récolte de maïs représente 80 à 120 quintaux/ha, celle du soja 30.