« Desserrer une grande partie des contraintes »

Jean-Pierre Royannez, comment se gèrent les problématiques agricoles en cette période de crise sanitaire ?J
Jean-Pierre Royannez : « Nous sommes en contact permanent avec le préfet Hugues Moutouh et ses services. Chaque semaine, lors d'une réunion téléphonique à laquelle participent le préfet, son directeur de cabinet, le secrétaire général de la préfecture, les sous-préfets ainsi que les directeurs de la DDPP(1), de la DDT(2) et de la Direccte(3), nous faisons un point sur l'ensemble des dossiers agricoles (filières, acteurs économiques...). Le but est de faire remonter les problèmes pour trouver des solutions locales lorsque c'est possible. »
Donnez-nous un exemple de dossier pour lequel une solution a pu être trouvée ?
J-P. R. : « Après l'annonce par le Premier ministre de la fermeture des marchés de plein vent, nous avons de suite eu une réunion de crise afin d'analyser la situation. Notre volonté, partagée par le préfet, était de pouvoir obtenir un maximum de dérogations tout en s'assurant, bien entendu, que les conditions de sécurité au regard de l'épidémie de Covid-19 étaient pleinement respectées. La chambre d'agriculture a adressé trois courriers aux maires afin de les accompagner. Cela a permis la réouverture d'une soixantaine de marchés sur toute la Drôme, en toute sécurité. Sur les grandes villes, cela est un peu plus compliqué. Cependant, la situation évolue : Valence prévoit un marché par semaine au quartier Saint-Jean et Montélimar devrait faire de même. »
La filière horticole est très pénalisée. Avez-vous pu agir en sa faveur ?
J-P. R. : « Nous avons bien entendu examiné le cas de cette filière, effectivement très pénalisée car non considérée comme vendant des produits de première nécessité. Pour obtenir des dérogations, nous avons travaillé en plusieurs étapes. D'abord pour permettre aux clients professionnels des pépiniéristes de continuer à s'approvisionner en plants. Ensuite pour pousser l'autorisation de vente de plants de légumes et de fleurs destinés aux particuliers sur les marchés, chez les horticulteurs ou encore dans les jardineries restées ouvertes uniquement pour l'alimentation des animaux. Cela a été rendu possible avec la sortie d'un texte national la semaine dernière. »
Le confinement étant appelé à durer, la carence en main-d'œuvre inquiète beaucoup d'exploitants.
J-P. R. : « Notre objectif est de desserrer une grande partie des contraintes, tout en préservant la sécurité sanitaire. L'accès à la main-d'œuvre est un sujet traité à l'échelle nationale en lien avec des structures locales comme les FDSEA, les Adefa(4)... En ce qui nous concerne, nous avons agi avec les services de la préfecture pour faciliter les déplacements des agriculteurs, avec une attestation unique. Nous avons aussi été sollicités pour assouplir le transport des équipes d'attrapage qui interviennent dans les élevages avicoles. Les problématiques sont multiples et nous les faisons toutes remonter, soit pour trouver des solutions avec les services de l'État, soit pour qu'au niveau national cela soit entendu et pris en compte en cas d'indemnisation. »
Comment s'organise le fonctionnement de la chambre d'agriculture depuis le confinement ?
J-P. R. : « Depuis le 17 mars, l'accès aux locaux n'est plus possible. Tous les salariés sont en télétravail et pleinement efficaces. Les bulletins d'infos sont maintenus, les relevés aussi ainsi que les contacts avec les agriculteurs. De plus, l'accompagnement pour les déclarations Pac a débuté la semaine dernière avec, pour la chambre d'agriculture, l'objectif de réaliser 60 % des dossiers à la fin avril. Des outils innovants permettent de prendre la main à distance et de travailler dans de bonnes conditions. Nous restons proches des agriculteurs. »
Propos recueillis par Ch. Ledoux
(1) DDPP : direction départementale de la protection des populations.
(2) DDT : direction départementale des territoires.
(3) Direccte : direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi.
(4) Adefa : association départementale emploi formation en agriculture.