Deux bâtiments avicoles flambant neuf chauffés à la biomasse

Inauguration en grandes pompes ce 6 avril à Margès, sur l'exploitation de Gilles et Baptiste Dumoulin (Gaec de La réserve). On fêtait en effet la construction de deux nouveaux bâtiments avicoles (soit quatre au total). Ce qui porte désormais à environ 120 000 animaux la capacité totale du site. Une chaufferie a également vu le jour. Montant de l'investissement : 1,6 million d'euros. Des équipements financés grâce à un apport personnel, mais aussi une aide de 150 000 euros au titre du PCAE1, ainsi qu'un emprunt souscrit auprès du Crédit Agricole (Centre-Est 65 %, Sud Rhône-Alpes 35 %).
Mais si de nombreuses personnes s'étaient déplacées, c'était aussi pour souligner l'ambition de ce projet. Un programme qui marque tout d'abord l'installation de Baptiste Dumoulin. Mais, surtout, les nouveaux bâtiments - d'une superficie de 1 500 m2 - font la part belle au bien-être animal ou encore à la transition énergétique. Le sol est en effet bétonné et on peut noter un apport de lumière naturelle, à hauteur de 3 % de la superficie totale.
Du miscanthus comme combustible
Le jeune exploitant, accompagné dans sa réflexion par son frère Benjamin, a également opté pour l'installation de deux chaudières biomasse, d'une puissance de 500 kW chacune. Il faut dire que, selon une estimation, les dépenses annuelles liées au gaz pouvaient s'élever jusqu'à 60 000 euros par an. Et ce, avec les anciens prix. Dans pareil contexte, et soucieux de l'empreinte carbone, les éleveurs ont préféré produire leur propre énergie. Du miscanthus sera ainsi cultivé sur une parcelle de 8 hectares (rendement entre 10 et 13 tonnes par ha). La plante, sensible à la sécheresse, pourra compter sur le plan d'épandage des effluents de la société Refresco, située à proximité. Un partenariat conclu depuis déjà plusieurs années. Le miscanthus se révèle être par ailleurs plus performant que le bois lors de la combustion (PCI2 à 4,2 kW/h par kg de matière brute). « Le retour sur investissement, concernant les chaudières et le réseau de chaleur, se situe entre sept et neuf ans », a précisé Baptiste Dumoulin. Il faudra cependant attendre deux ans de production avant de pouvoir utiliser les tiges de miscanthus. Dans l'intervalle, du bois déchiqueté fera donc office de combustible.
L'eau chaude est ensuite amenée jusqu'à des aérothermes situés à l'intérieur des bâtiments. La circulation de l'air est l'un des autres aspects auquels a été particulièrement attentif Baptiste Dumoulin, plaçant l'ambiance et la qualité de vie des poussins comme autres priorités. Le bâtiment laisse également apparaître de nombreux automatismes. Ce qui permet à l'agriculteur de « se soustraire à tous ces réglages très chronophages et donc consacrer plus de temps à ses volailles et réagir en fonction des symptômes », note Gilles Dumoulin.
Communiquer auprès du grand public
À vrai dire, le projet est clairement réfléchi et le travail minutieux. Le miscanthus servira également de litière ; le fumier sera repris par un jeune agriculteur en conversion bio. Une vision que Baptiste Dumoulin est prêt à faire partager au grand public. Une travée a d'ailleurs été ajoutée dans l'un des bâtiments afin de créer une « salle de communication ». Les visiteurs sont invités à s'y presser. « Le poulet standard est parfois décrié par des associations. Nous ouvrons notre élevage pour que les gens viennent se rendre compte de ce qu'il se passe de l'autre côté de la vitre », souligne-t-il.
Des choix auxquels ont adhéré les personnalités présentes. En témoignent leurs allocutions. Jean-Pierre Chareyron (direction production amont chez Duc) a souligné la performance des bâtiments d'élevage. Le maire de la commune, Jean-Louis Morin, s'est quant à lui félicité de la communication mise en place autour de ce projet et des échanges réguliers. « Cela nous a permis d'expliquer le projet à la population et d'éviter de colporter des rumeurs et de fausses informations », a-t-il dit. Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme, n'a pu cacher sa satisfaction au regard de l'importance de ce projet. Elle a aussi tenu à adresser quelques remerciements. À la commune tout d'abord, pour son soutien. « On veut manger local mais on veut le faire chez les autres. Quand un conseil municipal n'accompagne pas la demande, c'est extrêmement difficile », a-t-elle souligné. À l'entreprise Duc, « une très belle entreprise qui crée énormément de valeur ajoutée dans notre département », indiquant également que les agriculteurs ne seraient rien sans l'aval et la filière agroalimentaire. Avant de lancer pour conclure : « Il ne reste plus qu'à bosser ! ». Le premier lot a pris possession des lieux ce jeudi.
A. T.
1 PCAE : plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles.
2 PCI : pouvoir calorifique inférieur.
REPÈRES /
L’exploitation en bref
1993 : installation de Gilles Dumoulin.
1999 : création du premier bâtiment avicole. L’exploitation était jusqu’alors tournée vers l’arboriculture.
2012 : un deuxième bâtiment avicole est construit.
2017 : installation de Baptiste Dumoulin, fils de Gilles.
2018 : création de deux nouveaux bâtiments avicoles.