Disparition de Didier Guillaume, un défenseur de l'agriculture
Ancien président du conseil départemental de la Drôme, sénateur et ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume s'est éteint le 17 janvier. Proche du monde agricole, de nombreux hommages saluent sa mémoire

C’est une figure du monde agricole qui vient de disparaître subitement à l'âge de 65 ans. Hospitalisé le 10 janvier dernier, Didier Guillaume est décédé le 17 janvier au centre hospitalier de Nice « d’une maladie fulgurante ».
Les agriculteurs drômois connaissent bien Didier Guillaume. En effet, lorsqu'il était président du conseil général de la Drôme (2004-2015), il prenait régulièrement la parole aux assemblées générales d'organisations agricoles, aux sessions de la chambre d'agriculture... Sa franchise et sa verve savaient toujours captiver l'auditoire. À l'actif de ses réalisations en Drôme, on peut notamment citer la création d'Agrilocal, plateforme numérique de mise en relation entre agriculteurs et gestionnaires de restaurants scolaires. Mais aussi le soutien apporté au lancement et à la continuité du salon Tech&Bio, à diverses filières ainsi qu'au développement de l'agrotourisme. Sans oublier la mise en œuvre d'un stand « Drôme » au Salon international de l'agriculture, à Paris, sur lequel il n'avait de cesse de promouvoir le département et son agriculture en véritable ambassadeur.
Fils d'éleveur
Fils d’éleveur de brebis né en mai 1959 à Bourg-de-Péage, Didier Guillaume s’est engagé très tôt en politique, devenant responsable des Jeunes socialistes de ce département. Il est désigné, à 22 ans, co-président du comité de soutien drômois à François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1981. Sa gouaille, son entregent et la foi dans ses convictions lui font grimper les marches au sein du Parti socialiste jusqu’au poste de Premier secrétaire fédéral. Conseiller régional de Rhône-Alpes de 1992 à 1998, il rejoint le cabinet de Jean Glavany au ministère de l’Agriculture, sous le gouvernement de cohabitation de Lionel Jospin, en occupant le poste de conseiller politique. Devenu président du conseil général de la Drôme entre 2004 et 2015, il est parallèlement élu sénateur de ce département en 2008. Il siégera dix ans au Palais du Luxembourg avant d’être appelé en 2018 par Édouard Philippe pour remplacer Stéphane Travert à la tête du ministère de l’Agriculture jusqu'en 2020.
Humaniste et rassembleur
Pendant les presque 21 mois qu’il passe comme ministre de l'Agriculture, il poursuit le chantier des États généraux de l’alimentation lancé par son prédécesseur et finalise l’application de la loi Égalim 1 votée deux semaines avant sa prise de fonction. Lors de la passation de pouvoirs avec Stéphane Travert, Didier Guillaume avait de suite donné le ton de son mandat : « Mon histoire personnelle et familiale est intrinsèquement liée à la ruralité et à l’agriculture ». Pendant les mois Covid, il avait incité les Français à rejoindre « la grande armée de l’agriculture » pour assurer la souveraineté alimentaire du pays alors même que les frontières du commerce international commençaient à ralentir. Il s’était inquiété de la montée de l’agribashing, entendait maintenir le cap sur la transition écologique et s’était impliqué dans le projet d’identifier l’origine des matières premières dans les produits transformés, entre autres. C’est aussi lui qui a confié à Olivier Damaisin, alors député du Lot-et-Garonne, une mission interministérielle sur « la prévention et l’accompagnement des difficultés rencontrées par les agriculteurs ».
Après avoir passé le flambeau à Julien Denormandie au ministère de l'Agriculture, il s’était retiré de la vie politique. Il avait alors rejoint la Ligue nationale du rugby en qualité de conseiller « affaires publiques » du président René Bouscatel. En septembre 2024, il avait été nommé ministre d’État (équivalent de Premier ministre) de la principauté de Monaco. « Chacun gardera en mémoire le souvenir de son exceptionnelle capacité de travail, de sa passion pour la politique en faveur des femmes et des hommes, ainsi que de son esprit de rassemblement et de mobilisation », a écrit la Principauté.
C.S. et C.L.
Pluie d’hommages
La disparition soudaine de Didier Guillaume a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, notamment. « Je pense à sa famille. Je perds un ami », a commenté le chef de l’État, Emmanuel Macron sur X quand le Premier ministre, François Bayrou, a souligné les qualités de cet « homme solide et généreux. Un humaniste au plein sens du terme ». La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a salué sur son compte X, « le combat valeureux qu’il a mené pour notre souveraineté alimentaire et l’engagement dont il a continuellement fait preuve en faveur du monde paysan ».
« Il était de la terre, il aimait les agriculteurs, la ruralité, la convivialité », a réagi l’ancienne présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. Son successeur, Arnaud Rousseau, a exprimé le « souvenir d'une action ayant permis de renforcer les liens entre les Français et leur agriculture ». « Un homme chaleureux qui appréciait le contact avec les jeunes agriculteurs », a commenté JA sur son compte X.
Dans la Drôme, la chambre d’agriculture salue la mémoire d'« un homme engagé au service de la cause de la Drôme et de son agriculture, et tout particulièrement l’agriculture biologique ». Elle met en avant l'action de Didier Guillaume pour faire rayonner la Drôme au salon de l'agriculture à Paris. Elle rappelle aussi son soutien déterminant au lancement du salon Tech&Bio. « Dans les moments difficiles (accidents climatiques, pression de la prédation sur l’élevage ovin…) comme dans les moments plus réjouissants (Fêtes de l’agriculture, inauguration…), Didier Guillaume était inlassablement à l’écoute des agriculteurs dont il partageait les préoccupations. […] Il a su donner à l’agriculture les moyens pour consolider sa place prépondérante dans l’économie de la Drôme », rappelle Jean-Pierre Royannez, président sortant de la chambre d’agriculture de la Drôme.
De son côté, la FDSEA de la Drôme rend hommage à un « défenseur et promoteur inlassable de l'agriculture drômoise ». De l'action de Didier Guillaume, elle souligne notamment « son choix clair entre le loup et le berger, défendant sans relâche l’élevage face à la prédation, son engagement pour sauver et pérenniser le dispositif TO-DE, essentiel pour l’emploi agricole, son soutien aux services de remplacement pour les éleveurs, garantissant un appui indispensable aux exploitants, ainsi que son initiative pour la mise en place et la généralisation des projets de territoires pour la gestion de l'eau (PTGE), favorisant une gestion durable et concertée de la ressource hydrique ».
« Je garde le souvenir de débats engagés et d’échanges directs, souvent conclus sur une note d’humour qui ne manquait jamais de ramener les sourires dans l’hémicycle », a réagi la présidente du conseil départemental de la Drôme, Marie-Pierre Mouton. Évoquant « un élu de terrain à l’écoute des habitants et des territoires », elle souligne que c’est sous la présidence de Didier Guillaume que le Département a pris l’habitude de se rendre chaque année au Salon de l’agriculture à Paris « où il devenait le premier ambassadeur de la Drôme, de nos agriculteurs et productions d’excellence ». D'autres nombreux élus locaux ont également fait part de leur émotion.
La rédaction de L'Agriculture Drômoise se joint à ces hommages pour présenter ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Didier Guillaume.
C.L.