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Interview

“ Donner une orientation claire au marché ”

Jean-Claude Rabany, le président du Criel Sud-Est, est satisfait de l’accord trouvé par les trois collèges de l’interprofession laitière.
“ Donner une orientation claire au marché ”

Le Criel Sud-Est a décidé de faire évoluer sa grille de recommandation interprofessionnelle concernant le paiement à la qualité du lait. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ?
Jean-Claude Rabany : « Il y a quelques mois, nous avons assisté à une flambée de la matière grasse et du beurre en particulier. Parallèlement, nous assistons depuis quelque temps à une forte hausse de la consommation de beurre à l'échelle mondiale. L'image du beurre a changé, passant d'aliment proscrit à un aliment bon pour la santé. Alors que, pendant longtemps, les éleveurs de lait devaient éviter de produire de la matière grasse, cette dernière devient aujourd'hui rare et chère. Tous ces éléments ont poussé l'interprofession à donner une orientation au marché en déplafonnant le paiement de la matière grasse pour que chaque gramme produit au-delà de 44 g/l soit payé. C'était une demande forte du collège des producteurs. Il était important d'émettre un signal fort dès le 1er janvier 2018. Cet accord va servir de socle lors des discussions entre les organisations de producteurs et les entreprises collectrices qui fixeront les éléments au sein des contrats. »

Les trois collèges du Criel Sud-Est ont décidé d'avancer par étapes sur les autres éléments de la grille de qualité que sont la matière protéique et le point de congélation. Quelles seront ces étapes ?
J-C R. : « Depuis un certain temps, le collège entreprise souhaite aller plus loin sur la réduction de la matière protéique car les stocks de poudre de lait sont pléthoriques à l'échelle européenne et les entreprises ne savent plus comment la valoriser. Nous avons donc décidé de travailler en deux temps avec d'abord le déplafonnement du paiement de la matière grasse dès 2018 et un durcissement de condition d'application des pénalités concernant le point de congélation du lait. Puis, dans un deuxième temps, pour une application en 2019, nous allons ouvrir une discussion entre les trois collèges qui tienne compte des cours de la poudre et du beurre pour faire évoluer la grille de recommandation sur le paiement de la matière protéique. En plus, nous allons travailler à rendre les seuils de la cryoscopie plus contraignants. »

Le rapprochement entre les Criel Sud-Est et le Criel Auvergne-Limousin est également un des projets de 2018. Avez-vous un calendrier ?
J-C R. : « Il y a effectivement une réflexion entre les Criel Sud-Est et le Criel Auvergne-Limousin pour se rapprocher. Notre travail sur les valeurs des grilles de recommandation vise aussi à faciliter ce rapprochement. Il nous faut le temps de la discussion pour avancer pour le bien de toutes les composantes de la filière. » 
Propos recueillis par Camille Peyrache

 

RÉACTION /  Stéphane Joandel est le président du collège des producteurs de lait au sein du Criel Sud-Est.“

Les efforts en matière de qualité du lait doivent être récompensés ”Comment jugez-vous l’évolution de la grille de recommandation interprofessionnelle du Criel Sud-Est ?Stéphane Joandel : « Le paiement des grammes de matière grasse au-delà de 44 grammes était demandé depuis quatre ans par le collège des producteurs, il était inéluctable quand on voit la flambée des cours qu’a connu le beurre à l’automne. C’est une bonne avancée pour les éleveurs car cet accord donne une perspective interprofessionnelle pour les acteurs, entreprises et organisations de producteurs (OP), et une recommandation pour la négociation des contrats. Cependant, cet accord ne prévoit pas d’augmenter l’enveloppe des gratifications et il est fait à moyen constant. Ainsi, ce sont les pénalités liées à la cryoscopie qui sont censées permettre de rémunérer la matière grasse. »Qu’attendez-vous du travail à mener en 2018 ?S. J. : « Le collège producteur est d’accord pour ouvrir le chantier de la valorisation par la refonte de la grille du Criel. Il nous faut réfléchir à toute la grille en fonction du mix produit du bassin de production Sud-Est. Les entreprises nous expliquent souvent qu’il faut tenir compte de ce mix produit, aussi, nous demandons qu’elles nous le donnent clairement. Cette refonte ne doit pas se faire à enveloppe constante, car si l’on demande de nouveaux efforts aux producteurs pour réduire la matière protéique par exemple, cela doit apporter une revalorisation aux éleveurs. »